Histoire de Dampmart

Histoire du village 



Une chapelle dédiée à saint Médard, évêque de Noyon, existait en cet endroit avant la création de la paroisse au XIIIe siècle ; c'était un petit prieuré bâti par les religieux d'Hermières, près Tournan qui avaient là quelques biens dans l'étendue du territoire de Thorigny. Des habitations s'élevèrent à l'entour, prirent le nom du patron, Domnus Medardus, et quand on en fit une paroisse distincte de Thorigny, la nouvelle église fut à la collation de l'abbé d'Hermières. Ce titre de collateur passa dans la suite aux évêques de Paris, dont l'église possédait déjà une seigneurie et des dîmes à Dampmart.

A l'origine, c'était un domaine du roi, mais lors de l'érection de la cure, et à la suite de diverses concessions, la seigneurie se trouva divisée en trois parts, sans compter les petits fiefs particuliers, comme celui d'Hermières ; il en fut ainsi jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Il y avait la seigneurie de N.-D. de Paris et celle de l'abbaye des bénédictins de Lagny ; la troisième part était réservée par le roi, qui la concédait à des engagistes. Chacun avait sa justice.

Cette division, au point de vue féodal, d'une même paroisse, l'exercice des droits de ces seigneurs et leurs prétentions respectives ne laissaient pas d'amener de fréquentes difficultés. A maintes reprises, l'abbaye de Lagny s'efforça d'étendre sa justice jusque sur une maison du village que les prémontrés d'Hermières tenaient en fief, mais ceux-ci obtinrent des arrêts notamment en 1326, pour établir leur droit de basse justice sur les terres qu'ils possédaient et attribuer au roi la haute justice sur leur maison.

La seigneurie de l'abbé de Lagny à Dampmart provenait, non seulement des libéralités des comtes de Champagne au XIIe siècle, mais encore de l'abandon consenti au profit de l'abbaye par un chevalier que le roi avait gratifié d'un fief. Saint Louis confirma ce constat de dernier abandon en 1260 et plusieurs arrêts du parlement ont également maintenu le privilège de justice de l'abbé, en 1286 et 1325.

On sait que dès 1130, cette part de seigneurie comprenait des cens, des pressoirs et trois moulins à Dampmart ; à la même époque, l'abbé Raoul II fit construire quatre autres moulins à Chessy, et au siècle suivant, ses successeurs entretenaient à Dampmart, comme dans d'autres terres voisines, un mayeur ou maire-juge. La mairie devait être transformée ensuite en bailliage.

La seigneurie de l'église de Paris consistait en terres, dîmes et censives d'un revenu de 200 livres au XVe siècle, et dans la justice qui s'étendait vers Thorigny, ainsi que sur le fief de Roussy. De ce revenu, il fallait déduire le gros payé au curé, en grains et en vins.

Au milieu du siècle suivant, Martin Ruzé, chantre et chanoine de Notre-Dame, était détenteur pendant sa vie de la seigneurie du Chapitre ; il en fit renouveler le terrier, où nous voyons figurer un lieu seigneurial, quelques biens à l'entour et des droits de tailles, corvée, bordelage, échantillonnage, mesurage et étalonnage, la dîme des moutons, cochons et oisons, les champarts, les terrages de blé, vin, gélines et chapons. A la Révolution, les possessions de l'église de Paris constituaient une ferme de 145 arpents.

Quant à la troisième part de la terre de Dampmart, appartenant au roi et concédée à des engagistes, c'est elle qui a fourni une série de seigneur résidant dans la localité, où ils avaient leur château. Du XIIe au XVe siècle, on trouve la trace d'une famille autochtone en possession de ce petit domaine. En 1178, Robert Decan de Dammart donne une maison aux bénédictins de Lagny, et trente ans après vient Guy de Dampmart, dont le fils Odard, armiger, reconnaît avoir vendu à Thibaut, roi de Navarre, les bois de Neuilly. En 1337, Jeanne de Dammart épouse Thibaut, son parent, orfèvre et bourgeois de Paris ; sa nièce Marguerite de Craon, mariée à Bernard de Dormans, chambellan du duc d'Anjou, portait le titre de dame de Dampmart après 1381 ; elle laissa pour héritier Jean de Dampmart valet de chambre du duc de Berry, échevin de Paris.

En 1410, un Geoffroi de Dampmart, le dernier de la race, était auditeur à la chambre des comptes.

Au moment de l'occupation anglaise, c'est Alexandre Le Boursier qui jouissait du château ; resté fidèle à Charles VII, il vit confisquer sa terre par le roi d'Angleterre qui en gratifia, en 1423, Michel Le Maçon, un de ceux qui avaient contribué à l'entrée des gens du duc de  Bourgogne dans Paris. Quand les anglais eurent quittés le pays Le Maçon fit place à de nouveaux seigneurs engagistes.

Vint d'abord Guillaume Colombel, conseiller en l'élection de Paris, mort en 1475. Seize ans plus tard, le roi Charles VIII chargea le prévôt de la capitale de rechercher ceux qui avaient usurpé sur ses droits à Dampmart et de dresser un nouveau terrier ; Sauval, auteur des antiquités de Paris, énumère les privilèges du roi dans ce village en 1518.

Au XVIIe siècle, les engagistes furent Timoléon Billard, puis des membres de la famille Potier de Gesvres.

Bernard Potier, seigneur de Blérancourt et de Thorigny, baron de Montjay, passa marchés en 1640 et 1645 avec un couvreur de Torcy et un maçon de Dampmart pour l'entretien des couvertures de ses châteaux, de ses fermes et de ses pressoirs, moyennant 100 livres par an.

De son temps, la contrée eut à souffrir des troubles de la Fronde. Charles IV de Lorraine vint camper à Lagny en 1652 avec une armée n'ayant d'autre solde que le pillage ; Dampmart fut saccagé, son château à demi-détruit et les habitants qui défendaient leurs biens n'ont pas été épargnés : les registres paroissiaux l'attestent pour quelques-uns, lorsqu'ils relatent l'inhumation de Jean Bertrand, massacré par les Lorrains, de Jacques Herbillon, Pierre Merienne, Jean Delabonde, tués, de Sébastien Labour, brûlé.

L'épidémie fit ensuite son apparition ; du 25 avril au 15 décembre 1652, il y eut à Dampmart de nombreux décès.

En 1669, Jean Faure, conseiller au parlement, prenait la qualité de baron de ce village et de seigneur en partie de Puisieux ; le château de Puisieux était sans doute en meilleur état, car c'est là qu'il résidait.

A la fin du règne de Louis XIV, Faure avait vendu Dampmart à M. Groilard, moine, qui le céda à son tour en 1710, avec le château et la prévôté, à Nicolas Dunoyer, secrétaire du roi, ancien greffier en chef au parlement de Paris ; celui-ci mourut sans enfant en 1731, laissant pour usufruitière sa veuve, Claude Monache et pour héritière sa nièce Catherine-Olympe Dunoyer.

Olympe, alors veuve du baron de Winterfeld - et que Voltaire avait aimée dans sa jeunesse - fut dame haute justicière de Dampmart pendant plus de 25 ans ; après elle, en 1769, cette terre échoue à un neveu, le marquis de Bizemont, colonel des grenadiers royaux du comté de Bourgogne, qui la vendit en 1779 à François-Joachim Serge de Beaurecueil, ancien officier des gardes françaises.

M. de Beaurecueil assista à la chute de l'Ancien Régime ; le petit château, assez délabré, il ne s'était pas relevé complètement des ruines occasionnées par les guerres de la Fronde , ses cours et basse-cour, son parc de 12 arpents, ne devaient pas tarder à disparaître comme avait disparu la seigneurie elle-même. Cette propriété fut divisée ; on n'y conserva qu'une demeure bourgeoise, habitée depuis par Mme la présidente Pinon, puis par M. Sallier.

La vigne à Dampmart


La majeure partie des habitants cultivaient la vigne et le coteau exposé au midi a, de tout temps, produit du vin de Brie ayant quelque réputation locale. Au XIIIe siècle, les bénédictins de Lagny avaient déjà des vignes à Thorigny et à Dampmart et les religieuses de Noëfort de Saint-Pathus en possédaient à Dampmart avec deux cuves (Archives de Seine-et-Marne, H 610) : il paraît que la récolte manquait assez souvent, comme de nos jours. La redevance connue sous le nom de gros, que les chanoines de Paris devaient en qualité de décimateurs au curé de la paroisse, s'élevait pour les vins à 12 muids, mais une transaction du 17 mai 1428 permettait de réduire la quantité quand les vignes gelaient ou quand la récolte ne rendait pas suffisamment. Peu à peu, les vignerons devinrent moins nombreux. A l'occasion d'un procès relatif au gros du curé, un arrêté du parlement du 14 août 1715, constate que déjà l'on avait arraché quantité de vignes dans l'étendue du territoire et qu'il y en avait bien 300 arpents de moins qu'autrefois.

      L'église (description avant sa démolition, sauf le cocher, en août et septembre 1964)


L'église dédiée à saint Médard et à sainte Anne, a été construite au XIIIe siècle. C'est un petit édifice a chevet droit, auquel on a ajouté des collatéraux trois cents ans plus tard et que des restaurations déjà anciennes ont défiguré ; nous devons dire qu'il a été réparé avec soin en 1877-1878 sous la direction de M. Rosier, architecte à Paris, originaire du village. M. l'abbé Jouy a peint la fresque à demi effacée du tympan du petit portail gauche et sculpté certains chapiteaux du chœur .

On retrouve à l'intérieur des piliers et des portions de voûte des XIIIe et XIVe siècles ; le chœur est voûté à triple arceau avec de gros tores retombant sur des colonnes engagées. Le bas-côté de droite, où est placé l'autel de la Vierge, a été refait sous Louis XIV ; il s'arrête au milieu du chœur. Celui de gauche, qui est voûté et date du XVIe siècle, s'arrête à l'entrée du chœur, ou deux piliers latéraux- reçoivent les petits autels de sainte Geneviève et de sainte Anne.

L'abbé Lebeuf (Histoire du diocèse de Paris) constatait, il y a 150 ans que le chœur était fort bas, la nef plafonnée et peu solidement construite. Le clocher en pavillon avait déjà été réduit en hauteur.

Dans la dernière restauration du monument, le plafond de la nef principale a été remplacé par une voûte ; à l'extérieur, on a apporté au tympan de la porte d'entrée, une sculpture moderne représentant la Sainte Vierge entourée d'anges et présentant l'enfant Jésus à l'adoration des fidèles.

L'ancien retable du maître-autel a été supprimé et les trois fenêtres en lancette de l'abside sont maintenant garnies de vitraux : au milieu, le Sacré-Cœur, à gauche et à droite, les deux patrons, saint Médard et sainte Anne. L'autel de la Vierge est également nouveau, dans le style du XVe siècle, avec sujets sculptés.

Une inscription, sur un marbre noir appliqué au mur du bas-côté droit, rappelle la mémoire et les libéralités du curé Nicolas Merlat, licencié en droit, mort le 17 juin 1751, après avoir administré la paroisse pendant plus de 21 ans.

La cloche date de 1641 ; le parrain fut Bernard Potier de Gesvres ; la marraine, sa femme Charlotte de Vieuxpont.

II y avait autrefois dans cette église, une chapelle de saint Vincent, entretenue par les vignerons, donateurs aussi d'un pupitre du chœur, en forme d'aigle posé sur un tonneau en cuivre ; on a enlevé ce pupitre à la Révolution.