POMPONNE

Pomponne, raconté par Félix Pascal

(page 344 à 347 - l'orthographe des noms propres a été gardé tel que dans le manuscrit d'origine - d'autres termes ont été corrigés exemple: habitants, au lieu de habitans...)

Guillaume de Nangis nous assure que, sous le règne de Louis-le-Gros, en 1114 vivait un certain Hugues de Pomponne, seigneur de Créci, lequel arrêtait tous les bateaux qui descendaient la Marne et les retenait dans son port de Gournay, assertion qui prouve que, dès cette époque, le village de Pomponne avait des seigneurs particuliers. Cependant quelques uns supposent que ce village existait bien auparavant et prétendent que son nom vient de celui d'un de ses premiers possesseurs, appelé Pomponius, nom fort commun chez les Romains; d'autres lui donnent une origine moins antique et plus roturière en supposant que Pomponne, vient de Pimpo, dont il est fait mention dans le testament d'Ermentrude de l'an 700. Pimpo était un simple vigneron cultivant les vignes que cette dame possédait à Thorigny.

En 1150 ou 1160, Radulphe ou Renaud de Pomponne; car, il y a controverse, fit don à l'ancienne abbaye de Chaalis, d'un bien situé in territorio commelensi.

En 1213, on vivait un Hugues de Pomponne, chevalier d'une grande renommée.

En 1610, la terre de Pomponne fut assurée à Robert Arnould, seigneur d'Andilly, par son mariage avec Catherine de la Broderie, fille de l'ambassadeur de ce nom. Ce fut lui dont Balzac disait « qu'il ne rougissait point des vertus chrétiennes et ne tirait point vanité des vertus morales. »

Simon Arnoult, fils de Robert et neveu du célèbre Antoine Arnoult de Port-Royal qui fut plusieurs fois ambassadeur, puis ministre secrétaire d'État des affaires étrangères, jusqu'en 1679, époque où Louis XIV lui retira le portefeuille, mais lui conserva le titre de ministre d'État avec les entrées au conseil ; Simon Arnoult fît ériger la terre de Pomponne en marquisat. En 1710, l'abbaye de Port-Royal fut détruite; les ossements de plusieurs des ancêtres de Simon de Pomponne, fils du précédent, furent par son ordre transférés de la célèbre abbaye dans l'église de ce lieu.

Cette commune est située sur la rive droite de la Marne à un quart de lieue nord-ouest de Lagny ; elle est traversée par la route de Paris à Vitry-le-Français.

L'église, qui était en même temps un prieuré et une paroisse, est un édifice du XIIIe siècle qui tombe maintenant en ruines; elle n'a point d'ailes, son clocher est couvert en ardoises.

Le château de Pomponne est sur la gauche de la route de Paris à Vitry-le-Français ; son parc est contigu au bois de Chailly; on y jouit d'agréables points de vue.

Il y avait aussi dans ce lieu une léproserie qui existait dans le XIIe siècle ; l'on recevait dans cette maison les malades de Lagny, Pomponne, Montevrain, Ghessy, Chanteloup, Conches, Gouvernes et Saint-Thibault. L'établissement renfermait en outre un grand nombre de prêtres, de frères servans et de religieuses.

Le continuateur de la chronique de Guillaume de Nangis rapporte que, vers la fin de l'année 132o, il y avait à Pomponne un enfant de huit ans qui guérissait les malades en devinant miraculeusement les sources de leurs souffrances et prescrivait, pour les rendre à la sauté, les remèdes les plus extraordinaires, comme des pois, de l'anguille, etc., etc.

La renommée publia ces merveilles, et le concours des malades devint considérable; mais l'évêque de Paris ne vit que superstition et folie dans les actes de ce médecin d'une nouvelle espèce, et, prenant la chose au sérieux, défendit, sous peine d'excommunication et d'anathême, d'avoir recours à son intervention pour recouvrer la santé. On ignorait encore le secret de Mesmer et les jongleries du somnambulisme.

Les Augustins s'établirent sur le territoire de Pomponne, en avant du pont de Lagny où se trouvait un groupe d'habitations qui forment une sorte de hameau, appelé la Madeleine. On y voit aujourd'hui plusieurs jolies maisons de campagne.

Il se tient à Pomponne une foire considérable, le 29 août. La population de cette commune est de 3oo habitants ; elle est située à cinq lieues sud-ouest de Meaux, et à dix lieues nord de Melun. Une partie de son territoire produit des grains et du bois; l'autre est plantée en vignes et en arbres fruitiers.