Une histoire de

Chanteloup en Brie

Monsieur Jean-Pierre Nicol publie "une histoire de Chanteloup"

Une séance de dédicace a eu lieu le 11 novembre 2013 à 17 heures salle Van Dongen

Chanteloup-en-Brie, comme beaucoup d'autres villages en Brie, à l'écart des routes, a traversé le temps sans laisser beaucoup de traces dans les archives.

Près de Paris, près de la Marne, sur le plateau limoneux, entre Bois de Chigny et rivière de Gondoire, voué avant tout à l'agriculture, ce village n'entra complètement dans l'orbite parisienne qu'au XXe siècle. L'implantation de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée a changé sa vocation.Le nom de Chanteloup est bien attesté en France. Mais il reste quelque peu magique. Un loup qui chante, çà n'existe que dans les contes. Or il en existe un. Qui s'inscrit dans un ensemble de contes où une chèvre se joue du féroce animal.

Des fouilles archéologiques menées par l'INRAP ont permis de donner une autre image du paysage antique. Le site a été occupé depuis la fin du Néolithique, au moins. Et l'on trouve des petites exploitations rurales dès l'époque gauloise.

Mais les siècles médiévaux nous restent inaccessibles. Chanteloup appartient en très grande partie à l'abbaye Saint Père de Lagny, cité dont l'histoire est un peu mieux connue parce que s'y tenaient 4 foires annuelles et que sa position sur la Marne en faisait un lieu stratégique. Les malheurs du temps sont passés par là.

Du Moyen-äge nous ne savons avec certitude qu'une seule donnée. Il y eut une église dont la cloche, une des plus anciennes de Seine-et-Marne, semble avoir été fondue au début du XIIIe siècle. Rebâtie en 1584, puis vers 1750, elle a traversé les siècles sous la double invocation du saint Sauveur et de saint Eutrope. La fête du saint est celle du village depuis des temps immémoriaux, autour du 30 avril.

Les archives livrent quelques aspects de la vie des paysans qui cultivaient le terroir : laboureurs, vignerons, manouvriers. Ce sont documents d'histoire sociale, mais pas encore de politique.

À la veille de la Révolution, en 1783, est nommé un curé énergique Louis-François Le More. Il met de l'ordre dans la gestion de cette petite paroisse, en passe d'être absorbée par Montévrain. Il défend si bien son village qu'il sera élu maire, en 1790, le premier d'une longue liste. Sincèrement révolutionnaire, il a recopié soigneusement sur son livre de raison la Déclaration des Droits de l'Homme et di Citoyen. Il quitte Chanteloup en 1794, laissant son livre comme premier registre des actes municipaux.

L'élan donné par le maire curé se poursuit tout au long du XIXe siècle, à un rythme modéré. La politique commence à s'insinuer dans la vie municipale. Quelques indices affleurent : conseillers invalidés en 1846 sans doute pour des opinions républicaines.

Mais la vie municipale est surtout ponctuée par deux dossiers : la construction d'une école (1834-1884) et l'entretien des chemins. Le manque de ressources freine le développement du village. Le progrès frappe timidement à la porte.

Vers 1854, le Bois de Chigny est loti en grandes parcelles. Viennent alors s'y installer des "Parisiens". En 1871 est entreprise la construction de la ligne Lagny – Mortcerf, avant tout pour transporter les meulières mais le trafic sera ouvert aux habitants jusque vers 1930.

La vie municipale s'anime car les rivalités y provoquent plusieurs crises. Même si le sentiment républicain est largement partagé, les tensions sociales que la lente mais continue transformation des modes vie induit, alimentent ces difficultés.

En 1914, l'aile de Clio frôle Chanteloup, situé sur les lignes arrières de la bataille de la Marne (septembre). Si les opérations militaires s'éloignent, la saignée n'est pas moins rude à supporter pour une commune de cette taille.

L'érosion du rural se poursuit entre les deux guerres mondiales. La vie urbaine se rapproche à grands pas, même si l'allure du village semble rurale pour l'éternité. Le problème de l'alimentation en eau culminera avec le château d'eau achevé en 1940. Début d'un effort d'équipement pour entrer en modernité.

Un lotissement devant le Bois de Chigny, vers 1954 marque l'entrée de Chanteloup dans un ensemble plus vastee. La création et la mise en place de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée achève cette intégration.

Peu de personnages célèbres, sinon Henri Cartier-Bresson, né à Chanteloup, mondialement connu, et Kees Van Dongen qui habita quelques année le Louvard.

Au sein de la Communauté d'agglomération Marne et Gondoire, la commune compte maintenant plus plus de 2 000 habitants, héritiers d'une histoire longue et d'un paysage où le loup peut chanter, mythologiquement.

Jean-Pierre Nicol

Voir ci-dessous le PDF de la présentation du livre dont le texte ci-dessus est extrait.