Petite commune dont le territoire de 150 hectares est située sur la rive gauche du ru Crochet, une des branches de la Gondoire, à 3 km au sud de Lagny.
Le nom de Conches viendrait du latin « concha » (coquille) désignant une vallée en forme de cuvette, ou un méandre. Le relief de la vallée du rû Gondoire dans la commune semble justifier cette dénomination.
C'est en 1095 que l'on trouve pour la première fois mentionné le nom de Conches dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Pierre de Lagny : Geoffroi de Boulogne alors évêque de Paris donne le patronage de Notre-Dame de Conches et Saint Eutrope de Chantetoup à Arnoul dixième abbé de Lagny (de la famille des Comtes de Champagne).
Avant cette date, quelle était l'importance de Conches ? Ce village existait-il seulement ? Nous ignorons tout des origines de ce village ; nous savons, par un ouvrage écrit par Arnoul, moine de l’abbaye de Lagny au onzième siècle, (la vie de Saint Furcy) qu'au cinquième siècle « une épaisse forêt couvrait les hauteurs de Lagny, le bas était embelli par des prairies et par la Marne, que des vignes étaient plantées sur les côtés ».
G Darney considère cette description comme inexacte, pour lui les défrichements et essartements furent "œuvre des moines, donc postérieurs à 650, date de création de l'abbaye par Saint Furcy ; il considère qu'Arnoul décrit le site comme il le voit au dixième siècle.
L'extension du vignoble en Gaule à partir des bords de la Méditerranée s'est faite grâce aux romains, mais cela ne signifie pas que les rives de la Marne et de ses affluents étaient plantées de vigne dès l'époque romaine. C'est possible mais non certain.
Querelle d'historien ?
La préhistoire :
Le site de la vallée de la Marne et de ses affluents, donc probablement la vallée du rû Gondoire, est occupée par l'homme depuis le paléolithique comme le prouve de nombreux vestiges retrouvés à proximité des rivières.
A Conches il a été retrouvé, une hache polie au lieu dit Violaine et un tranchant de hache polie en silex au moulin Bourcier (déposés au musée Gatien Bonnet de Lagny); ces vestiges prouvent le passage sinon l'installation de l'homme sur la commune dès l'époque néolithique (4000 ans avant J.C.).
La Gaule:
La société des gaulois était fondée sur la tribu, ensemble de familles reconnaissant les mêmes chefs, les tribus étaient fédérées en nations ou citées (Meides, Parisii...) Les Gaulois, unis par leur religion druidique, cultivaient la terre, élevaient des porcs et chassaient ; ils habitaient des demeures isolées ou des villages.
Le site de Conches est situé sur la zone frontière entre les territoires des Meldes et des Parisii dans une sorte de marche au sens médiéval du terme. Ce flou de frontière ne pouvait satisfaire les romains qui fixèrent avec précision les frontières des territoires. Le site de Conches était en territoire melde.
Les Romains :
Le toponyme de mur blanc que porte un lieu-dit de la commune fait penser qu'il y avait une construction romaine à cet endroit [sur un plan de 1804 faisant partie de l'inventaire des propriétés dépendants du Château de Guermantes, par Piette géomètre à Lagny, est noté : « le mur blanc ou l'Aurençon »,
(Archives du Château de Guermantes, Archives Départementales à Dam Marie Les Lys)]
La découverte au moulin Bourcier d’une pièce de monnaie en bronze très fruste montre le passage de l'homme à la période gallo-romaine.
S'il n'y avait pas de village sur le site de Conches, cela ne signifie pas qu'il n'y avait pas d'habitants ; en effet la forêt qui occupait les deux tiers de la superficie de la Gaule n'était pas dépourvue de présence humaine ; une bonne partie de la sylve était habitée, les silvatici étaient aussi indispensables à l'économie du pays que les autres ruraux,l'exploitation du bois pour la construction, la menuiserie et le chauffage (bois de chauffage et charbon de bois), la fabrication du verre, de la terre cuite, la métallurgie du fer... une grande partie de la vie artisanale était entre leurs mains.
L'époque historique :
La population du village essentiellement rurale, était jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale de moins de 200 âmes, la surface de culture étant limitée ne pouvait pas permettre à une population plus importante de vivre décemment. En 1975 le recensement dénombre 1234 habitants. Le développement des transports a permis l’urbanisation rapide de la commune.
Le village eut pour seigneurs les abbés de Lagny qui conservèrent jusqu'en 1789 leurs privilèges sur une partie du territoire, après en avoir eux-mêmes concédé diverses fractions qui constituaient des fiefs nobles relevant de leur seigneurie.
Au treizième siècle on trouve des possesseurs de fiefs :
Albert de Lagny chevalier,
Guillaume de Conches chevalier,
Garin de Conches époux d'Alix de Montfermeil,
Herbert de Chessy,
Jean de Garlande.
Le détenteur du fief Cavé, voisin de l'église, prenait comme l'abbé de Lagny le titre de seigneur de Conches. L'abbé restait gros décimateur et haut justicier. La Dîme était un impôt prélevé sur les récoltes dont une part : le gros du curé représentait l'essentiel des revenus du curé.
L'église :
« L’église paroissiale est sous le titre de la Sainte-Vierge, d’où le nom d’église Notre-Dame ; ce n’est qu’une espèce de longue chapelle, mais assez large pour avoir un autel collatéral qui était sous l’invocation de Sainte-Anne, pour la célébration de la messe quotidienne, fondée, suivant quelques-uns, par Robert le Roy, et selon d’autres par MM. Thiersault, ancien seigneurs. Ce bâtiment paroît assez nouveau à l’extérieur, mais il a pour appui, du coté septentrional une tour en plâtre fort caduque. »[1]
Par bulle donnée à Latran le jour des Ides de mai 1154 le pape Adrien IV exemptait du droit de cricade (visite épiscopale) et de synode les églises du monastère de Lagny placées dans le diocèse de Paris à l'exception des paroisses de Gouvernes, Montévrain et Chessy. La paroisse de Conches était donc exemptée.
La cure avait si peu d'importance qu'on la réunit à celle de Chanteloup en 1473, puis on la détacha en lui constituant un revenu.
L'abbaye de Lagny créa à Conches un prieuré Saint Jean-Baptiste pourvu d'une petite ferme et valant de 400 à 500 livres par an. Le titulaire nommé par l'abbé de Lagny était habituellement un religieux de son monastère, il était curé de Conches. On cite comme prieurs :
Charles Le Roux (de 1566 à 1583) dont la pierre tombale existe toujours dans l'église de Lagny.
Rollequin Barré (de 1638 à 1664)
François de Montauban (de 1704 à 1748) qui releva les bâtiments de la ferme. voir "aveu et dénombrement de François de Montauban..." (1735)
L'église Notre-Dame actuelle avec un autel collatéral sous le patronage de Sainte Anne a été très remaniée au dix-septième siècle. En 1975 des travaux ont permis de dégager des chapiteaux sculptés qui prouvent que l'église a perdu ses bas-côtés. Les anciennes arcades ont été bouchées entre la nef et ces bas-côtés cachant les chapiteaux heureusement remis en valeur. Leur décor est des premières décennies du douzième siècle, il est très simple.
La chapelle Sainte Anne à droite du cœur date de la fin du XIIème siècle ou du début du XIIIème siècle. Elle possède de remarquables peintures murales « qui se déroulent sur les trois faces de la chapelle toutes dédiées à la gloire de la Vierge ; les différents sujets de ces peintures décrivent des événements de la vie de la Vierge. Sur la paroi est elle est devant le Christ et une assistance de neuf personnages. Sur la paroi sud c’est l’annonciation et l’adoration des rois mages et enfin sur la paroi ouest il s’agit d’une déploration de la mort du Christ à laquelle assistent encore visibles et debout, sa mère et saint Jean. »
Au XVIIème siècle, Robert Leroy bourgeois de Paris laisse une rente de 22 livres pour fonder une messe quotidienne.
La cloche nommée Marie de 1539 est suspendue dans le petit clocher. Sur cette cloche est portée l’inscription : « l’an 1539 je somme faicte par les habitants de Conches et nommée Marie ». Fêlée, ses 537 kilos ont été refondue en 1874 par l’entreprise Dubuisson-Gallois, fondeurs à Paris, et pour la somme de 243.70 francs.
Le chevalier Thury, gouverneur de Meaux, du parti de la Ligue surprit les fourrageurs (cavaliers qui allaient sur le terrain ennemi pour enlever le fourrage ou nourrir ses chevaux) royalistes (Henri IV) dans la ferme de Conches le 6 mai 1650.
Le château et les fiefs :
Le château, édifié sur le fief Cavé (emplacement de l'actuel Val-Guermantes), disparu de nos jours appartint à la famille Thiersault. Pierre Thiersault maître des requêtes au parlement de Paris[2], dont la fille unique Marguerite désirait se faire religieuse, donna, pour avoir sa fille plus près de lui, les fonds nécessaires à l'installation des Bénédictines de Saint-Thomas-de-Laval en 1648 à Lagny ; le lieu où furent logées ces bénédictines s'appelait la Maison Rouge dans le faubourg du Vivier. La chapelle de ce couvent a été occupée par le restaurant « La Chapelle des Gourmets ».
Notons que Ninon (Anne) de Lenclos, la célèbre courtisane, y est envoyée en septembre 1656, elle a alors 36 ans, en raison de son inconduite.
Le dernier Thiersault qui se prénommait Pierre également, Conseiller au Grand Conseil, seigneur de Conches en partie, ainsi que des fiefs des Forges et de la Motte situés au même lieu, mourut sans enfant en 1704. Sa nièce, Marie-Madeleine du Bois de Gueudreville, son héritière épousa Félix Le Pelletier de la Houssaye [3]contrôleur général des finances (12 déc. 1720 à 21 avril 1722). Leur fils, intendant des finances, hérita de leurs biens.[4]
La famille Ternaux fut propriétaire du Château vers 1800.[5]
Outre les fiefs déjà cités il y avait :
Le fief Saint-James qui appartint au 18ème siècle à trois procureurs de Lagny : Prailly, Bazile et Blanchard ;
Celui de la Fontaine qui formait avec le fief Cavé et celui du Laurençon le territoire du château.
Celui du Fort du Bois (ce dernier situé à l'entrée du bois de Chigny, bois de chênes). Le Fort du Bois n'implique pas l'existence de fortifications comme on pourrait le croire ; en 1615 c'était le Four du Bois, installation nécessaire à la fabrication du charbon de bois généralement montée dans une clairière. Il y avait là un manoir avec chapelle domestique relevant du prieuré de Conches. On trouve mention dès 1290 : « fournus de nemore ». en 1637 Marie Moireau le tenait en fief après son père. Elle était mariée à Jacques Matharel, avocat général de la Chambre de Justice établie par le Roi à l'Arsenal. Lorsque Gabriel Bourdelot, intendant de l'évêque de Renne et fourrier de la chapelle du Roi acheta la maison et ferme du Fort du Bois le 29 novembre 1680, il fit valoir que ce n'était nullement un fief mais un bien tenu en roture (il s'agissait pour lui d'être dispensé de la contribution de l'arrière ban) le réclamant obtint gain de cause.
Le séminaire de Saint Sulpice de Paris a possédé aussi au Fort du Bois une habitation qu'il donna à bail emphytéotique en 1771 à Louis Charles Bernier ; cette maison a été nationalement vendue à la révolution ainsi que deux fermes que l'abbaye de Lagny possédait à Conches : celle de Violaine (161 arpents) et celle du prieuré (44 arpents). La ferme de Violaine a été acquise par Jean Fouché, duc d’Otrante qui la détruisit, les terres étant rattachées au Génitoy.[6]
Le Châtelet maison isolée n'est pas un fief.
L'actuel château de Conches : c'est sur l'ancien fief de la Fontaine qu'est construit l'actuel château. Le baron Leduc, maire de Conches en était propriétaire sous Louis-Philippe.
En 1817 c'est Madame de Sabran qui est propriétaire d’un ancien château.[7]
Il a appartenu à Gustave Ribaud (1884-1963) professeur de hautes températures à la faculté des Sciences de Paris, qui avait atteint une grande réputation grâce à ses recherches. Dès 1919, il avait appliqué le four à induction à haute fréquence à la métallurgie. Membre de l'Académie des Sciences depuis 1947 il s'était retiré à Conches où il est inhumé. (il est décédé à Strasbourg). Il avait acquis la propriété du comte de Kerveguen.
Monsieur Cathala y installa la maison de retraite que nous y connaissons actuellement ; son œuvre a été poursuivie à sa mort par la Fondation Cathala. La maison de retraite a été reconstruite et n'occupe plus qu'une partie de l'ancien fief. Le château n'est plus habité actuellement. Une partie du parc des Cèdres a été réaménagée par la communauté de communes de Marne-et-Gondoire, ponctué de discrètes clairières et de petits étangs permettant de belles balades à faire à pied, en vélo ou à cheval.
Le fief de la Fontaine est bordée à l'ouest par la rue ferraille, chemin qui partait de Ferrières où se trouvaient des forges alimentées par le bois des forêts environnantes ; ce chemin était emprunté par les charrois qui transportaient les ouvrages de ferronnerie vers la Marne. Au début du siècle la diligence passait rue Ferraille, si j'en crois les souvenirs de Monsieur Delidais qui demeurait en bas de celle-ci dans les années 1980.
La cave voûtée ou Crypte ?
Faisait-elle parti des dépendances de l’ancien château ou du prieuré Saint Jean-Baptiste, sur l’atlas Trudaine on peut localiser avec une bonne approximation l’emplacement de la cave sur le fief Cavé proche du château
[1] L.Michelin Essai sur la Seine-et-Marne – Meaux et son arrondissement. Edition Michelin - 1832
[3] Baptisé à Paris le 25 mars 1663. Conseiller au Chatelet par provisions du 20 août d1682, reçu le 4 décembre suivant. Mort à Paris le 20 septembre 1723. (les conseillers aux Châtelet de Paris à la fin du XVIIe siècle (1661-1700) Philippe Rosset, Bibliothèque de l’école des chartes, année 1985, vol 143, p143, pp.117-152. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1985_num_143_1_450370
[4] *Famille Le Pelletier de La Houssaye -Sources : Bibliothèque de l’Arsenal (ms 4974)
« Mathurin le Pelletier marchand épicier et bourgeois de Paris originaire de la ville de Mantes, épousa Denise Baranton, vers l’an 1430 dont vint deux garçons et deux filles ; le premier fut Pierre, aussy marchand épicier, marié à Marguerite Danes qui eurent entre autres Jacques, avocat au parlement, qui se fit distinguer dans le barreau, tous inhumez aux Saints innocents, près le chapelle de Neuville. Jacques fut père de Jacques conseiller secrétaire du roy, lequel eut entre autres enfants Nicolas le Pelletier seigneur de la Houssaye conseiller du roy maitre ordinaire en sa chambre des comptes père d’autre Nicolas le Pelletier seigneur de la Houssaye conseiller du roy, maitre des requêtes ordinaires de son hôtel qui épousa Catherine le Picart, fille de Jean Baptiste le Picart sieur de Perigny et de Catherine Talon et de Jacques conseiller au parlement, reçue le 7 juillet 1645, d’où descend Felix le Pelletier de la Houssaye, conseiller maitre des requêtes, intendant pour le roi en Alsace, conseiller d’Etat ordinaire, contrôleur général des finances et chancelier de M. le Duc d’Orléans régent du royaume, dont postérité. Il avoit épousé Marguerite Dubois de Heudreville. »
[5]Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, revue de 1928, PARIS, généalogie des TERNAUX par J. DEDONS de PIERREFEU, p278 à 323, 484 pages.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36648p/f274.image
[6] Bulletin de la conférence d’histoire et d’archéologie du diocèse de Meaux, 1894, imprimerie Emile Colin, Lagny - p 160
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k115311f/f1.image.r=genitoy.langFR
[7] Dictionnaire topographique des environs de Paris, par Charles Oudiette, PARIS, 1817, imprimerie d’Hacquart, rue Git-le Cœur, n°8. p 179, 698pages.