FERRIERES

Ferrières, raconté par Félix Pascal

(page 324 à 326 - l'orthographe des noms propres a été gardé tel que dans le manuscrit d'origine - d'autres termes ont été corrigés exemple: Habitants, au lieu de habitans...)

On soupçonne que village de Ferrières ne fut dans l'origine qu'un dénombrement de celui de Collégien, ou du moins qu'il fut bâti sur le territoire de cette dernière commune, et l'on se fonde sur ce que l'une et l'autre de ces deux paroisses avaient le même saint pour patron. Si ce fait s'est accompli, il remonte à près de mille ans.

Il est question de Ferrières dès le Xe siècle. Le voisinage des forêts prouve que ce nom vient des forges de fer que l'on y exploitait. On raconte ainsi l'origine du village. L'abbaye de Saint-Maur-des-Fossés possédait sur le territoire de Ferrières un endroit que depuis on nomma Labroce, nom qui vient de ce que des bois ayant été détruits, il ne restait plus que des broussailles (bruscia) ; mais le nom de Ferrières demeura au canton voisin, et plusieurs paysans s'y étant construits des habitations, celles-ci devinrent l'origine du village.

En 115o, Radulfe ou Raoul, seigneur de Ferrières, donna une dîme au prieuré de Gournay. Il est le seul seigneur ancien que l'on connaisse, et il faut venir jusqu'au XVIe siècle pour en trouver de nouveaux.

Le village de Ferrières est situé dans un vallon peu profond; l'église est un bel édifice du XIIIe siècle, orné de galeries fermées et dont les voûtes sont soutenues par de petites colonnades réunies. Il est terminé en hémicycle. On y voit des tombes des XlVe, XVe et XVIe siècles. La cure fut d'abord à la nomination de l'évêque de Paris, et ensuite, par des arrangemens particuliers, à celle de l'abbé d'Hermières.

Le château, l'un des plus remarquables de nos contrées, est environné d'un parc qui renferme de belles eaux. Un ruisseau, qui part des pièces d'eau de ce parc, va se rendre à la Marne après s'être joint au ru Gaudoit.

Les écarts de Ferrières sont :

1- la Broce. On n'est pas encore certain si ce lieu, qui fut primitivement une paroisse, avait été distrait de Collégien ou de Ferrières qui, dans ce cas, aurait été construit avant elle. Érigée sous l'épiscopal d'Imbert, évêque de Paris, qui siégeait de 1030 à 1060, cette paroisse fut réduite, par la désertion successive de ses habitants, à n'être plus qu'un bénéfice simple que l'on réunit à la cure de Ferrières en 1688. Dès le règne de Saint-Louis, l'abbayedeSaint-Maury possédait soixante-douze arpens de terres. Il n'y a plus à La Broce qu'une ferme et un moulin : ce dernier existe depuis une haute antiquité, puisqu'en l'an 1244, Eméryarde de La Broce en fit donation à l'abbaye de Saint-Maur. La Broce est à un quart de lieue à l'ouest de Ferrières.

2- La Taffarette était le nom d'un château et d'une ferme au sud et très-près de Ferrières; la ferme a été désignée quelquefois sous les noms de Casorest ou de la Casoret. On pense que ce sont des erreurs de géographes.

Outre les parcs, le territoire de Ferrières contient beaucoup de bois : les principaux sont ceux de Roissy et de Belle-Assise; le reste est en terres de labour, en prairies et en vignes. La population du village est de 4oo habitants ; sa situation à une lieue et demie au sud de Lagny, à cinq lieues sud-ouest de Meaux et à huit lieues nord de Melun.