André Thierry

Je retranscrits ici le paragraphe des mémoires de Jean-Louis Thebault, fermier au Génitoy, concernant André Thierry , fermier à Guermantes.


"M. THIERRY, installé en 1907, avait une ferme d’une superficie sensiblement égale à la nôtre mais beaucoup plus difficile à cultiver une partie étant à flanc de coteau, avec des terres très lourdes, et le restant très morcellé, ce qui l'obligeait à avoir un cheptel traction vapeur, car à l'époque il n'était pas encore question de tracteur. Il a fait toute la guerre dans l’Infanterie ses parents l’ayant remplacé pendant cette longue période. Revenu, il s’était marié et il eut 5 enfants qui, par la suite, essaimèrent dans la région parisienne, mais tous restèrent dans la culture.

Très peu de temps après la guerre, sa ferme fut mise en vente, mais il ne put l'acheter quoi que la dot de sa femme aurait pu le lui permettre, mais, à l'époque, la dot de l'épouse était sacrée et il fallait la conserver intacte. Ce fut un raisonnement mauvais, la suite le lui démontra car, après la guerre de 1940, il fut obligé de l'acheter au prix de dettes importantes qui assombrirent ses vieux jours alors que la dot de sa femme, au fil des dévaluations et de mauvais placements sûrement, était devenue insignifiante.

Il fut pour toute la région l'homme providentiel vers lequel tout le monde s'accrochait dans les moments difficiles où l'avenir de la culture betteravière était remis en cause. Elle fut, en partie sauvée par des hommes qui, comme lui, avaient foi en leur métier et qui, par la formation d'un syndicat puissant, trouvèrent avec l'industrie sucrière un terrain d’entente qui permit à tout un secteur de l'économie agricole de prospérer pour le bien de tous. Ce fut évidemment M. THIERRY qui en fut le premier Président local.

Une crise terrible, vers les années 35-36 s'était abattue sur la culture en général et des céréales, en particulier. Le blé qui, dans les années précédentes, était vendu 150 f. le quintal ne trouvait preneur qu'à moitié prix ainsi que les autres céréales. La formation d'une Coopérative, encouragée par la formation de l’Office du Blé, était la seule solution raisonnable. Mais l'idée était longue à faire son chemin, il fallait décider l'ensemble des cultivateurs briards qui, de tradition, sont très individualistes et auraient du mal à abandonner leurs vieilles habitudes. Parmi celles-ci, était la Bourse du Mercredi à Paris.

C'était le marché où l'on avait l’habitude de se rencontrer des voisins de terres ne se retrouvaient que là, on en profitait pour faire ses achats dans Paris et certaines mauvaises langues affirmaient que c’était l'excuse à d’autres distractions. Ce fut évidemment à M. THIERRY que l'on eut recours pour en être le Premier Président.

Pendant la guerre de 40 45, ce fut grâce à son autorité, son intégrité, son ascendant, que cette période si trouble et si difficile fut traversée sans trop de mal pour tous, grâce à la Présidence de la Corporation qu'il sut exercer avec tact mais autorité. Après la guerre, la Corporation ayant été remplacée par la Fédération des Exploitants agricoles ce fut tout naturellement lui qui continua à présider à sa destinée.

Un syndicat d'adduction d'eau, créé dans la région sud de Lagny , a été bien content d'avoir recours à lui.

Je passe sur beaucoup d'autres choses, J'allais oublier les fonctions de Maire qu'il exerça pendant plus de 30 ans tellement cela était naturel.

Tout en consacrant beaucoup de temps à ces diverses fonctions, il fut un excellent cultivateur et sa ferme n'en souffrit pas. Ce fut l'un des derniers moutonniers de la région et sa troupe avait une bonne réputation.

Ce fut un Seigneur."