Rapport de restauration du tableau Saint Germain

RAPPORT DE LA RESTAURATION DU TABLEAU DE L'ÉGLISE DE GOUVERNES REPRÉSENTANT SAINT GERMAIN

(Par Michelle BOUCARD)

DESCRIPTION

Ce tableau représente Saint Germain en majesté sur un trône, habillé en Évêque ; il date du dix-neuvième siècle et il a été peint par un certain Collignon et donné à l'Eglise en 1845 par l’Etat.

Il est excessivement sale, il est recouvert de poussières sur la face et sur le dos, les bords de la toile sont souvent détachés de châssis. La toile présente deux grandes déchirures et elle est en ces endroits recroquevillée : elle est dans l’ensemble très flottante et montre beaucoup de déformations.

Le châssis est complètement vermoulu, les morceaux rajoutés pour le consolider tombent en poussière.

Dans le haut du tableau, les vers qui avaient attaqués le châssis ont fait des trous en mangeant la toile et la peinture.

Dans le bas du tableau, une grande planche a été rajoutée elle cache une bande d’environ 25 cm de toile. On peut supposer que cette partie doit être très abîmée.

En plus de beaucoup de poussière le vernis semble très jauni, opacifié et il présente des chancis un peu partout liés à beaucoup d’humidité ambiante provenant des murs.

Le tableau est enlevé du cadre, le cadre et laissé en place dans l’Eglise ; il sera traité au xylophène et ciré ensuite avant de recevoir le tableau restauré.

Le tableau est emballé dans une bâche protectrice et transporté à l’atelier dans un camion.

Le tableau sera replacé dans l’Eglise à une place différente mais l’humidité sera toujours très forte.

Le châssis tout à fait irréparable sera remplacé pour un neuf à clés sur mesure.

La toile trop fragilisée et déchirée sera consolidée, le tableau sera rentoilé à la cire-résine afin de mieux protéger celui-ci contre l’humidité.

Pour effectuer le cartonnage de protection et de remise à plat, je choisis d’utiliser le papier bolloré car la couche picturale présente quelques reliefs qui ne seront pas écrasés par ce papier.

Les retouches seront illusionnistes, les lacunes bien qu’importantes entaille ne le sont pas pour le sujet représenté et ne posent aucun problème de reconstitution visuelle.

RESTAURATION DU TABLEAU

Le tableau, arrivé à l’atelier , est dépoussiéré côté face et coté revers.

La couche picturale a une bonne adhérence au support toile, sauf au niveau des déchirures et sûrement sous la planche du bas .

Le nettoyage va donc être effectué en premier, avant le rentoilage .

Un décrassage est fait. Après séchage, des tests sont effectués pour trouver le bon mélange de solvants qui permettra le dévernissage .

La planche du bas avait été clouée à travers la toile à la barre du châssis : après déclouage, dessous , la toile est découverte en lambeaux avec d’énormes lacunes ; donc , malheureusement il n’y a pas de signature ( qui si elle a existé aurait été à cet emplacement ) .

Après plusieurs jours , l’évaporation des solvants étant faite , nous procédons au démontage de la toile du châssis ; cela s’avère difficile car le châssis part par endroits en poussière tellement il est vermoulu , les clous sont très rouillés

Rentoilage

La toile est posée à plat sur une planche et repassée au niveau des déformations des bordures et des déchirures.

Des pièces incrustées sont taillées dans des morceaux de toiles enduites de la même époque, d’une épaisseur et d’une texture similaires ; ces pièces ainsi que les lèvres des déchirures sont maintenues grâce à des bandes d’adhésif placées au revers de la toile.

Un cartonnage avec un papier bolloré est appliqué sur la face du tableau .Après séchage, le tableau est retourné sur l’envers et refixé à la planche par les bords du cartonnage.

La toile est imprégnée a chaud de cire résine sur toute sa surface.

La toile de lin neuve est ensuite tendue sur la toile originale et agrafée sur la planche .La cire-résine est appliquée à travers cette toile et l’imprègne entièrement ; pour accélérer le refroidissement et donc le collage on utilise des plaques de marbre.

La toile neuve est détachée de la planche en retirant les agrafes ; l’ensemble est retourné sur la planche et on retire le cartonnage sur la face du tableau

Le châssis neuf est coloré avec une teinture de brou de noix.

Le tableau rentoilé est tendu sur ce châssis et maintenu avec des semences.

Le dévernissage est repris par endroits, les zones des déchirures du bas n’avaient presque pas été touchées pour éviter le risque d’écaillage.

Des enduits sont faits au niveau des lacunes et sculptés pour imiter la matière environnant les trous.

Une couche de vernis à retoucher est appliquée au spalter sur toute la surface du tableau.

La réintégration de la couche picturale est effectuée avec des peintures au vernis pour la restauration

Une couche de vernis final est enfin appliquée au pistolet sur l’ensemble du tableau.