• Autour de Rembrandt, Rubens et Ruisdael. Musée d’art et d’histoire. Genève.

Le Cabinet des Estampes part pour les Pays-Bas

MUSÉE | Il propose «Rembrandt, Rubens Ruisdael» en complément à l’exposition «L’art et ses marchés» du Musée d’art et d’histoire.

© DR | «Les Pêcheurs» (1647). Sur le modèle du «Pont» de Rembrandt, ce paysage est le seul qu’Adriaen van Ostade ait imprimé.

ÉTIENNE DUMONT | 16.10.2009 | 00:00

Les Pays-Bas s’enflamment à la fin du XVIe siècle. Passées au protestantisme, les sept provinces du Nord aimeraient du même coup quitter le giron espagnol. Demeurées catholiques, celles du Sud penchent pour le statu quo. S’ensuivront plusieurs guerres. Nous vous ferons ici grâce des détails.

Dynamique et commerçant, le Nord réussira finalement à gagner son indépendance. La Hollande deviendra ainsi la plus riche nation du XVIIe siècle européen.

Le divorce n’est pas que politique et religieux. Il se fait aussi artistique. Aux grandes commandes des princes et de l’Eglise, du côté de Bruxelles ou d’Anvers, font désormais pendant les petits tableaux néerlandais exécutés pour de simples particuliers d’Amsterdam ou de Haarlem. C’est l’un des sujets de L’art et ses marchés, présenté depuis peu au Musée d’art et d’histoire (MAH).

Création et reproduction

Il en va de même pour son actuel complément Autour de Rembrandt, Rubens et Ruisdael, que propose au même endroit le Cabinet des estampes.

Au Nord, la gravure devient un genre autonome, pratiqué en parallèle par des peintres. Au Sud, elle se voit réservée à la diffusion. Autant dire que différents praticiens reproduisent des tableaux signés Rubens, Van Dyck ou Jordaens. C’est un peu la reproduction en photo de l’époque, même s’il subsiste des marges d’interprétation.

Le Cabinet des estampes a donc sorti de ses cartons des gravures, comme des tableaux se sont vus tirés des caves du MAH pour L’art et ses marchés. Il s’agit là de ce qu’on appelle une exposition patrimoniale, puisqu’elles sont toutes deux composées d’œuvres appartenant en propre à l’institution. Il s’agit là de l’équivalent pictural des «desserts maison» de certains restaurants.

Manque d’explications

Le choix se focalise pour la Hollande autour de quelques noms: Rembrandt, Van Ostade, Waterloo (comme la bataille) ou Jacob van Ruisdael.

L’actuelle Belgique se voit représentée par de grands tirages d’après les maîtres, plus impersonnels. L’amateur retrouvera aux murs, peints en gris, certaines pièces célèbres, comme L’autoportrait avec Saskia de Rembrandt. Attention! Quelques emprunts ont tout de même été effectués à Bâle, qui a reçu il y a quelques années une fabuleuse donation du marchand bernois Eberhard W. Kornfeld.

Dépourvue de catalogue, l’exposition l’est aussi en partie d’explications. Le visiteur aurait bien aimé connaître l’histoire de cette collection genevoise. Il aurait également été ravi de savoir où sont les Rubens ou les Van Dyck copiés, et peut-être même en voir une petite photo sur l’étiquette. Telle quelle, l’exposition est adroitement faite et propose quelques épreuves magnifiques. Elle tient néanmoins du minimum syndical, surtout si l’on pense à l’énorme travail effectué, juste à côté, sur les tableaux flamands et hollandais du musée.

❚ «Autour de Rembrandt, Rubens et Ruisdael», Musée d’art et d’histoire, 2, rue Charles-Galland, jusqu’au 3 janvier 2010. Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 17 h.

Tribune de Genève 15.10. 2009