Vers Dorés Pythagore 5

Les Vers Dorés de Pythagore, par Fabre d’Olivet.

Rends aux Dieux immortels le culte consacré ;

Garde ensuite ta foi :

Je ne peux qu'inviter le lecteur de cet article à lire la suite de l'extrait ci-dessus dans le Temple d'Hermès Trismégiste, les commentaires si éclairés et si clairvoyants de Fabred'Olivet sont incomparablement supérieurs à tous ceux que je pourrais faire à sa suite. Après l'étude de cet extrait, concernant le premier Vers Doré de Pythagore, je passerai à l'étude du deuxième, lors du prochain article sur ce sujet.

Je me contenterai pour cet article de relever ce qui est véritablement une constante dans toutes les grandes traditions, dont l'enseignement ésotérique et mystique n'a pas été détourné au profit d'un individu prétendant l'incarner, ou d'une caste de prêtres qui entendent être les seuls détenteurs du Dogme qui leur confèrerait une illusoire supériorité aristocratique de droit divin. Cette constante se résume au fait que le Divin Créateur, qui n'est objectivement définissable par aucun autre nom que cette fonction qui est son unique et principal attribut, étant par essence infini, éternel et dans une immuable Vérité Absolue, n'intervient jamais dans l'application d'aucune de ses Lois. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire ; ces Lois qui sont nécessairement parfaites et Justes s'imposent à Lui comme à l'ensemble de sa Création. Nous pouvons donc essayer de comprendre ses Lois, leurs applications, et profiter des richesses que nous apporte cette compréhension par l'élévation constante qu'elle procure à notre champ de conscience, mais nous ne pourrons jamais nous faire la moindre idée précise de ce qu'est l'essence même de ce Divin Créateur. Ce que j'ai traduit par le constat que : Dieu ne sera jamais que la plus haute idée que nous serons capables de nous faire de Lui, sans pour autant que ce soit la bonne.

Puisque les Lois du Divin Créateur sont parfaites et justes, et qu'elles s'imposent à Lui-même, il ne sert donc rigoureusement à rien de l'invoquer pour qu'Il en change le cours ou les applications, sous le prétexte dérisoire que cela nous soit défavorable, ou pire encore, pour obtenir ce que nous n'avons pas fait l'effort de mériter. Comme par ailleurs, nous avons vu qu'Il se suffisait à Lui-même, et que donc il n'a nul besoin d'attendre quoi que ce soit de sa Création et encore moins de ses créatures, nous n'avons aucune servitude particulière à accomplir, ni aucune autres obligations que celles qui correspondent à la juste et stricte application de ses Lois, dans le sens de l'involution (Destin) ou de l'évolution (Providence). La seule chose qui soit raisonnable d'attendre du Divin Créateur, c'est qu'il serve à notre entendement d'inaccessible ligne d'horizon, pour ouvrir sans cesse le chemin de notre perfectibilité vers la plus haute idée qu'il se fait de nous...

Le Divin Créateur n'a pas besoin de ses créatures, et encore moins besoin que l'une ou un groupe d'entre elles, le représente, surtout dans l'état d'imperfection qui est le lot de ces créatures ayant la vanité de croire cette incongruité possible. Il découle donc de cette incontestable réalité objective, que ceux qui prétendent parler en son Nom commettent d'une part un épouvantable blasphème non pas contre le Divin Créateur que ce type d'élucubration ne pourra jamais ni atteindre ni émouvoir, mais contre les Lois parfaites de la Providence, ce qui aura pour conséquence un alourdissement du patrimoine karmique. Et d'autre part, ils manifestent un tel état d'ignorance, d'inculture, et de faible élévation spirituelle, qu'ils ouvrent invariablement un espace d'insignifiance qui les fait sombrer sous la domination des lois du Destin ; cette chute, qui est à l'image de l'originelle, s'accompagnant de son cortège de misères, de violences, de sectarisme, d'intolérances et de passions émotionnelles sordides.

Il découle de ce qui précède, que personne n'est jamais habilité à prétendre parler au nom et pour le compte du Divin Créateur. Ceux qui s'aventurent dans cette voie de perdition, car cela en est toujours une, doivent s'attendre à de terribles revers que leur fera mériter ce type de blasphème et d'ineptie, pour les causes ci-dessus évoquées. Croire en plus, que ce Divin Créateur puisse avoir des émotions comparables à celles de ses créatures les moins évoluées, relève du délire auquel conduit toujours la Foi sans raison, la fameuse Foi aveugle, sourde et par conséquent infiniment stupide. S'imaginer qu'Il puisse considérer qu'une partie de sa création ne soit pas digne de son intérêt et de sa considération, c'est le rendre nécessairement imparfait, et le faire déchoir de son statut de Divin Créateur, avec pour implications que ses Lois n'étant plus parfaitement justes, deviendront rapidement incohérentes et cataclysmiques.

Si personne, jamais, ne peut sérieusement prétendre pouvoir parler au nom du Divin Créateur, pour quelque raison que ce soit, cela ne veut pas dire que ce Divin Créateur n'ait pas la faculté de parler à chacun d'entre nous, ce serait bien évidemment se faire une médiocre idée de ce qu'Il est, que de penser une telle chose. Le Divin Créateur est dans chacune de ses créations et dans chacune de ses créatures, mais aucune de ses créatures ne peut prétendre être le Divin Créateur, ce que j'ai déjà exprimé par l'axiome : Dieu est moi, et je ne suis pas Dieu. Si donc, Il a la faculté de se faire entendre de nous, d'une part, il le fera en tenant compte de notre capacité à le percevoir, et d'autre part, il le fera par le truchement du langage qui nous est le plus familier, c'est-à-dire le nôtre. Enfin, si nous devons considérer que sa Divine Création se décline selon une hiérarchie de puissances, adaptées à chaque plan, et à chaque état de chaque créature, alors il est difficile d'imaginer que ce qu'Il a à nous faire entendre, ne soit pas déjà inclus dans chacune de ses Lois, et que cela se manifestera dès l'application de ces Lois. Il découle de ce constat, que ce que nous devons entendre du Divin Créateur dépendra de notre capacité d'écoute, et de notre niveau d'entendement; et ce que nous serons capables d'entendre de lui, ne sera pas ce qu'il peut nous dire de plus élevé, mais uniquement ce que nous pouvons supporter d'entendre, rien de plus et ce qui n'est en vérité pas grand-chose. Surtout pas de quoi prétendre pouvoir parler péremptoirement en son Nom...

Croire que l'harmonie des Lois de la Divine Providence, a pour origine un ineffable, indescriptible, indicible et inexprimable Divin créateur, c'est ouvrir considérablement l'amplitude de sa propre Foi, avec ses champs du possible infinis. Mais méfions-nous d'un manque de discernement qui nous ferait oublier que notre libre arbitre repose sur la nécessité d'avoir constamment au moins deux choix possibles, celui du vice et celui de la vertu. Ainsi, notre faculté d'identification peut parfaitement être dominée par le vice, qui nous fera perdre de vue le sens de la Tempérance et de la Justice, troublant notre discernement, au point de nous donner la vanité de nous croire autre chose que des individus parfaitement ordinaires. Individus qui n'ont, ni le pouvoir, ni la faculté et encore moins les compétences nécessaires pour parler en lieu et place du Divin Créateur, le seul avec lequel nous n'aurons jamais la possibilité de nous identifier.

Le plus sûr moyen qu'ont imaginées certaines religions, pour ne pas succomber à ce travers, a été de ne pas permettre que soit proféré le Nom de Dieu ; mais il est hélas déplorable de constater que cette précaution n'a nullement empêché certaines de ces religions de prétendre agir et parler au Nom de ce Dieu, et pour le compte d'un groupe étriqué d'individus de même nature, avec les conséquences désastreuses que l'histoire nous rapporte, et que l'actualité la plus brûlante nous confirme comme étant une grande perversité spirituelle.

Alors comme le conseille si judicieusement ce sage et très inspiré Pythagore :

Rends aux Dieux immortels le culte consacré ;

Garde ensuite ta foi :

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Commentaires ------>

Et voici pour quelle raison. Le polythéisme n’était pas à ses yeux ce qu’il est devenu aux nôtres, ou une idolâtrie impie et grossière, ou un culte inspiré par l’adversaire infernal, pour séduire les hommes et s’attribuer les honneurs qui ne sont dus qu’à la Divinité : c’était une particularisation de l’Être universel, une personnification de ses attributs et de ses facultés. Avant Moyse, aucun des législateurs théocratiques n’avait pensé qu’il fût bon de présenter à l’adoration du peuple le Dieu suprême, unique et incréé, dans son universalité insondable. Les Brahmes indiens, que l’on peut regarder comme les types vivants de tous les sages et de tous les pontifes du Monde, ne se permettent point, même aujourd’hui où leur longue vieillesse a effacé jusqu’aux traces de leur antique science, de proférer le nom de Dieu, principe de Tout.Commentaires :