Alchimie d'Hermès 4

Dans cet extrait du Filet d’Ariadne il est conseillé à tout homme prudent d’apprendre la Science qui s’entend par les principes et les moyens d’opérer... ce qu’il convient de traduire par la théorie et la pratique, ou encore par la Connaissance éprouvée. Ce précieux et premier conseil est aussi une des clés de la Sapience Hermétique. Apprendre est une chose, qui consiste pour l’essentiel à emmagasiner du savoir ; cette accumulation, comme nous l’indique subtilement le Filet d’Ariadne par sa formule : sinon en demeura là, sans bien, et en outre celui des autres, ne produire aucune richesse, car le savoir non éprouvé est et reste stérile. Il fait les intellectuels raisonneurs, les philosophes sophistes, les faux maîtres, les faux guides et les imposteurs de tout poil. Que ceux qui s’aventurent à la découverte de la véritable Connaissance au travers des sites hermétiques comme le Temple d'Hermès Trismégiste, ou encore avec le concours du Grand Œuvre d’Hermès Trismégiste, veuillent bien méditer sérieusement sur ce principe. Lire et se sentir en harmonie avec un quelconque enseignement, ne fera pas pour autant du lecteur un initié, un adepte, un disciple ou un sage, comme hélas la réalité le démontre. N’oublions pas que la nature humaine est double. Qu’elle est composée d’une structure organique périssable, et d’une structure spirituelle impérissable. Lorsque nous sollicitons la structure organique périssable, nous imprimons dans cette dernière des données qui forcément disparaîtront avec elle à la fin de sa manifestation. Pour enrichir durablement le patrimoine karmique, il convient d’imprimer des données nouvelles dans la structure impérissable. Pour y parvenir, il faut donc déjà être capable de discerner l’existence de ces deux structures, connaître les attributs de chacune d’elles, et savoir comment agir sur l’une et l’autre volontairement.

Nous connaissons maintenant, soit par ce qui précède, soit par les nombreux articles du Grand Œuvre d’Hermès Trismégiste, l’existence de ces deux structures de la nature humaine. Est-ce pour autant une réalité pratique pour qui les connaît ?... Certains pourraient fort bien se contenter de dire : c’est un point de vue, mais je reste convaincu (ici Foi aveugle ne reposant sur aucune raison ni démonstration) qu’il n’y a qu’une seule structure : l’organique. Le savoir se limite alors à la simple vision binoculaire des cinq sens organiques, et enferme ceux-là dans un espace étriqué de certitudes stériles. D’autres pourraient admettre l’existence de ces deux structures, sans pour autant en avoir la conviction profonde, celle qui vient de la Foi éclairée par la raison, et donc sans application pratique. Le savoir est ici passif, comme le spectateur, qui à l'inverse de l'acteur, dans la salle de théâtre regarde, mais ne s ‘implique pas. Puis viennent enfin ceux qui ayant reçu l’enseignement, se sont évertués à en approfondir le contenu tant par la méditation, que par une mise en pratique régulière et volontaire. Ceux-là, après être parvenu, par l’intermédiaire d’une pensée juste en Vertus, à saisir la puissance de manifestations pratiques d’un principe causal, accèderont à une conviction qui sera davantage un confondement avec ce principe, faisant passer de la mémoire organique périssable, à la Mémoire spirituelle impérissable, grâce à l’ouverture d’esprit et de coeur qui aura été rendu possible par les résultats personnels des travaux constants de la méditation et de la mise en pratique.

Pour illustrer ce propos, j’utiliserai l’exemple de ceux, fort nombreux, qui sont venus visiter les sites dédiés à la Science hermétique que nous mettons bénévolement à leur disposition, et qui après en avoir fait une lecture qu’ils qualifient en général «d’intéressante», sont retournés à leurs préoccupations animalières et périssables. Ils ont effectivement gravé dans leur mémoire périssable l’existence d’une Science méconnue d’eux, mais comme ils n’ont pas transcendé ce savoir par un travail de méditation et de mise en pratique, il n’est pas devenu Connaissance.

Petite parenthèse concernant cette notion de "savoir" et de «connaissance». Le savoir, comme j’ai déjà eu l’occasion d’en parler dans de précédents articles, est l’accumulation dans la mémoire organique qui possède différents niveaux de volatilité, d’informations plus ou moins obsolètes... souvent plus que moins. Lorsque que nous devons utiliser les ressources de cette accumulation, il est nécessaire de faire un effort de «mémoire» pour tenter de ramener à la surface, quelques bribes de ces informations, bribes imprécises, et très parcellaires. Le meilleur résultat que nous puissions obtenir de cet effort d’appel à la mémoire organique, c’est encore celui qui consiste à nous rappeler où se trouve la ou les informations dont nous avons subitement besoin, ce qui permet de rafraîchir cette mémoire si peu fiable, et si frivole dans sa façon de retenir les informations. À l’inverse la Mémoire impérissable qui a reçu un enseignement issu d’un long travail de méditation et de mise en pratique, n’a pas besoin d’être fortement sollicitée. Lorsque la Conscience est confrontée à des situations qui demandent l’activation de cet enseignement, il se fait automatiquement sans le moindre effort, ni le moindre retard et avec la plus extrême rigueur et précision. Le savoir est devenu Connaissance, il fait définitivement partie du patrimoine karmique. Fin de la parenthèse.

Connaître les attributs de chacune des structures de la nature humaine, passe obligatoirement par la Connaissance éprouvée, qui sera capable de discerner ce qui est du domaine du périssable et des cinq sens organiques gouvernés par l’intellect raisonneur, de ce qui est du domaine des cinq sens spirituels qui sont gouvernés par la Conscience et la sagesse de l’intelligence. Pour parvenir à ce discernement si indispensable, il faut donc être capable de se faire une pensée juste en vertus de ce qui distingue les attributs de ces deux structures. Cette pensée juste en vertus, est-il encore besoin de le rappeler, ne s’obtient jamais par la frivolité de lecture, d’écoute ou au travers de sensations émotionnelles. Car lorsque la passion des sens instinctifs et organiques, tente d’occuper la place, la faculté volitive de la Conscience doit pouvoir spontanément opposer à cette passion des sens le sceptre de souveraineté de la pratique des vertus.

Après avoir discerné les attributs de ces deux structures, il est possible de pouvoir agir sur l’une comme sur l’autre, et cette action qui est comme je viens de le dire l’acte de souveraineté de la conscience se fait par la volonté que manifeste l’officiant de cette Science, dans des travaux pratiques de méditations et de mises en pratique. Ces exercices sont au spirituel ce que l'entraînement physique est au sportif.

Ceci devrait permettre de mieux comprendre la suite de l’extrait en exergue du présent article : Or je prie ceux qui liront ce petit Livre, d'ajouter foi à mes paroles. Je leur dis donc encore une fois, qu'ils n'apprendront jamais cette Science sublime par le moyen des Livres, et qu'elle ne se peut apprendre que par révélation divine. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’expliciter, la Connaissance n’est dans aucun livre, mais elle est dans tous les livres (voir article dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, des douze clefs de philosophie de BasileValentin), et comme je viens de le dire par ce qui précède, la lecture seule ne suffit pas à apprendre cette Science sublime dont le but est de permettre à l’officiant, au travers des épreuves d'apprenti-sage de cette Science, d’activer ses sens supérieurs, qui ne peuvent pas être développés uniquement en utilisant les cinq sens organiques. Ces cinq sens organiques ne font appel qu’à l’instinct de l'inconscient collectif et aux lois mécaniques de causalité que perçoit l'intellect raisonneur ; ils n’apportent aucune nourriture vitale à la Conscience qui puise ses ressources énergétiques vitales des puissances supérieures subtiles provenant de la Divine Providence, ce qui est ici traduit par l’expression : révélation divine. Il ne paraît pas déraisonnable de considérer que cette révélation divine ne puisse se faire qu’à une Conscience qui fait volontairement l’effort de se tourner et de s'ouvrir à elle, et non à celle qui s’abandonne à son animalité organique et aux dominations passionnelles de sa nature cupide ignorante et aveugle.

Ceci nous ramène à la cohérence des précédentes études du Grand Œuvre d’Hermès Trismégiste, car pour qu’une pensée soit juste en Vertus, elle doit être aussi cohérente avec les autres pensées justes en Vertus... Exercice beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît de prime abord, compte tenu de la richesse et de la complexité de la Science Hermétique. Ainsi, il ne faut pas confondre savoir et connaissance, mémoire périssable et impérissable, intellect raisonneur et la sagesse de l’intelligence, lecture et méditation sérieuse. Ce qui dans la nature humaine est impérissable, possède ses propres sens, qui, à l’image des sens organiques (ce qui est en bas est comme ce qui est en haut) s’atrophient par manque de pratique, et se développent chaque fois qu’ils sont activés, avec l’avantage notoire, par rapport aux sens organiques, de ne jamais s’émousser pour cause de sollicitations excessives, mais tout le contraire. Plus vous travaillerez à solliciter vos sens supérieurs, plus ils croîtront en pouvoir et plus il vous permettront d’accéder à des niveaux de Connaissance élevés, grâce aux révélations que ne manquent jamais d’apporter les lumières de la Divine Providence à celui qui s’ouvre pleinement à elles.

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Cela est donc contre le bon sens, car tout homme prudent doit premièrement apprendre la Science, s'il peut ; c'est-à-dire, les principes et les moyens d'opérer, sinon en demeurera là, sans bien, et en outre celui des autres. Or je prie ceux qui liront ce petit Livre, d'ajouter foi à mes paroles. Je leur dis donc encore une fois, qu'ils n'apprendront jamais cette Science sublime par le moyen des Livres, et qu'elle ne se peut apprendre que par révélation divine ; Commentaires :