Pythagore symbole 2

Livre des symboles de Pythagore.

Symbole de Pythagore, l’héritier d’Hermès : 2

Ne regarde pas comme un accessoire du trajet le fait d’entrer dans un sanctuaire ou en général d’adorer, même si tu te trouvais à passer juste près des portes.

Commentaires :

Dans ce deuxième symbole de Pythagore, il pourrait paraître de prime abord qu'il n'y a pas grand-chose à y puiser. Peut-être même qu'il pourrait y avoir une certaine redondance avec le premier des symboles qui a déjà été traité dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste.

Ce serait oublier, ou méconnaître, pour ceux qui n'ont pas gardé dans leur Conscience les précédents enseignements, que l'initiation a pour principal objet de nous faire sortir de l'hétérogène des ténèbres de l’ignorance pour nous faire accéder à l'homogène d’une vision lumineuse et sereine.

Nous avons vu, lors de l'étude du premier symbole, que le trajet qui mène au Temple, n'est pas séparable de la pureté et de la justesse des pensées que doit y apporter celui qui vient y méditer. A fortiori l'entrée dans le sanctuaire, qui, comme je l'ai déjà expliqué, n'est pas uniquement l'édifice architectural matérialisé dans la sphère temporelle, mais aussi et surtout le sanctuaire du Temple spirituel intérieur. L'entrée du sanctuaire, dans lequel ne doivent se trouver que les symboles matériels des divinités que l'on vient adorer, pour ce qui est du sanctuaire du Temple matériel ; et des symboles intellectuels et spirituels pour ce qui est du sanctuaire du Temple spirituel intérieur, est forcément un moment très important.

Passer l'entrée de ce sanctuaire ne peut donc pas se faire d'une façon désinvolte. Comme le dit si bien Grillot de Givry : la noblesse de l'oeuvre requiert la noblesse de l'oeuvrant. Le franchissement des portes était le principe essentiel qui structurait le fameux livre pour sortir au jour de l'ancienne Égypte, connu sous l'appellation profane du livre des morts. Chaque porte menait à une salle dans laquelle trônait une divinité (puissance) spécifique. L'Osiris N. (entendez celui qui par la magie de son Verbe Vivant se confond avec son archétype le plus divin), devait par ses connaissances acquises au niveau de la Conscience, — et non à celui d'un savoir d'une mémoire périssable qui aurait disparu avec la mort physique —, connaître les Noms de pouvoir, les fonctions du dieu de la salle du sanctuaire et être capable de dire l'étendue de ses facultés et sa hiérarchie spirituelle. Avant de franchir le seuil de chaque porte, cet Osiris N. devait aussi avoir la tenue adéquate, la posture d'adoration voulue et pratiquer des offrandes en rapport des exigences de la divinité qu'il devait adorer dans la salle du sanctuaire qu'il abordait. Offrandes qui, dans les représentations picturales de l'époque, se matérialisaient par des objets ou surtout des nourritures de la sphère organique, ce qu'il convient de comprendre selon la Science Hermétique et son langage analogique. Ces offrandes étaient donc essentiellement constituées de ce qu'il y avait de plus important et de plus vital pour l'Osiris N. et pour la divinité à laquelle il venait les offrir en franchissant le seuil de la salle du sanctuaire.

Si, sur le plan organique ce qu'il y a de primordial se caractérise par la nourriture sans laquelle la survie d’un individu n'est pas durablement assurée. Sur le plan de l'intemporel et du spirituel, il est tout aussi nécessaire d'entretenir et d'assurer la pérennité de l'âme-de-vie par des nourritures spirituelles. Principe que nous retrouvons dans la Genèse du Sépher de Moïse. Les offrandes que l'Osiris N. devait faire à ces divinités étaient donc constituées de ce qu'il était capable de produire de plus riche et de plus précieux sur ce plan spirituel.

Que peut-il y avoir de plus riche et de plus précieux pour une divinité, que les lumières de Connaissance qu'est capable de refléter un adorateur, après qu'il se soit mis en situation de les recevoir...

Dans le livre pour sortir au jour, notamment celui du papyrus d'Ani, chaque étape que doit parvenir à franchir l'Osiris N. est empreinte d'une grande dévotion, d'une Connaissance considérable acquise tout au long d'une vie terrestre, et d'une totale acceptation volontaire des lois qui gouvernent le monde derrière le monde. L'Osiris N. ne se soumet pas à une ou plusieurs divinités (Puissances ou Principes), il fait état auprès de ces divinités de sa capacité, par les Connaissances acquises, de s'identifier à elles, pour être comparable à elles. Ce n'est que par cette identification parfaite que la divinité gardienne du seuil de la salle du sanctuaire autorisait l'Osiris N. à poursuivre son élévation vers d'autres salles, d'autres divinités.

Jamblique lors de ses interprétations des symboles de Pythagore disait au sujet de ce deuxième symbole :

« Si, en effet, le semblable est l'ami et le familier du semblable, évidemment comme les dieux ont dans l'univers une essence très apte au commandement, il faut leur rendre un culte prééminent ; mais s'en acquitter à une autre fin, ce serait réduire au second rang ce qui commande à tout et renverser tout l'ordre de toute la religion et de tout savoir. »

Il convient donc, me semble-t-il, de considérer que Pythagore enseigne dans ce deuxième symbole, que d'une part, le trajet qui mène au sanctuaire doit faire partie comme un élément du sanctuaire; ce qui implique pour l'initié de ne pas séparer sa vie intellectuelle (le trajet) de sa vie spirituelle (sanctuaire), et d'être capable d'avoir la volonté de pratiquer une pensée constamment homogène qui est la seule ayant la propriété d'élargir son champ de conscience. Et d'autre part, qu'il devra être en possession des offrandes (Connaissances) dont il devra s'acquitter dans le sanctuaire, non pas une fois qu'il en aura franchi le seuil, mais avant d'en parvenir à l'entrée.

Ceci est l'explication ésotérique du fameux pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. Le cheminement sur le Camino est semblable à la longue traversée du jardin du « Bien » et du « Mal » qu'est une incarnation, franchir la porte du sanctuaire implique un changement d'état de conscience, cette mort du profane, pour que puisse renaître l'initié.

Pythagore, dans une analogie redoutable et infiniment subtile, indique par ailleurs que cela vaut pour celui qui entend entrer dans le sanctuaire, mais aussi tout autant pour celui ne faisant que passer près des portes. Ceci veut dire qu'il ne suffit pas de se mettre en disposition spirituelle uniquement lorsque l'on va adorer dans le sanctuaire, mais aussi lorsque ce n'est pas l'objet de sa préoccupation. Pour résumer d'une façon rustique la subtilité de la pensée de Pythagore, je dirai qu'il ne suffit pas de faire preuve d'une Foi ardente quelques minutes avant sa mort, après avoir ignoré les exigences de cette Foi pendant le trajet (la durée) d'une vie.

Parvenir à la maîtrise d'une pensée homogène implique d'être capable de sortir de ce qui constitue l'essence de la « normalité » qu'est la pensée hétérogène, discriminante et involutive. Il faut d'abord le vouloir, ensuite le pouvoir, parvenir à oser et enfin se taire... Mais ceci est une autre histoire sur laquelle j'aurai l'occasion de revenir.