Citations d'Eliphas Lévi 1

Citation d’Eliphas Lévi livre I : 1

Dieu c’est ce que nous apprendrons éternellement à connaître. C’est par conséquent ce que nous ne saurons jamais.

Commentaires :

J'ai tenu à mettre cette citation d'Eliphas Lévi en tête de toutes celles que je propose à la méditation des visiteurs du Temple d'Hermès Trismégiste.

Toute quête de vérité ne peut passer que par cette première interrogation :

Dieu existe-t-il ?

Imaginons qu'il n'existe pas, est-ce que cela changerait la nécessité de nos interrogations sur les choses essentielles qui doivent légitimement préoccuper tous ceux qui sont doués de raison ?

Franchement je ne le pense pas, il y aurait toujours autant de questions du genre : puisque nous ne sommes pas les créateurs de tout, qui ou quoi l'est ?...

Si nous excluons l'existence de "Dieu" (expression commune sans référence religieuse, utilisée ici pour les commodités de la conversation) nous ne pouvons donc plus dire qui, mais seulement quoi... Et encore... Car ce quoi finirait invariablement par un qui...

Donc, nous ne sommes créateurs de rien, mais nous constatons que tout existe, pendant notre état de conscience, mais aussi, que cela existait bien avant que nous en ayons conscience, et que pour bon nombre d'entre nous, cela continuera d'exister bien après la perte de conscience...

Alors si Dieu n'existe pas, et si nous ne sommes créateurs de rien, il ne reste à notre disposition que l'hypothèse du Hasard... Le hasard est par nature aléatoire et imprévisible, sinon il quitte rapidement son statut de hasard, pour devenir une entité cohérente et intelligible. S'il est imprévisible, rien de ce qui existe ne peut donc se prévoir ni s'anticiper... Voilà qui commence mal pour ce dieu des ignorants qu'est le hasard...

Le hasard peut-il avoir une cohérence qui s'étend de l'infiniment petit à l'infiniment grand ? Là encore, cette cohérence du hasard lui ferait perdre tout aussi rapidement son statut.

Arrive alors rapidement la nécessité de l'hypothèse d'un hasard devant cohabiter avec l'harmonie et la cohérence, sans lesquelles l'ordre ne pourrait exister.... le hasard seul n'étant que la manifestation d'un chaos indescriptible. Mais si le hasard cohabite avec l'ordre, alors c'est que l'ordre nécessairement domine et même que c'est cet ordre (connaissance) qui régule les manifestations du hasard (ignorance) qui ne devient plus qu'un des paramètres de cet Ordre et de cette Harmonie.

Inconvénient majeur de l'hypothèse du hasard à l'origine de la création, c'est qu'il n'explique rien, il n'éclaire rien, il ne répond à aucune question raisonnable, en réalité il ne se raisonne pas. Comme il ne se raisonne pas, à quoi servirait-il d'avoir ce type de faculté pour une créature quelle qu'elle soit?... À rien ! Alors, dans un univers où tout existe avec manifestement une bonne raison pour cela, pourquoi existerait-elle cette faculté de raisonner ?

Puisque cette faculté de raisonner la création existe, peut-elle être nourrit pas l'ignorance et les ténèbres chaotiques que distille le Hasard ?... La réponse est obligatoirement non ! Et voilà un autre inconvénient parfaitement rédhibitoire pour faire du hasard l'élu de la Création.

Imaginons maintenant que nous attribuions l'existence de la création à un Divin Créateur, et ce toujours sans la moindre préoccupation théologique, dogmatique ou sectaire.

Pour réaliser cette Création doit-il être seul, on doit-on en admettre plusieurs ?...

Comme le dit si justement le Corpus Hermeticum, s'il y avait plusieurs créateurs, il y aurait différents types de créations, et ces créations seraient régies par des lois qui leur seraient propres, et pas compatibles entre elles. Si nous suivons l'axiome de la Table d'Emeraude qui veut que ce qui est haut soit comme ce qui est en bas et inversement, alors cette cohérence, et cette harmonisation universelle impliquent, comme on dirait aujourd'hui, une centralisation et une normalisation des lois qui sont à l'origine de cette Création. Un peu à l'image de la mondialisation qui n'est possible que par l'existence de lois de commerce qui s'imposent mondialement à chaque participant, et une normalisation des systèmes utilisés.

Sans aller plus loin pour ne pas trop alourdir cet article, il est manifeste qu'admettre l'existence d'un "Dieu", est plus productif et plus fécondant que de s'en remettre au Hasard. C'est aussi un concept qui rend cohérente notre faculté de raisonner cette Création, puisqu'elle vient sans cesse la nourrir ; nourriture qui lui assure sa croissance et sa sophistication, ce que ne permet pas le hasard.

Alors si DIEU est un principe incontournable, s'interroger sur ce qu'il est, et aussi sur ce qu'il ne peut pas être, est incontestablement la première des choses que doit entreprendre le quêteur de vérité, et surtout la plus importante.

Pouvons nous espérer jamais connaître complètement ce DIEU, la réponse à cette question nous est aussi donnée par le Corpus Hermeticum et c'est catégoriquement non ! Ce que les Chrétiens ont abusivement traduits par : Les voies du seigneur sont impénétrables.

Ce qui est un non-sens évident, car si elles étaient réellement impénétrables nous n'aurions pas les facultés pour nous interroger sur Lui.

Alors me direz-vous, si nous ne pouvons pas complètement Le connaître, et si les voies du seigneur ne sont pas si impénétrables qu'il est si péremptoirement affirmé, que nous reste-t-il?

Il nous reste l'une des plus sublimes fonctions de la Création la Perfectibilité, qui fait que nous apprenons à prendre conscience de l'imperfection de notre état actuel, et comment ce qui est imparfait pourrait-il connaître la Perfection absolue... Mais aussi de notre capacité à réduire sans cesse cette imperfection, si nous en avons la volonté et si nous fournissons les efforts nécessaires, ce qui me permet de dire que Dieu ne sera jamais que la plus haute idée que nous serons capables d'avoir de Lui, sachant que ce ne sera jamais définitivement la bonne. En cela je rejoins totalement ce que dit Eliphas Lévi dans cette première citation.

Certains pourraient s'interroger sur le fait que puisque cette plus haute idée que nous serons capable d'avoir du Divin Créateur ne sera jamais la bonne, à quoi bon essayer de se la forger... Ce à quoi je rappellerais ce qui précède à savoir que cet exercice est celui qui permet le plus grand développement de notre intelligence et la plus grande croissance de nos facultés supérieures... Comme disait Confucius :

Au tir à l'arc qu'importe la cible, seule compte la rectitude du geste.

*

* *

Commentaires ------>