Le Grand Arcane 6

Les hommes veulent être dominés, étourdis, entraînés. Les grandes passions leur semblent plus belles que des vertus, et ceux qu’ils appellent de grands hommes sont souvent de grands insensés. Le cynisme de Diogène leur plaît comme le charlatanisme d’Empédoclès.

Commentaires :

Dés le début de cet extrait sur le magnétisme du Grand Arcane d'Eliphas Lévi, nous avons résumé succinctement les effets de ce que les Tables de la Loi du Sépher de Moïse nomment Nahash l'attracteur cupide.

Les hommes veulent être dominés, étourdis, entraînés... Par cette affirmation, Eliphas Lévi nous indique que la domination que subissent les êtres en état d'involution, n'est pas une fatalité accablante et irréductible, mais bien le résultat d'un choix délibéré, celui de leurs désirs. Il pourrait paraître excessif et anachronique de considérer ce désir de vouloir être dominé qu'exprime l'être humain, au point de croire que l'auteur manifeste, par cette expression, un moment d'humeur chagrine. Il suffit pourtant pour se convaincre de la brutale vérité que nous assène Eliphas Lévi, d'observer l'état de comportement des individus des générations présentes, et lorsque l'observation aura été menée à son terme, de l'étendre aux générations écoulées pour constater qu'il s'agit bien d'un dénominateur commun objectivement constatable, celui d'un comportement moutonnier propre au plus grand nombre.

La Divine Providence qui ne peut pas être autre chose que l'expression de la Justice Divine, a pourvu chaque Conscience des mêmes attributs. Chacun possède les mêmes facultés que possèdent tous les autres quelque soit leur niveau d'évolution. Parmi ces facultés il y a bien évidemment le libre arbitre dont l'activation implique obligatoirement l'usage de la volonté (effort, courage, détermination, endurance). Ici nous entrons de plain-pied dans l'exercice des Enseignements de la Grande Tradition Hermétique, qui n'est pas qu'une transmission de savoirs, mais bien de Connaissances, celles qui doivent subir la mise à l'épreuve lors d'applications pratiques. Nous retrouvons en filigrane, la règle de la Table d'Émeraude qui dit : Il monte de la terre au ciel et derechef il descend en terre... Recevoir les richesses de la Divine Providence, au travers de la Connaissance de ses lois (cette montée au ciel) ne permet de se voir attribuer la force des choses supérieures qu'à la condition que son bénéficiaire fasse le choix d'en éprouver les réalités (descente en terre) pour recevoir la force des choses inférieures sans laquelle il finirait écraser par la Force des choses supérieures. Comme le souligne l'adage populaire : celui qui peut le plus, doit pouvoir le moins, ce à quoi je rajouterai que c'est d'abord dans la réalisation de petites choses que se prépare la réalisation des grandes, jamais l'inverse.

Que font les individus de leur libre arbitre dans nos sociétés modernes ?... En vérité bien peu de choses, l'essentiel de leur temps de "veille" étant asservi par ce qu'ils considèrent comme des obligations organiques ou sociales auxquelles ils se persuadent qu'ils ne peuvent échapper. Cet état de domination organique, sociale et culturelle est tel que lorsqu'il advient, pour diverses raisons, qu'il cesse brutalement, l'individu se sent alors égaré, perdu, désocialisé au point d'en arriver à perdre même sa propre dignité d'être humain. Comme si le fait de ne plus être sous astreinte de ses impulsions hormonales, de son travail, de sa famille, de sa condition professionnelle, de sa banque, de son percepteur transformait un individu en sous-être humain. Alors se manifeste l'impérieux besoin de retrouver le confort de l'asservissement et de la domination qui ont pour avantage de servir de tuteur à la cruelle faiblesse qu'engendre l'atrophie de la volonté par manque de pratique du libre arbitre. Ceci nous renvoie à ce que j'ai déjà précédemment évoqué dans les articles dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, je veux parler de la cohorte des individus qui se croient en état de veille consciente alors qu'ils ne sont qu'en état de somnambulisme les trois quart du temps de cette veille (et je suis généreux), ne faisant que machinalement et de façon routinière des choses qui ne résultent pas de leur libre arbitre ni de l'expression de leur volonté. Alors, certains diront, et ils sont très nombreux, mais comment faire autrement lorsque les nécessités vous assaillent ?... Bien sûr il est plus confortable de se laisser entraîner par la foule des suiveurs dont le flot considérable donne le sentiment d'être dans un courant porteur, mais l'activation de cette faculté supérieure qu'est la volonté et qui fait la noblesse de l'âme et des individus, demande forcément du courage, de l'effort, de l'endurance et une farouche détermination, c'est aussi, d'abord et avant tout un acte rebelle de la part des êtres comprenant que leur salut n'est pas dans la culture des faiblesses, mais dans la conquête des forces d'en bas avant de pouvoir espérer celles d'en haut.

Les hommes qui veulent être dominés, étourdis, entraînés, sont avant tout ceux qui se sont fait inoculer, souvent à un âge très jeune, le redoutable venin de la faiblesse qui se traduit en premier lieu par la paresse intellectuelle suivit de près pas la paresse physique et organique. Ce poison de l'âme a pour irrémédiable conséquence l'atrophie des facultés supérieures qui se répercutera sur les facultés de l'appareil sensoriel organique, ce qui condamne actuellement tant de personnes à ces maladies de l'âme avec pour conséquences de plus en plus fréquentes, l'asservissement à la domination des tranquillisants, des anxiolytiques, calmants, somnifères, neurodépresseurs, et autres camisoles chimiques, qualifiés de médicaments de confort. Car ce sont bien des camisoles, tout ce qui empêche l'expression et la pratique du libre arbitre et de sa propre volonté, comme le font les drogues dures ou douces abondamment utilisées pour pallier aux dérèglements que provoque la maltraitance de son corps spirituel. Un grand nombre de maladies du corps physique ont d'ailleurs leur origine causale dans les mauvais traitements infligés au corps spirituel. Tenter de soigner le corps physique sans tenir compte des dérèglements du corps spirituel revient à traiter les effets sans tenir compte des cause, ce que nous appelons la médecine moderne...

Certains matérialistes raisonneurs et ignorants, en sont encore à se demander, à quoi peut bien servir ce qu'ils appellent familièrement : cette prise de tête, que constitue à leurs yeux l'accession à la Connaissance et à la spiritualité (ne pas confondre avec de quelconques religions)... Combien ils trouveraient leur interrogation stupide et d'une grande médiocrité s'ils avaient la même conscience de la nécessité de nourrir leur corps éthérique, comme ils l'ont pour leur corps physique. Ce corps éthérique, qui, pour ceux qui ne sont pas capables de monter volontairement de la "terre" au "ciel", est une chimère qui n'est pas perceptible par leur simple vision binoculaire, est pourtant la source énergétique dont dépend le corps physique sans laquelle il n'existerait pas. Une grande majorité des maux du corps physique proviennent de l'anémie dans laquelle est laissé le corps éthérique, et ce ne sont pas les médicaments chimiques, ni les longues et coûteuses séances chez un psy qui pourront sérieusement traiter la cause, tout au plus peuvent-ils espérer en atténuer les effets, mais au prix d'une dépendance toujours profitable à qui sait l'exploiter, mais rarement au malade.

Les grandes passions leur semblent plus belles que des vertus... Une des principales causes de cet asservissement réside effectivement dans ces grandes passions, émotions, désirs et appétences pour les plaisirs sensoriels. Celles-ci ne demandent rien d'autre que de voir succomber à ses tentations, cette grande prostituée, comme le dirait l'Apocalypse en son chapitre 17 :

1 puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes vint, et il m'adressa la parole, en disant: viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux.

2 c'est avec elle que les rois de la terre se sont livrés à l'impudicité, et c'est du vin de son impudicité que les habitants de la terre se sont enivrés.

Les rois de notre terre s'appellent commerce, consommation, loisirs ineptes, passions sordides, violence, domination des autres, cupidité, égoïsme, convoitise, paraître, orgueil, vanité, moindre effort, paresse, ignorance... autant de tentations auxquelles d'habiles manipulateurs nous soumettent sans cesse que ce soit au travers d'une formation culturelle, sociale, médiatique, publicitaire, politique et professionnelle. Que chacun prenne la peine de réfléchir à ce qui constitue l'essentiel de ses aspirations profondes, et vous serez obliger de constater, pour l'essentiel, qu'il ne s'agit que de désirs et passions qui sont tous en rapport avec l'appareil sensoriel et dont l'intempérance les transforme rapidement en vices. Rares, très rares sont ceux qui ont pour principale aspiration l'élévation de l'âme, la quête de leur vérité profonde, et la préoccupation de leur patrimoine karmique qui sera pourtant un élément si déterminant de leur prochaine réincarnation. Très peu sont même capables de discerner les besoins nutritionnels du corps physique des besoins de leur corps éthérique ou spirituel. Comment s'étonner, dans ces conditions, de voir l'immensité d'une population sombrer régulièrement dans la névrose, les angoisses irraisonnées, et bien que faisant partie de la population planétaire comme étant les plus privilégiés, dans la déprime chronique. Je parle ici de ceux qui ont encore un semblant de conscience dont la petite flamme ne s'est pas encore éteinte, pour les autres qui se complaisent dans ces plaisirs aussi éphémères que dérisoires, de passions médiocres, et de dérèglements émotionnels délirants, leur absence de conscience les a déjà depuis fort longtemps rendus aveugles et sourds.

...et ceux qu’ils appellent de grands hommes sont souvent de grands insensés. Là encore, Eliphas Lévi nous souligne avec sa justesse habituelle, l'un des travers de cette humanité moutonnière et aux dérèglements émotionnels pathologiques et qui est, ce que la bible a traduit par ce peuple se vouant à l'adoration du veau d'or et la pratique de l'idolâtrie. Chaque civilisation élève des Temples aux dieux qu'elle vénère, ceux de notre civilisation ont pour noms hypermarchés et centres commerciaux. Il fut un temps où la sagesse, l'érudition, la connaissance spirituelle faisaient le maître qui servait d'exemple. Aujourd'hui ce sont les bêleurs ou bêleuses du top 50 qui servent d'idoles aux générations montantes ; les hommes et femmes politiques capables d'avoir le plus de manifestations médiatiques, sans rapport avec la moindre éthique intellectuelle, ni même la moindre compétence concernant la chose publique, qui sont les grands de ce monde ; n'oublions pas les sportifs qui sont capables de soulever l'enthousiasme et les passions émotionnelles de très basse intensité, des foules lors des jeux au sein de l'arène, et deviennent les dignitaires que la presse interroge avec délectation, sur des sujets dont ils n'ont pourtant aucune compétence, comme la politique par exemple. Que dire de la cohorte des journalistes qui occupent la sphère médiatique, au point d'en faire leur propriété en imposant leur "style", leurs inepties en matière de moralité douteuse, leur façon de penser que le plus grand nombre doit partager, une orthodoxie comportementale, allant jusqu'à sélectionner les thèmes qui sont acceptables, et d'autres qu'il convient de ranger dans la catégorie des politiquement incorrects...

Non seulement ce que notre civilisation appelle de "grands hommes" (femmes incluses) sont des grands insensés, mais comme ce sont eux, que ces peuples ignorants, incultes et stupides ont placés à leur tête pour les gouverner, nous en sommes arrivés à la quintessence de la stupidité qui est celle qui consiste à avoir fondé un modèle économique mondialisé qui repose sur un mode de consommation dont on sait pertinemment que pour être élargi à toute l'humanité, toutes les ressources de la planète n'y suffira pas. Les promesses fallacieuses d'abondance et d'éradication de la famine vont se traduire, avant peu de temps, par une aggravation de la famine, des restrictions en tout genre et des pénuries chroniques pour un nombre croissant d'individus sur cette terre, dont l'effet systémique finira par atteindre ceux qui se pensent encore à l'abri de ces fléaux.

Il y aurait tant à dire sur les inepties passées et présentes, et que nous devons à ceux que les peuples de notre civilisation ont considérés comme de "grands hommes", qui n'étaient et ne sont que des imposteurs incompétents, qu'un livre ne suffirait pas à épuiser le sujet. Quelques faits dominants restent pour le moment dans la mémoire collective, comme le sang contaminé, la vache folle, Tchernobyl, les hormones de croissance, les problèmes dus à l'amiante, la pollution des fleuves par le PCB etc... pour les plus visibles, qui ne sont pas les plus meurtriers ni les plus asservissants... Pour les autres, combien sont passés sous silence au nom de l'ordre public, d'une corruption complice, du secret défense, ou encore d'une feinte ignorance qui fait des responsables non coupables ?...

Une civilisation choisit ses idoles qui sont toujours à l'image de son niveau de conscience...