Loi de Maât

La loi de Maât.

Juste de pensée, juste de parole, juste d'action, et trop de Maât n'est plus Maât.

Ce pilier de la spiritualité égyptienne est similaire dans l'esprit à cette sentence du Temple de Delphes : Rien de trop et connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux.C'est, comme le disent les physiciens, une formule infiniment simple et élégante, les deux caractéristiques qui en font l'efficacité. Mais il ne suffit pas de connaître la formule pour en maîtriser pour autant toutes les implications, et dieu sait si ces implications sont si nombreuses que l'on pourrait les croire infinies.Commençons par le commencement comme le disait si justement Lao Tseu :Le difficile et le facile s’accomplissent l’un par l’autre.

Pour être juste de pensée encore faut-il avoir une petite idée de ce qu'est la pensée... Pour le profane ignorant la pensée est le résultat des petites cogitations personnelles de son intellect raisonneur, et donc une production spécifique à l'individu, dont il serait le brillant créateur et l'auteur. Vision, - si je peux utiliser ce terme pour qualifier un tel aveuglement -, donc vision terriblement étriquée et égotique que cette définition de la pensée. Partons d'abord d'un postulat éprouvé, fondation solide sur laquelle nous allons pouvoir construire autre chose qu'une cabane à lapins ou des certitudes imbéciles...

Nous ne sommes, et ne serons jamais créateurs de rien! Ce qu'abusivement nous appelons nos "créations" est assimilable à ce que produit un enfant avec un jeu de Légo. Il pourra imaginer toutes les combinaisons possibles, elles ne seront réalisables que dans la limite du "plan de vol" que permettent les briques de base qui servent à leur réalisation. L'enfant n'est pas créateur ni des briques, ni de la matière de celles-ci, et toutes les combinaisons possibles ont déjà été imaginées par le vrai concepteur de ces briques.

Pour la pensée il en est de même, nous ne sommes jamais créateur de ces pensées, (comme le disait Bulwer Lytton dans son roman Zanoni : la pensée est une âme), qui sont les briques que nous utilisons pour donner manifestation à une "forme".

L'axiome des Tablettes de Thoth dit : l'homme ne devient que ce qu'il pense ; ceci est vrai pour le devenir évolutif et involutif de la Conscience de l'être humain, mais comme l'enseigne si subtilement les Tables de la Loi du Sépher de Moïse, l'ensemble de ces pensées servira à générer des formes de vie spécifique dans la sphère organique, mais n'allons pas trop vite en besogne.

Nous ne créons pas de pensées, mais chacun d'entre nous peut aisément constater que nous avons en nous une grande quantité de pensées qui "circulent" en permanence. Ceci vient du fait que si nous ne les créons pas, nous avons la faculté de les recevoir. Nous sommes, les Consciences, de formidables capteurs de pensées. Et la Conscience, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer dans les précédents articles de l'académie d'Hermès Trismégiste, est dotée d'un libre arbitre au travers de sa faculté volitive, elle peut donc choisir dans l'océan infini des pensées préexistantes (ou en contingence d'être comme le disent les Tables de la Loi du Sépher de Moïse), pour ne retenir que celles qu'elle va tenter d'assembler pour essayer de donner une forme spécifique à son propre champ de conscience.

Petite parenthèse, la majorité des êtres humains reçoivent des pensées en vrac, comme les briques du jeu de Légo mélangées dans leur emballage d'origine, et en réalité très peu s'efforcent de les utiliser (les éprouver) pour en faire quelque chose d'original (une personnalité), qui les distingue des autres récepteurs de vrac. Ces pensées que nous recevons en vrac nous viennent d'abord de nos parents, familles, régions, sous forme d'acquis culturels (dont la langue en est une grande pourvoyeuse) et cultuels. De la société par le système éducatif en place, et de son environnement social avec son carcan juridique. Avant même que nous soyons en mesure d'utiliser correctement notre libre arbitre, il a été déverser dans nos jolies calebasses des tombereaux de pensées que nous n'avons pas choisi de recevoir, mais que nous pourrons éprouver si nous activons notre faculté volitive. C'est là que commence soit la Conscience qui s'éveille, soit l'état somnambulique qui est l'apanage de tout ceux qui ne veulent pas se prendre la tête, qui se contentent des apparences, ou qui n'ont pas d'autres ambitions que la satisfaction des cinq sens de l'animal humain. Comble de régression, de plus en plus de parents, ignorants de leurs responsabilités éducatives, ayant en eux si peu des lumières de l'intelligence et de véritable morale, s’imaginent pouvoir compenser leurs carences en plaçant délibérément leurs enfants, de plus en plus tôt, devant cette machine à décerveler qu'est la télévision. Ces enfants en très bas âge sont devant leur poste comme littéralement hypnotisés pendant des heures et des jours entiers, recevant un puissant préconditionnement subconscient à n'être que des consommateurs matérialistes en diable, capricieux, autoritaires, exigeants et violents.

Combien d'adultes sont réellement capables de penser par eux-mêmes selon leur libre arbitre et avec des pensées éprouvées par leur soin?... En vérité un très petit nombre, l'essentiel de la population ne raisonnant paresseusement qu'avec des formules creuses, des lieux communs de la pseudo "normalité", ou avec les pensées des autres sans qu'elle ait (cette population) jamais pris la peine d'en contrôler le bien-fondé, la crédibilité et la pertinence, ce qui implique effort, travail et prise de Conscience. Tout ce fatras de pensées injustes, incohérentes et inharmonieuses ne peut pas donner autre chose que des individus lobotomisés, des sociétés médiocres et des civilisations matérialistes, cupides, violentes, imbéciles et vaniteuses. Le vrac des pensées non éprouvées est le propre de la sphère du Destin, qui asservit toujours l'individu et jamais ne le libère. Fin de la petite parenthèse.

Pour en revenir à notre sublime Loi de Maât, il convient donc de considérer que pour être juste de pensée, encore faut-il faire l'effort de prendre Conscience de ce qui précède, et de la nécessité de sélectionner et d'éprouver chacune de nos pensées. Une pensée a un niveau vibratoire. Il sera de basse intensité si la pensée relève de l'épais, du temporel et de la sphère organique. Il sera de haute intensité si la pensée relève du subtil, du spirituel, du mystique, et de la sollicitation de la Providence. Ainsi, chacun pourra constater dans son entourage le plus direct, que les individus qui collectionnent des pensées de basse intensité construisent des personnalités (formes intellectuelles, mais aussi qui influencent la forme physique), en rapport de l'accumulation de ces pensées ; entretenant un relationnel avec des individus de même complexion, histoire de ne pas trop se sentir dépaysés. Alors que les individus qui s'efforcent d'épurer leurs pensées pour ne retenir que celles de haute intensité, font partie de ce fameux petit nombre qui s'élève sans cesse vers le subtil et l'universel.

Épurer son mental, ce qui est indispensable avant d'aborder la moindre méditation spirituelle, est un exercice qui demande une concentration de tous les instants. S'habituer à choisir chacune de nos pensées, pour ne retenir que celles que nous considérons comme étant en harmonie avec l'éveil de notre Conscience, les lois universelles, et que nous avons fait l'effort d'éprouver par nous-même, est la condition que devra remplir celui qui veut activer sa faculté de discernement et sa capacité d'entendement subtil. Nous retrouvons cette nécessité dans le fameux deuxième symbole de Pythagore lorsqu'il dit :

Ne regarde pas comme un accessoire du trajet le fait d’entrer dans un sanctuaire ou en général d’adorer, même si tu te trouvais à passer juste près des portes.

Pour entrer dans ce sanctuaire, il convient de se pénétrer de l'importance et du sens sacré du lieu (ou état), et de la nécessité de cultiver une pureté de pensées, sans laquelle il n'est pas possible d'espérer avoir une pensée Juste selon la Loi de Maât.

Que ceux qui voudraient s'entraîner à la culture de ces pensées justes, qu'ils commencent par s'interroger sur celles qui fondent leurs convictions, leurs certitudes, leurs croyances, leurs engagements, et qu'ils fassent ce qu'indiquait le Bouddha à ses disciples :

- « Ne croyez rien parce qu’on en fait courir le bruit, ou parce que beaucoup de personnes l’affirment, dit le Bouddha, ne croyez pas que ce soit une preuve de sa véracité. »

- « N’ajoutez aucune foi à quoi que ce soit, simplement sur la production d’une affirmation écrite par un ancien sage ; ne soyez pas certains que ce que ce sage a écrit, ait été revu par lui, ou qu’on puisse y ajouter foi. Ne croyez pas ce que vous vous imaginez, en pensant que, parce que la notion est extraordinaire, elle a dû être inspirée par un Déva, ou un être surnaturel. »

- « Ne croyez pas aux suppositions, c’est-à-dire, admettant quoi que ce soit d’emblée et au petit bonheur, pour en tirer ensuite vos conclusions – calculant vos numéros deux, trois ou quatre, avant d’avoir établi votre numéro un. »

- « Ne croyez rien sur la seule autorité de vos maîtres et de vos instructeurs ; ne croyez et ne pratiquez rien seulement parce qu’ils le croient et le pratiquent. »

- « Moi (le Bouddha) je vous dis à tous, vous devez de par vous-même savoir que cela est mal, que c’est punissable, que c’est réprouvé par les sages ; une telle croyance ne fera de bien à personne, mais causera de la souffrance ; et alors, lorsque vous le saurez, évitez-là.»

Mais attention, l'exercice n'est pas sans danger, lorsque les fondations de l'édifice de nos convictions se révèlent fragiles et instables, l'écroulement de son édifice (dépression) qui s'ensuit est une rude épreuve à surmonter... Il y faut courage, détermination et force volonté, mais ce sont là les conditions pour reconstruire sur du solide hors de la sphère temporelle et mortelle, et en rapport avec les nécessités de la Divine Providence.

*

* *

SUITE------>