La Voix du Silence 2

FRAGMENT -1-

Ces instructions sont pour ceux qui ignorent les dangers des Iddhi inférieurs. Le mot Iddhi est synonyme du Sanscrit Siddhis, et signifie les facultés psychiques, les pouvoirs supranormaux de L’Homme. Il y a deux espèces de Siddhis ; un groupe contient les énergies psychiques et mentales inférieures, grossières : l’autre exige le plus haut entraînement des pouvoirs spirituels. Comme dit Krishna dans la Shrimad Bhagavat :

"Celui qui est engagé dans l’accomplissement de Yoga, qui a soumis ses sens et concentré son esprit en moi, est un des Yogis que tous les Sidhhis sont prêts à servir".

Commentaires :

Lorsqu'un enseignement s'approche le plus de la Vérité absolue, il acquiert les vertus d'intemporalité et d'universalité. Quel que soit l'habit qui le recouvre son essence ne peut donc pas profondément différer d'un autre enseignement qui aurait parcouru le même chemin, acquis les mêmes vertus, mais qui serait recouvert, pour des raisons de traditions et de cultures locales, d'un habit différent.

Ce n'est que lorsque la compatibilité essentielle n'est pas possible, qu'il convient de s'interroger sur la réalité de l'existence ou non des deux vertus qui déterminent la plus haute élévation à laquelle un enseignement peut prétendre.

Comme vous pourrez aisément le constater dans ce court extrait du début de la Voix du silence, il n'y a pas dans l'énoncé d'un principe fondamental, la moindre contradiction avec ce qui constitue l'essence de l'enseignement Hermétique. Preuve s'il en était besoin, de la parfaite validité de ce qu'affirmait Koot Hoomi Lal Singh lorsqu'il écrivait :

"La Philosophie Hermétique convient à toutes les croyances et à toutes les philosophies et ne va à l’encontre d’aucune. C’est l’océan infini de la Vérité, le point central vers lequel coulent et où se rencontrent toutes les rivières et tous les fleuves - qu’ils aient leur source à l’Est, à l’Ouest, au Nord ou au Sud. De même que le cours du fleuve dépend de la nature de son bassin, ainsi le canal pour la communication de la Connaissance doit se conformer aux circonstances environnantes. L’Hiérophante Egyptien, le Mage Chaldéen, l’Arhat et le Rishi étaient tenus aux temps anciens au même voyage de découverte et arrivaient à la fin au même but quoique par des pistes différentes."

L'être humain est doté de pouvoirs supranormaux. Cette affirmation de l’enseignement oriental est rigoureusement semblable à l’enseignement occidental. Si nous considérons les pouvoirs normaux comme étant l'expression des cinq sens organiques de l'animal humain, les pouvoirs supranormaux sont nécessairement ceux qui dépassent les limites organiques de ces cinq sens.

Ce qui, dans l'être humain dépasse les limites organiques, est nécessairement du ressort des pouvoirs spirituels, et c'est dans cet état qu'il convient de placer les pouvoirs supranormaux, qui ne sont pas encore comparables aux pouvoirs divins qui eux sont encore de nature différente et supérieure aux pouvoirs supranormaux.

Accéder aux pouvoirs supranormaux implique d'abord de sortir de la domination des pouvoirs organiques qui caractérisent le puissant ego de l'animalité humaine. Cette accession se fait obligatoirement par l'élargissement considérable de son champ de conscience et l'activation de son libre arbitre, qui, par un effort de volonté, parviendra à dissocier ce qui dans l'être humain est tangible et intangible, matériel et spirituel, mortel et immortel. Ce travail se fait par un long processus d'ouverture d'esprit qui ne s'obtient que par méditation et connaissance. C'est essentiellement un acte rebelle, car il implique justement le franchissement des limites que nous impose la force des désirs de l'animal humain, mais aussi le carcan des traditions, cultures et éducations qui sont venues renforcer les remparts titanesques de cet enclos.

Franchir ces limites est une première étape, elle n'est pas l'ultime tant s'en faut, mais une fois la barrière franchie, l'accession à la divinité n'est pas pour autant garantie. Les lois du libre arbitre font que nous avons constamment le choix entre l'évolution et l'involution, le Destin ou la Providence, et que ce choix nous sommes toujours les seuls à pouvoir le faire. Il y a donc des pouvoirs supranormaux qui seront utilisés dans la direction de l'involution, et des pouvoirs supranormaux utilisés dans la direction de l'évolution... En réalité comme la Divine Création ne fait rien qui puisse être qualifié de mauvais, ce qui en fait le mauvais côté de ces pouvoirs réside uniquement dans l'utilisation qu'en fera son utilisateur, et ce qui sera de sa seule responsabilité morale et karmique.

Dans ce premier extrait de la Voix du silence, nous ne retrouvons rien d'autre que l'unique voie hermétique qui a deux sens, l'un menant vers l'involution et le Destin, et l'autre menant vers l'évolution et la Providence. Pour la voie descendante du Destin, les efforts sont nuls, car il suffit de faire preuve d'indolence de paresse, de laisser-aller et de sombrer dans l'asservissement des forces extérieures. Pour la voie ascendante, comme le précise la voix du silence, cela nécessite le recours à l'effort, la pratique systématique des vertus, l'accession à la connaissance, un sens aigu du discernement et l'activation continuelle de sa faculté volitive, soit le plus haut entraînement des pouvoirs spirituels.

La formule empruntée à Krishna et qui illustre le propos de cet extrait se retrouve synthétisée dans celle d'Eliphas Lévi qui disait :

Le sorcier se donne au Diable, et le Diable se donne au Mage.

Comme ici le Mage n'est pas autre chose que le serviteur de la Providence ; le sorcier, celui qui utilise ses pouvoirs supranormaux avec des énergies psychiques inférieures et grossières se donne au Diable qui symbolise admirablement bien, même si c'est de façon caricaturale, le Destin.

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