Pymandre 3

Corpus Hermeticum: Pymandre.

Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :

Enfin, un cri fit écho, sortant de la nature humide, un appel inarticulé, que je comparai à la voix du feu, alors que de la lumière une parole sainte se répandait sur la nature humide et qu’en jaillissait un feu pur, subtil, véhément et puissant. Suivant l'étude précédente des versets de ce livre premier du Corpus Hermeticum, des ténèbres, le chaos de l'infini des principes indifférenciés sans les formes, l'océan primordial de la Matrice originelle de cette nature humide et fécondante, sort un cri en écho du gémissement indescriptible qui s'est manifesté dans le verset 9. Ce cri est un appel inarticulé qui est comparable à la voix du feu, nous indique cet extrait, dont la description évoque une vibration d'une si haute intensité qu'elle n'est comparable à rien qui soit intelligible aux capacités de la nature humaine. Nous sommes sur le plan le plus grandiose que l'on puisse imaginer du Macrocosme, probablement à l'époque de ce que la science d'aujourd'hui qualifie si improprement de Big Bang. Difficile pour notre entendement d'imaginer ce que peut être un gémissement indescriptible provenant des ténèbres effrayantes, et du cri qui en résonne en écho à ce gémissement. Seule la voix d'un feu puissant et cosmique peut être comparée analogiquement à l'intensité vibratoire de ce cri de la Naissance d’une Création sortant de la Nature humide de la Vierge éternelle.

De la Lumière sereine et joyeuse du verset 8, une parole sainte, le Verbe Créateur en action (la plus puissante des vibrations), vient féconder la Matrice originelle et ce qu'elle contient en contingence d'être. Et ses créatures auxquelles Elle donne naissance, sont d'abord des feux purs, à l'image des cellules embryonnaires d'un fœtus, et qui possèdent de si étranges facultés, puisqu'elles sont capables, ces cellules, dans leur état de pureté embryonnaire, de construire un être complet suivant une architecture infiniment complexe, alors que lorsqu'elles ne seront plus dans cet état de pureté embryonnaire, elles ne seront cantonnées que dans des fonctions terriblement subalternes et incomparablement plus limitées à celles de leur état embryonnaire protéiforme et omniscient.

Ce feu pur est subtil, ceci nous renvoie à la Table d'Émeraude, car qu'y a-t-il de plus subtil que les Lumières de la Divine Providence, dont le Feu qui est ici la Force Vertueuse, se répand avec la véhémence et la puissance nécessaire à l'accomplissant des desseins du Verbe Créateur issu d’une pensée absolument Juste et vertueuse.

Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :

L’air, par sa légèreté, suivait le souffle du feu ; de la terre et de l’eau, il s’élevait jusqu’au feu de sorte qu’il y paraissait suspendu.

À l'image des Tables de la Loi du Sépher de Moïse, et de sa Genèse, dont ce texte sublime est une variante plus poétiquement accessible aux faibles facultés d'une nature humaine encore si peu développée, nous avons dans ce Pymander la description de l'acte Créateur universel. Après le Grand Tout dans son ampleur infinie d'une immuable Vérité Absolue, qui se manifeste par une éblouissante Lumière sereine, joyeuse, et induisant pour celui qui la reçoit, une félicité extrême, elle se dévoile à l'entendement de celui qui accède à cette Connaissance, et parvient à s'approcher le plus de cette Vérité Absolue ; l'éternel Acte Créateur, qui se perpétue, par déclinaison successive, sur tous les plans, et pour chaque manifestation. Cet Acte Créateur constant est constitué par le germe d'une pensée Juste et lumineuse qui contient tout en simultané dans le point central d'un Éternel Moment Présent (le Germe), et qui se divisera en une multitude de phénomènes temporels successifs produisant les arborescences luxuriantes d'une manifestation spécifique. L'Univers est construit selon cette architecture, l'arbre sur le plan terrestre respecte le même processus, l'être humain aussi. Ceci fait que dans l'Éternel Moment Présent, le processus de la Création devient permanent et infini. Ainsi dans ce verset 11, nous assistons à la séparation des quatre éléments, ainsi qu'à la subordination des trois à l'autorité du Feu, l'élément primordial duquel tout est issu.

J'ai déjà eu l'occasion de le dire lors de précédents articles, mais je crois utile de le souligner encore une fois, tant cette évidence n'est pas la plus universellement partagée, que l'Art de la science originelle est un Art de transmutation permanente de l’énergie primordiale, c'est-à-dire rien d'autre qu'une Alchimie. C'est pour cette raison parfaitement objective, que la Science Hermétique est nécessairement celle de l'Alchimie, quel que soit le plan où elle est pratiquée.

Le Premier et le plus grand de tous les Maîtres de cet Art majeur qu’est l’Alchimie, est le Divin Créateur, le Noùs, Lui-les-Dieux.

Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :

La terre et l’eau restaient où elles étaient, si étroitement mêlées qu’on ne pouvait les percevoir séparément, et continuellement mues par le souffle de la parole qui planait au-dessus d’elles.

La Terre, qui n'est pas à proprement parler un élément spécifique, n'est en réalité qu'une Eau à forte densité. Ces deux éléments qui se distinguent par sédimentation, se trouvent être animés par le souffle de la parole qui seul contient l'énergie vitale qui a le pouvoir de venir animer les différents aspects que prendront les combinaisons possibles de ces éléments. Si nous additionnons l'ensemble des éléments qui se sont manifestés dans les versets précédents, nous avons donc le Feu, l'Air, l'Eau, la Terre et le Souffle vital, ce qui nous amène à la quintessence qui est à l'origine de tout ce qui s'anime et se manifeste dans la sphère temporelle.

Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :

Pymandre me dit : « as-tu compris ce que signifie cette vision ? »

La question pourrait paraître incongrue venant de la part de celui qui sait tout en temps réel... Mais en réalité, pour en comprendre l'extrême subtilité, il convient de percevoir que cette question n'est pas celle que se pose Pymandre à Lui-même, mais en l'exprimant, il invite son interlocuteur à se la poser afin qu'il puisse y apporter sa propre réponse, qui sera une indication de la façon dont il est parvenu à recevoir et assimiler les Lumières de cette Connaissance ultime. Le verset suivant nous indique que l'éblouissante Lumière ne produit qu'un bien pâle reflet, et si nous considérons que Pymandre ne s'adresse pas à n'importe qui, mais à l'un des plus grands initiés de la famille humaine (Hermès lui-même), nous ne pouvons que constater avec le minimum d'humilité requise, la distance qui nous sépare d'Hermès, et qui plus est celle qui nous sépare de Pymandre.

Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :

« Je vais l’apprendre, » répondis-je.

Comme ce cher Pymandre est infiniment charitable, et connaît manifestement les limites de nos faibles facultés, il pose une judicieuse question qui va permettre à son interlocuteur, (chaque lecteur de ce Corpus Hermeticum), de manifester son besoin d'être davantage éclairé pour sortir des ténèbres de son ignorance.

Et ce cher Pymandre, va avoir la bonté d'essayer de rendre intelligible à notre faible entendement la sublime perfection de l'immuable Vérité Absolue ; si j'en crois mon expérience concernant les réactions à ce génial Corpus Hermeticum, je crains qu'il n'y soit pas encore totalement parvenu...

Mais n'avons-nous pas l'éternité pour essayer de comprendre, enfin pour ceux qui le souhaitent et font l'effort nécessaire, car pour les autres qu'ils sachent que lorsqu'on ne cherche rien, on ne trouve pas autre chose que Rien!...

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