Pythagore symbole 8

Le sens Parlant de ce symbole ne révèle rien de particulièrement En matière d'enseignement hermétique, difficile de faire mieux que celui que nous transmet Pythagore. Ce symbole N° 8, est presque l'archétype du symbole qui renferme et synthétise ce qu'il contient, comme le ferait la graine d'un arbre, avant de se mette à germer en de multiples ramifications plus ou moins grandioses et luxuriantes lorsqu'elle trouve sa terre féconde.Bien évidemment, nous éliminerons sans hésiter le sens Parlant de cet axiome, car il ne renferme aucune signification objective et réaliste. Le sens Signifiant pourrait éventuellement laisser supposer, ce qui est sa fonction, qu'il ne serait pas correct ou moral de tisonner le feu avec un couteau alors que des tisonniers sont prévus à cet effet... Cette petite indication sur un ordre conventionnel des choses, n'est pas plus satisfaisante que l'incohérence apparente du sens Parlant. Sauf à penser que Pythagore était capable d'une grande insignifiance dans la formulation de ce qu'il qualifiait de "symbole", l'apparence banale et dérisoire de celui qui sert d'étude au présent article est avant tout une indication pour l'initié des richesses spirituelles qu'il renferme.

Pour comprendre pleinement ce symbole, il ne nous reste que le sens Cachant, justement celui qui nous révèle le sens occulte que recouvre le voile de la banalité ordinaire limite médiocre. Nous avons la possibilité d'observer, avec ce symbole, l'extrême subtilité et efficacité dont a fait preuve le Maître pour permettre à son enseignement de n'être perçu que par les véritables initiés et les plus grands adeptes, tout en pouvant transiter par les mains des ignorants et des profanes sans avoir à redouter la moindre divulgation des secrets de la Science Hermétique, qui, je le rappelle encore une fois, est celle de la Haute Magie lorsqu'elle est perçue dans sa vision globale et lumineuse. Ce principe de transmission est similaire à celui utilisé par les lames du livre de Thoth (familièrement connues sous le nom de Tarot), et qui véhiculent sous l'aspect d'un jeu d'images, les Enseignements les plus intemporels qui soient.

Ne tisonne pas le feu avec un couteau... Le mode impératif fait que celui qui en pénètre l'enseignement occulte, doit obligatoirement s'y soumettre sans qu'il soit possible d'admettre la moindre compromission édulcorant inévitablement l'efficacité. Ne tisonne pas, est aussi une expression faisant appel à la manifestation de la volonté du disciple. Comprendre et admettre ce que renferme ce symbole est une chose, mais sa pleine efficacité ne se révélera que lors de sa mise en pratique qui ne pourra se faire qu'à la condition que celui qui reçoit cet enseignement décide de le faire sien, ce qui n'est possible que par confondement et osmose. Là encore, nous retrouvons la nécessité de savoir utiliser avec discernement cette faculté qu'est l'IDENTIFICATION. On ne s'identifie pas à un enseignement simplement par une lecture aussi attentive soit-elle, mais bien par une assimilation de ses principes et la nécessaire mise à l'épreuve, non pas de temps à autre, ou dans certaines circonstances par trop spécifiques, mais bien dans un quotidien le plus banal, offrant, par sa disponibilité, un terrain d'entraînement à ces qualités struturantes que sont la constance, la régularité et l'exercice assidus de la volonté. Cet exercice intensif de la volonté, outre qu'il fait croître une des Vertus cardinales qu'est la Force, sera, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire dans les différents articles du Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, ce qui transformera le savoir en Connaissance en le faisant passer de la mémoire périssable à la Mémoire intemporelle.

Nous pouvons d'ores et déjà en déduire que le commandement : ne tisonne pas, est une sollicitation d'un niveau vibratoire élevé de l'intelligence active du disciple, qui en percevra le sens subtil puissant et profond. C'est manifestement un véritable message codé.

Ne tisonne pas le feu avec un couteau... Que peut bien dissimuler cette formulation si abstruse ?... Nous avons vu que le feu comporte différents aspects selon le plan où il se manifeste. Sur le plan de la plus basse manifestation vibratoire de la nature humaine, nous pouvons assimiler le feu à la moins noble des manifestations que sera le feu de la violence et de la brutalité. Déjà, par cette petite indication, ce symbole commence lentement à révéler ce qu'il dissimule de si riche et de si important, je veux parler de l'excitation et de la provocation qu'un ignorant pourrait manifester devant une personne sous l'emprise de la colère. Tisonner le feu avec un couteau voudrait donc dire analogiquement, exciter ou exacerber la colère d'autrui, ce qui n'est pas et n'a jamais été considéré comme une attitude de grande sagesse, mais bien comme le contraire. Voilà qui devient plus clair à l'entendement ; ne pas nourrir la colère de l'impulsif par des attitudes provocantes, c'est ne pas attiser le feu dévorant qu'est cette colère et qui ne demande qu'à s'embraser toujours plus, quitte à devenir un redoutable fléau incontrôlable. L'individu sous l'emprise de la colère n'est plus maître de lui, il est aveugle et sourd et sous l'emprise de redoutables démons ne demandant qu'à l'instrumentaliser pour en faire une manifestation de leur puissance destructrice. La Maîtrise de ce feu commence, comme le dirait l'expression populaire, par ne pas verser de l'huile (l'essence devenant trop cher) dessus, car la colère pour se manifester a besoin d’énormément d'énergie, pas de l'énergie de nature humaine, mais de nature surhumaine, c'est d'ailleurs pour cette raison que la personne qui succombe à la colère en sort véritablement épuisée. Être un couteau en face de ce feu, c'est symboliquement être une intelligence qui peut soit par ignorance, attiser sa fureur, soit par Connaissance et sagesse, commencer à la domestiquer pour éventuellement le réduire et parvenir à l'éteindre. Et par Connaissance sans sagesse, parvenir à utiliser la colère de l'autre, pour la diriger sur une victime désignée comme responsable (action de basse et diabolique magie). Une des actions de la Haute Magie consiste à parvenir à maîtriser des forces de plus en plus grandes, et qui dépassent les pouvoirs et les limites de la simple nature humaine. Comment parvenir à maîtriser de grandes choses ou puissances, si l'on ne se montre pas capables d'en maîtriser régulièrement de plus petites ?... L'enseignement que renferme ce symbole de Pythagore est aussi et surtout celui qui consiste à prendre Conscience que le vrai disciple de la Science Hermétique est d'une nature spirituelle dépassant considérablement les capacités de la nature physique et intellectuelle, au point d'espérer pouvoir maîtriser des forces et des puissances parfaitement surhumaines. Ceci n'étant que la conséquence de la reconquête des pouvoirs du sceptre que reçoit Adam dans sa forme glorieuse, comme l'indiquent les Tables de la Loi du Sépher de Moïse. Mais avant d'user de ce sceptre avec la majesté et la souveraineté que confère sa toute-puissance, il faut que le disciple apprenne à faire ses gammes en commençant ses applications pratiques par le facile, comme le dit si bien Lao Tseu.

Nous voici sur une autre ramification qui germe de ce puissant symbole. Comment parvenir à la maîtrise d'une personne sous l'emprise de la colère, si préalablement l'officiant n'a pas appris à maîtriser son propre feu dévorant, dont les braises ne sont jamais totalement éteintes au sein de chaque Conscience ?...

Ceci nous renvoie à la célèbre formule du Temple de Delphes : connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux, que n'ignorait pas le Maître Pythagore. Le feu dont il est ici question, je l'ai d'abord traduit par celui se manifestant dans sa forme la plus brutale et la plus violente, celui de la colère, mais ce serait avoir une vision bien étroite que de limiter la signification de ce feu, simplement à cette émotion de basse intensité vibratoire. Le feu du désir et celui des passions est tout aussi dévorant, comme le feu de l'émotion. Ce n'est plus une ramification que nous dévoile ce symbole, mais une puissante arborescence sur le plus grand de tous les combats auxquels sont confrontés l'initié, le disciple et l'adepte. La chute d'Adam a d'abord pour origine la faiblesse de sa faculté volitive face à l'attracteur cupide qu'est Nahash dans la Genèse du Sépher de Moïse.

Cet attracteur cupide va le faire succomber à la tentation de ses désirs et passions, les feux les plus destructeurs et les plus asservissants. Ne tisonne pas le feu avec un couteau, revient donc, avant toute chose, à être capable de maîtriser ce feu émotionnel qui couve en nous et qu'il convient de ne pas attiser par le couteau de notre intelligence s'identifiant à des désirs. Je rappelle tant cela me paraît nécessaire, que l'intelligence n'est pas une vertu. Il y a autant d'intelligence dans le "Bien" qu'il peut y en avoir dans le "Mal", c'est d'ailleurs ce qui rend le combat si redoutable sur le champ des Kurukshetra d'Arjuna, comme le traduit si habilement la Bhagavad Gita.

L'intelligence, pour ne pas tisonner le feu des passions et des émotions, doit donc être un puissant couteau, mais entre les mains d'une Conscience vertueuse. Car, et c'est là encore un enseignement qui se déduit de ce symbole, ce n'est pas le couteau qui est une bonne ou une mauvaise chose, mais uniquement celui qui l'utilise tant dans sa façon de l'utiliser, que concernant la chose sur laquelle il entend utiliser ce couteau (intelligence). Ceci nous renvoie à l'essence de ce symbole où le feu et couteau ne sont que des éléments du problème à résoudre, l'essentiel de ce problème venant de ce qui permettra l'action de l'un sur l'autre, c'est-à-dire celui qui tisonnera. Cette Conscience en action sera soit sage, soit ignorante, et selon l'un ou l'autre cas, elle produira de bonnes ou de mauvaises choses.

Entrons dans l'aspect le plus subtil de l'enseignement de ce symbole. Que faut-il faire pour avoir une intelligence ignorante ? En vérité rien, c'est ce qui s'obtient naturellement en l'absence d'effort, et lorsque que je dis intelligence, j'entends ce qui s'appréhende selon une échelle de degrés qui vont de l'infiniment irresponsable, à l'infiniment responsable. Tisonner le feu avec un couteau faisant partie du plus bas niveau de cette échelle de l'intelligence. Que faut-il faire pour avoir une intelligence sage ? Il faut rien de moins qu'accéder à la Connaissance, et aux pratiques régulières des vertus, dont la plus importante, comme le révèle ce symbole de Pythagore, consiste à la maîtrise et la domination des émotions, les siennes pour l'adepte, et celles des autres pour le maître. Et c'est un autre aspect extrêmement spirituel de cet enseignement, le feu dans sa plus basse manifestation vibratoire, est le feu destructeur et asservissant des désirs, passions et émotions ; pour qu'il redevienne un feu vital fécondant et nourricier, il doit être sous la domination de vertus qui transformeront sa fournaise en lumière ; ce combat était symbolisé dans l'ancienne Egypte par la lutte des deux frères Osiris et Seth. Le but de la Conscience, au travers de sa faculté volitive, étant de parvenir à transformer son énergie vitale physique qui est un feu dévorant, en énergie vitale spirituelle qui est un feu fécondant.

Comment appréhender toutes les nuances de cet enseignement hermétique, sans en arriver à ce qui est à la base de tout, je veux parler de la Pensée. Une personne seule peut parfaitement tisonner le feu de sa colère intérieure avec le couteau de ses pensées simplement en réfléchissant ou en méditant sur des sujets qui en activent la puissance, comme une ou des injustices dont elle aurait pu être victime. Les pensées de vengeance, de convoitise, de jalousie, d'ambition vaniteuse, seront autant de couteaux qui serviront à tisonner le feu destructeur des passions émotionnelles, dont il serait irréaliste de croire que les braises puissent un jour s'éteindre.

Ne pas tisonner le feu émotionnel, consistera bien évidemment à parvenir en toute Conscience à la plus grande maîtrise du choix des pensées que l'on acceptera comme dignes de faire partie de son patrimoine karmique. L'épuration de ce patrimoine passant obligatoirement par l'expulsion des pensées injustes et non vertueuses, c'est aussi le sens profond qu'il convient de donner à ce symbole aux multiples facettes, devenant un code de conduite que se doit de respecter l'aspirant à la plus haute élévation.

C'est en tisonnant avec le couteau d'une pensée sectaire et intolérante que l'on active le feu de la colère des foules ignorantes, faibles et irresponsables ; procédé qui est à la base de la violence et des pires conflits qu'a eu à connaître l'humanité.

Si je devais poursuivre l'exploration subtile de ce symbole, ce que ne permet pas le format des articles de le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, j'aborderais le lien qu'il y a entre les émotions et la mort à laquelle elles condamnent ceux qui y succombent ; alors que ceux parvenant par leur maîtrise au calme et la sérénité se hissent sur l'octave supérieure de leur évolution, celui menant à leur immortalité, mais il y aurait tant à dire sur ce que contient ce symbole : Ne tisonne pas le feu avec un couteau.

Livre des symboles de Pythagore.

Symbole de Pythagore, l’héritier d’Hermès : 8

Ne tisonne pas le feu avec un couteau.

Commentaires :