Alchimie d'Hermès 3

Dans la poursuite de ce précieux Filet d'Ariadne, l'extrait qui sert à l'étude du jour concerne bien évidemment la Science Hermétique.S'attacher à la Science Hermétique par simple curiosité est de l'ordre du savoir, qui se distingue de la Connaissance par le fait qu'il ne fait appel qu'à la mémoire organique périssable et consiste en une accumulation d'informations succinctes, plus ou moins obsolètes et sans grand intérêt du point de vue de la Science Hermétique. Ce savoir n'aura de durée que ce que durera la forme organique, et en cela il peut être légitimement classé dans la catégorie des curiosités. Pour ceux qui abordent la Science Hermétique dans l'espérance d'y rencontrer de l'utilité, qu'ils pourraient transposer pour en tirer un profit matériel, comme c'est le cas d'alchimistes souffleurs à la quête de l'or métallique, la suite de cet extrait indique clairement que leur espérance n'a aucune chance d'être couronnée de succès.

La Science Hermétique, celle des Sages de tous les temps, est à la disposition de tous, mais ne sera accessible, et surtout ne délivrera ses immenses richesses, qu'à ceux qui se seront rendus dignes de les mériter. Litote déjà maintes fois répétée penseront certains, mais dont l'importance détermine réellement la bonne ou la mauvaise orientation de ceux qui s'engagent dans cette voie. L'expérience démontre que bon nombre de postulants qui se croyaient sincèrement en mesure de venir à bout des difficultés qui parsèment ce long chemin vers les lumières de la Connaissance, avec pour seul viatique leurs cinq sens organiques et l'intellect raisonneur qui en est le fruit, se sont vite lassés et laissés dominer par les vices qui occupaient à l'insu de leur propre conscience, un esprit presque complètement sous asservissement de la paresse, du moindre effort, des petits démons de la distraction et des nourritures dévitalisées des plaisirs fugaces, mais ô combien ravageurs pour l'âme-de-vie. Que ceux qui s'engagent dans cette longue quête de la Connaissance, qui n'est en réalité que l'unique sens qui puisse donner de la valeur à une vie incarnée, sachent que la moindre progression est payée par une quantité d'efforts conséquents, qu'il faut et faudra sans cesse aller au delà des limites du facile, et que la Connaissance ne s'acquiert qu'à partir du moment où commence la douleur physique des neurones et des capacités supérieures, qui se sont par trop atrophiés pour cause d'inutilisation chronique.

Il n'est possible de passer à un état supérieur à celui qui est le nôtre, qu'en parvenant à la perfection de cet état, c'est le sens même du principe d'évolution. Chaque forme de vie ne correspond qu'au développement d'une conscience capable de s'en revêtir ; et la forme humaine est loin d'être la plus développée de la Création.

Connaître les difficultés qui devront être surmontées, pour parvenir à ouvrir le livre de la Science Hermétique, permettra au postulant sincère, d'activer sa faculté volitive qui le placera en position de manifester son désir de recevoir les lumières de la Divine Providence. Les efforts et la persévérance qu'il sera capable de mettre au service de cette volonté, seront autant de sacrifices et d'offrandes qu'il apportera sur l'autel du Temple sacré, ce qui nous renvoie aux précédents articles sur les symboles de Pythagore, entre autres...

En illustration de cette nécessité de se mettre dans les bonnes dispositions avant d'aborder la Science Hermétique, je vous offre ces quatre petites clavicules de la Sapience :

40 - Les dieux n’habitent jamais les Temples de la routine et de la médiocrité humaine ! Malheur à ceux qui s’obstinent à rester dans le Temple quand les dieux n’y sont plus !

807 – En bavardant avec mon prochain, je partage mes imperfections,, en conversant avec les dieux je me perfectionne.

947 – Si vous pensez qu’un animal n’est pas autre chose qu’un être humain sur la voie de son évolution, vous finirez par le regarder d’un autre œil, celui de votre conscience. Et si vous croyez cette idée saugrenue, dites-vous que les dieux savent que nous sommes des dieux sur la voie de notre évolution.

978 – La seule différence qu’il y a entre les dieux et les êtres humains, c’est que les premiers expriment des vertus sur différents degrés de hiérarchie, et les seconds, des vices en hiérarchie croissante inverse à l’autre.

Pour conduire l'ouvrage de cet Art des arts, comme le désigne si justement cet extrait du Filet d'Ariadne, il convient de prendre conscience que la Science Hermétique est la plus haute de toutes les sciences, puisque c'est celle qui nous faisant sortir des limites extrêmement étriquées de l'ego de nos cinq sens organiques, va nous permettre d'activer nos cinq sens spirituels supérieurs ; ceux sans lesquels il n'est pas possible de sortir de la sphère temporelle et périssable du Destin : la roue des réincarnations. Le voyage est long, les difficultés nombreuses, les résultats pas toujours à la hauteur de nos attentes déraisonnablement empressées, mais lorsque la détermination est sans faille, alors la Providence sait se manifester et apporter les soutiens qui seront nécessaires à la poursuite de l'ouvrage. Quelques sentences de ce magnifique et très ésotérique recueil qu'est le Kybalion disent :

Les lèvres de la Sagesse sont closes, excepté aux oreilles de la Raison.

Sous les pas du Maître les oreilles de ceux qui sont prêts à comprendre sa doctrine s’ouvrent toutes grandes.

Quand les oreilles de l’élève sont prêtes à entendre, c’est alors que viennent les lèvres pour les remplir de Sagesse.

La Vraie Transmutation Hermétique est un Art Mental.

Posséder le Savoir, si on ne le manifeste pas et si on ne l’exprime pas dans ses Actes est comme la thésaurisation d’un précieux métal, une chose vaine et folle. Le Savoir, comme la Santé est destiné à Servir. La Loi de l’Utilisation est Universelle, celui qui la viole souffre parce qu’il s’oppose aux forces naturelles.

Les demi-initiés, reconnaissant la non-réalité relative de l’Univers, s’imaginent qu’ils peuvent défier ses Lois ; ce sont des sots insensés et présomptueux qui vont se briser contre les écueils et que les éléments déchirent à cause de leur folie. Le véritable initié, connaissant la nature de l’Univers, se sert de la Loi contre les lois, du supérieur contre l’inférieur, et par l’Art de l’Alchimie, il transmute les choses viles en des choses précieuses ; c’est ainsi qu’il triomphe. La Maîtrise ne se manifeste pas par des rêves anormaux, des visions et des idées fantastiques, mais par l’utilisation des forces supérieures contre les forces inférieures, en évitant les souffrances des plans inférieurs en vibrant sur les plans supérieurs. La Transmutation, non pas une négation présomptueuse est l’épée du Maître.

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Commentaires ------>

Si est-ce pourtant que grand nombre personnes s'y attachent, les uns par curiosité, les autres dans l'espérance d'y rencontrer de l'utilité. Encore s'ils ne faisaient tous que lire et tâcher de pénétrer le sens des Livres des Sages, cela serait en quelque façon tolérable, mais la plupart consomment leurs biens, et ensuite ceux des autres, à travailler et à chercher ce qu'ils ne trouveront jamais. En bonne foi, tous ces gens me font pitié de s'attacher si opiniâtrement a chercher avec tant de frais, et de perte de temps, et à vouloir faire une chose qu'ils ne savent pas, ni même le moindre des principes. Dans tous les Arts il faut bien savoir, les principes et le moyen d'opérer, et celui-ci qui est l'Art des arts, ils le veulent entreprendre, sans en savoir ni le commencement, ni le progrès, ni les moyens de conduire leur ouvrage a une due et raisonnable fin. Commentaires :