Carnet du Rémora page 4

Que signifie le nom de Rémora ?

Remore : Nom d'un petit poisson que les Anciens disaient avoir la propriété d'arrêter un vaisseau dans sa course, quoique voguant à pleines voiles. Les Philosophes Hermétiques ont donné le nom de Remore et d'Echénéis à la partie fixe de la matière de l'Œuvre, par allusion à la propriété prétendue de ce poisson, parce que cette partie fixe arrête la partie volatile en la fixant.

Dictionnaire Mytho-Hermétique de Dom Antoine-Joseph Pernety

Claude Le Moal 9 aout 2009

NOTE N° 22

Les civilisations naissent, se développent et disparaissent toujours en croisant à leur naissance la civilisation déclinante. Ainsi, le principe de transmission des connaissances se retrouve-t-il sur tous les plans, les niveaux de conscience et de formes ; c’est grâce à ce principe de chevauchement que la perfectibilité est le dénominateur commun de l’ensemble de la création.

Relevons dans les notes qui précèdent, qu’un principe universel et intemporel se décline sur tous les plans, à toutes les époques et pour toutes les espèces. Le processus d’évolution suppose l’entrée par l’acquisition (identification) dans une pensée-forme, et sa sortie qu’après avoir accédé à la perfection de cette pensée-forme. Son niveau le plus élevé se traduit invariablement par cette volonté de servir d’une façon désintéressée le groupe de cette pensée-forme en léguant aux générations montantes, autant qu’il soit possible compte tenu des écarts d’évolution, les richesses accumulées par la génération sortante. Tant que la Conscience d’une forme (individuelle ou collective) n’est pas parvenue à l’ardente pratique de cette vertu théologale qu’est la Charité, elle n’a pas atteint la perfection de sa forme, et ne peut donc pas légitimement prétendre s’en affranchir.

Un Principe universel ayant sa correspondance sur tous les plans, nous retrouvons dans la libération de la forme physique les mêmes similitudes. Lors de la décomposition de cette forme (combustion organique lente) elle restitue à la nature l’intégralité des éléments (Feu, Air, Eau, Terre) qu’elle lui a empruntée. Pour sortir d’une pensée-forme inférieure, il conviendra d’être capable d’en assurer la combustion pour restituer à cette catégorie de formes, l’ensemble des éléments qui ont permis à la Conscience de se hisser à une vérité d’une plus grande amplitude. Ce travail de restitution se fait dans le cadre d’un service désintéressé de groupe, car il est aisé de comprendre que servir ne peut pas se résumé à se servir soi-même, mais bien servir charitablement les autres. Cette volonté de servir n’est plus ici qu’une simple manifestation de gratitude envers ceux, Consciences supérieures souvent discrètes ou occultes, qui nous ont permis de recevoir, tout au long de nos incarnations, leurs richesses sans rien attendre de nous en retour que d’en faire le meilleur usage pour le propre développement de notre Conscience. Cette pratique volontaire de la gratitude est en même temps l’indication pour les Puissances supérieures, que nous avons pris Conscience que l’énergie dans sa forme la plus pure est l’Amour s’exprimant par la vertu de la Charité totalement désintéressée et en toute humilité.

Nous pouvons constater que la Conscience est ce qui est capable de franchir les barrières des plans, des espèces et des formes. Elle peut le faire en fonction de la qualité, quantité et type d’énergie originelle qu’elle parviendra à concentrer dans des pensées plus ou moins justes et auxquelles elle pourra s’identifier lors de la manifestation de leurs formes. Cette Conscience n’est ni la pensée, ni la forme elle est cette parcelle de la vie universelle qui persiste en dehors de toute forme, tout en conservant l’état d’évolution de son patrimoine karmique.

Cette lumière de vie universelle, par sa faculté volitive, se projette dans le monde des formes pour acquérir la Connaissance de toutes choses ; connaissance qui accroît la lumière que la Conscience peut alors projeter dans le règne des sans forme de l’Éternel Moment Présent, pour tenter d’en comprendre la nature du dessein et la cause de l’univers, des corps, des pensées, forces, énergies et matière sans être pour autant aucune de ces manifestations.

NOTE N° 23

L’âme-de-vie consciente d’elle-même n’est donc ni esprit ni matière, mais le troisième terme donnant naissance à ses polarisations. Elle est l’Androgyne qui résulte de l’analogie de ces contraires. L’âme-de-vie consciente d’elle-même (différenciée de l’Universel) est le médiateur plastique (protéiforme) entre ces deux antagonismes que sont la Providence et le Destin, l’immatériel et le matériel, l’infini et le fini, l’intemporel et le temporel, le féminin et le masculin. Cet antagonisme est une nécessité irréductible sans lequel la dualité ne pouvant exister, le fait Créateur n’aurait aucun sens, car le Un est et reste par essence unique et ne peut pas se multiplier. Se pose alors la question de savoir comment l’infini peut-il se manifester dans le fini sans perdre les attributs de son état ? Comment l’immatériel peut-il assurer la pérennité des cycles de la matière sans pour autant subir les limites de cette matière ? Comment l’intemporel peut-il avoir le moindre commerce avec le temporel sans que l’un et l’autre s’annihilent comme lorsque la matière rencontre sa polarité opposée d’antimatière ?

Cela est possible par le fait que si le Un ne se multiplie pas, il a la faculté de se diviser, et cette division qui n’est plus de même nature que le Un peut alors se différencier de Lui par son imperfection, et exister le temps que durera cette imperfection. Si le Un est un cercle, la division de se Un ne fera pas deux cercles séparés l’un de l’autre, mais deux cercles à l’intérieur de ce Un le grand Cercle. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ... À la conception de l’être humain, la cellule Mère fécondée ne se multiplie pas, mais se divise à l’intérieur de son propre cercle jusqu’à l’obtention de la forme spécifique à cette cellule souche. Le point éternel de la Genèse n’est pas un moment de l’histoire de la Création, il est et reste le point de départ de toute manifestation de la moindre création. Un être humain, comme l’explique admirablement H.P. Blavatsky dans sa Doctrine Secrète, avant que de naître à la lumière du jour, parcours en accélérer toute l’évolution depuis ce point de Genèse Créateur, jusqu’à la forme que lui permet d’occuper l’évolution karmique de sa Conscience, en passant par toutes les étapes de l’évolution (minérales, végétales, aquatiques) qui ont été nécessaires pour parvenir à cet aboutissement. Un résumé des acquis de l’évolution qui se conservent éternellement.

Chaque opposé conserve éternellement son antagonisme, tout en ayant comme moyen de communication le médiateur plastique de la Conscience de l’âme-de-vie qui peut s’identifier à la forme matérielle pendant une durée finie, tout en conservant sa faculté d’éternité. Cette Conscience retrouve son éternité lorsqu’elle cesse son identification illusoire au temporel, pour redevenir une Conscience indéterminée en forme, sans être pour autant totalement infinie eu égard à l’état de développement de son patrimoine karmique. Ceci pour ceux qui pensent qu’il est possible de passer de l’état de cavernicole velu à celui d’Ange dans sa forme glorieuse, sans passer obligatoirement par toutes les étapes intermédiaires. Nous ne sommes que ce que nous avons été capables de penser dans les incarnations passées, et nous ne serons (ici comme dans cet hypothétique au-delà *) que ce que nous sommes capables de penser dans l’état de notre incarnation.

La Conscience n’est pas finie et mortelle, en cela elle n’est pas la matière, mais l’Esprit de cette matière. Mais si elle est immatérielle dans son essence, elle n’est pas pour autant infinie, ce qui lui permet de se différencier de l’Universel. La part d’inconscience qui entoure la Conscience lui confère un statut d’Esprit imparfait, et en cela elle n’est pas non plus l’Esprit, mais une imperfection de cet Esprit. Cette particularité lui donne la faculté propre à ce caractère plastique lui permettant de passer de l’un à l’autre, de recevoir de l’un et de l’autre, et de transmettre à l’un et à l’autre. La Conscience est bien cette puissance qui se trouve entre la Providence et le Destin, sans être ni l’une ni l’autre.

L’âme-de-vie est l’ombre-nôtre de l’Anima Mundi, comme l’enseignent si justement les Tables de la Loi du Sépher de Moïse. Et cette ombre-nôtre n’est pas plus la chose de laquelle elle provient, que le sceptre du Roi n’est le Roi lui-même. l’âme-de-vie, à l’image de son Créateur, est potentiellement éternelle et infinie, comme chaque cellule souche à la possibilité d’être intégralement la forme à laquelle elle finira par appartenir comme élément nécessaire à sa composition. Cette cellule qui se contentera de n’être qu’une très faible partie de cette forme (corps physique), conservera malgré tout toujours la capacité d’être ce grand tout supérieur à la somme des éléments qui le composent. L’âme-de-vie, si par essence elle est et reste potentiellement éternelle et infinie, possède par le truchement de sa Conscience et l’état de son développement, la possibilité de se cantonner dans des identifications subalternes dont l’amplitude sera fonction de son degré d’inconscience (d’ignorance).

Je dis hypothétique au-delà, car celui qui approche l’Éternel Moment Présent, ne peut plus faire de distinction entre l’au-delà et l’en-deçà.

NOTE N° 24

L’Esprit et la Matière seraient éternellement dans un océan d’énergies-pensées si la myriade de Consciences ne venait les manifester en une infinité de pensées-formes. Par cet aspect constructeur, l’âme-de-vie consciente d’elle-même est le point focal d’attraction dans toutes les formes de l’univers.

L’Âme du Monde réalise son oeuvre créatrice au travers de la multitude fractale des âmes-de-vie différenciées de l’universel. Chacune de ces Consciences exprime à son niveau vibratoire une part de la force de l’évolution en cohérence avec les autres manifestations de consciences plus ou moins proches en développement, mais dont la nature commune permet une certaine harmonisation vibratoire des qualités, caractéristiques et couleurs. Cette compréhension environnementale (expression d’un degré d’intelligence) sera le fil qui tissera la trame de l’ouvrage grandiose, reliant ainsi l’Unité à son ensemble en passant progressivement d’un état microscopique à un état macroscopique.

Ainsi, la béatitude de l’inconscient collectif indifférenciée de l’Universel, est-elle progressivement compensée par l’état de Conscience, s’élargissant au fur et à mesure des acquis de la Connaissance, que lui procure le parcours de l’oeuvre de la Divine Création au travers des épreuves des différentes formes. Les béatitudes innocentes de l’état d’inconscience font place aux illuminations croissantes d’une Conscience en état d’évolution, pour finir par être totalement remplacées par les extases d’une supraconscience, mais la route est encore longue avant que la substitution soit complète. D’autant, qu’avant d’atteindre à la supraconscience, il faudra parvenir à hisser volontairement la Conscience du corps physique dans le corps intellectuel, et du corps intellectuel dans celui du corps spirituel. Une fois ce résultat obtenu, il faudra encore une longue période d’apprentissage (d’initiation) pour que les Connaissances de cette Conscience dans son corps spirituel soient suffisantes pour d’une part se débarrasser définitivement du corps physique dense de la sphère temporelle, et d’autre part, qu’elle puisse se hisser dans le corps éthérique donnant accès à la supraconscience.

Toujours, selon le sacro-saint principe des alchimistes, il convient pour saisir la réalité subtile de ce qui précède de suivre la Nature. Un nouveau-né s’incarne dans un état de béatitude inconsciente presque intégral. Au fur et à mesure de sa croissance dans le monde physique, et des multiples expériences, épreuves et apprentissages, cette béatitude régressera pour faire place à l’éveil de sa Conscience. Cette Conscience s’élargira avec la croissance de ce corps physique en se hissant chaque fois au plus au niveau qu’il lui sera possible. Pour ce qui est du corps intellectuel, nous pouvons constater, comme le dit l’adage populaire que : la fonction crée l’organe. La Conscience d’un individu qui ne s’occupe que de lui-même sera nettement moins développée que celle de celui qui a la responsabilité de sa famille et ses proches. Comme la Conscience de ce dernier sera nettement inférieure à celle de celui qui accède à de lourdes responsabilités collectives, qu’elles soient politiques, éducatives, culturelles, sociales, associatives ou cultuelles. Chaque fois que le corps intellectuel croît, il permet à la Conscience de s’élargir et de s’élever. Ce qui est constatable pour la Conscience dans le corps physique, comme celle du corps intellectuel, est ce qui se produira lors de la croissance du corps spirituel.

Lorsque le corps spirituel atteint par sa croissance une dimension supérieure à la forme humaine individualisée, il devient la forme du groupe auquel il appartient, et la Conscience s’élève alors à son plus haut niveau qui est celui du service désintéressé de ce groupe allant de paire avec le plus haut niveau de responsabilité et de sagesse (pour cette forme) qui se traduit par la préoccupation des autres sans aucune préoccupation égotique.

NOTE N° 25

Les âmes-de-vie consciente d’elles-mêmes étant de filiation commune, possèdent la faculté de se comprendre entre membres d’une même forme (manifestation), mais aussi avec celles des formes différentes dont le niveau de développement de conscience les rend proches. Le minéral établira des échanges hiérarchisés avec le végétal ; le végétal des échanges nettement plus sophistiqués avec l’animal ; l’animal dans sa plus haute évolution humaine, sera capable de comprendre et d’interagir avec tous ces états de la matière, ce que lui permet le niveau élevé de son champ de Conscience. Ces interactions seront en partie ascendantes, en partie descendantes. Pour la partie descendante, la Conscience pourra comprendre et interagir avec tout ce qui est inférieur à son niveau de développement. Pour la partie ascendante, elle pourra comprendre et interagir qu’avec les premiers niveaux de Conscience qui sont juste au-dessus du sien. Un chien sera capable d’aimer son maître et de comprendre ce qu’il attend de lui, à condition que ce soit en rapport avec ses facultés et capacités. Mais il sera incapable de comprendre et donc d’interagir sur ce qui constitue l’essentiel de la vie de son maître, sauf si ce dernier mène une vie de chien.

Dans ce rapport de la Conscience inférieure et supérieure, la communication devient possible par l’alignement d’un certain niveau vibratoire. Il faut que l’intelligence du chien s’élève considérablement pour comprendre un langage totalement étranger à son espèce et sa nature celui de son maître. Ce dernier ne peut se faire comprendre de son chien que s’il a l’intelligence d’élargir son champ de Conscience au-delà des limites de son propre langage et des caractéristiques propres à sa nature. Le Maître utilisera pour communiquer avec son chien son propre langage sachant que seules les modulations vibratoires seront perçues par son chien, langage qu’il associera à un symbole assimilable par l’animal, lequel fera le lien entre ce symbole (fonction) et cette modulation vibratoire. Le chien ne comprend pas le langage humain au sens conceptuel ou nous l’entendons au sein de cette espèce, mais uniquement par le truchement du traducteur universel qu’est l’analogie.

Certains singes (Chimpanzé, Bonobo, Pélerin), sont capables à l’aide d’icônes de construire des phrases abstraites proche de la forme intellectuelle du langage humain. Ces constructions idiomatiques du singe impliquent un très haut niveau d’évolution au sein de son espèce, mais il convient de considérer que ce singe qui parvient à communiquer comme un être humain, le fait dans une forme de langage qui pour ce dernier est proche de l’expression du singe... Nous retrouvons là, le principe de perfectibilité qui veut que la plus haute tonalité d’une forme corresponde à la plus basse tonalité de la forme supérieure.

Par ailleurs, un agriculteur cultive une plante en fonction d’un choix dont il croit avoir la complète maîtrise, mais compte tenu de l’extrême compétition qui règne dans le monde végétal, rien ne dit qu’une dynastie de plante n’utilise pas délibérément les êtres humains pour parvenir à coloniser de plus en plus d’espace, et assurer une certaine hégémonie planétaire. Cette hégémonie s’exerçant à l’insu des individus en contrepartie de la nourriture que cette plante lui concède.... Ici, entre en jeu non pas la plante en tant que telle, mais la puissance de son groupe (autre forme de manifestation) et le pouvoir de domination qu’il se croit obliger d’exercer.

Cette interactivité des Consciences sur le plan du microcosme se fait par le biais du langage analogique qui est le seul capable de franchir la barrière des espèces. C’est donc par ce même langage que la communication du microcosme peut se poursuivre dans le macrocosme, et par aucun autre.

L’infiniment plus petit étant reconnu, en tant que Conscience, de même nature que celle admise dans l’infiniment grand, ce concept restera abstrait tant que la Conscience de l’être humain n’aura pas atteint l’amplitude capable de concrétiser cette vérité perçue dans une mise en pratique au quotidien.

Exemple : Lorsqu’un être humain a compris qu’il existait un certain niveau d’échange possible entre sa Conscience et celle de son chien, il établit et MAINTIENT ces échanges dans une pratique quotidienne. Ceci assure le développement de plus en plus subtil et le renforcement de cette forme de communication entre espèces et Consciences de différents niveaux. Comme l’a si bien traduit Lao-Tseu : le sage est le maître de celui qui ne l’est pas, et ce dernier est la matière sur laquelle il agit, c’est pourquoi ils ont besoin l’un de l’autre.

En application du principe universel de la Table d’Émeraude, si ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, alors la pratique du langage analogique subtil entre la Conscience humaine et celle des Conscience supérieures à cette forme, doit être d’une part établie et d’autre part, constamment entretenue. Étant entendu que ce ne sont jamais les dieux qui deviennent des hommes, mais les hommes qui ont la la faculté de venir des dieux, selon leur libre arbitre...

Note N° 26

Lorsque la méditation s’exerce de façon constante dans le corps spirituel, la Conscience découvre que les formes de ses trois corps dans le microcosme ne sont que des reflets (déclinaisons) de ses trois corps du macrocosme que sont l’astral, l’éthérique et le mental supérieur. L’astral est en étroite correspondance avec chaque organe du corps physique ; l’éthérique avec le corps intellectuel et le mental supérieur avec le corps spirituel. La Conscience qui se manifeste dans chacun de ces corps étant l’expression d’un état en rapport avec le développement du patrimoine karmique, car il y a toujours correspondance entre la taille de ce corps et l’amplitude de la Conscience. Rappelons que cette Conscience n’est qu’une manifestation polarisée de l’androgyne qu’est l’âme-de-vie.

La Conscience de l’âme-de-vie remplit cette fonction médiatrice entre les différents plans de la Création (macrocosmiques où microcosmiques), son essence étant de même nature que celle de l’Âme Universelle, cela lui donne cette possibilité de franchir les barrières des plans, des espèces et des règnes inférieurs et supérieurs.

Les hiérarchies du monde inférieur (microcosme) et du monde supérieur (macrocosme) étaient représentées dans le zodiaque de l’ancienne Égypte, que l’on retrouve sur le plafond du temple de Dendrah, sous l’aspect de deux représentations de la déesse Nout (le ciel), pour sa partie supérieure elle contient soixante-quatre étoiles, et pour la partie inférieure, le même nombre d’étoiles. Cette représentation symbolique et symétrique des puissances astrales est en parfaite harmonie avec la Table d’Émeraude qui veut que ce qui est en bas soit comme ce qui est en haut et inversement. Il est étonnant de constater qu’en Chine, le Yi-Jing est représenté sous l’aspect d’un carré comportant soixante-quatre hexagrammes, entouré d’une circonférence composée des mêmes soixante-quatre hexagrammes. Ces cent vingt-huit symboles sont considérés, dans la tradition chinoise, comme la représentation de tout ce qui a été, est et sera créé.

Dans le même ordre d’idée, l’oeil d’Horus (Oudjat), était composé de soixante-quatre fragments. La combinaison de ces soixante-quatre Puissances des hiérarchies supérieures ou inférieures, donne une infinité de manifestations possibles, comme il est aisé de le constater par la richesse de la biodiversité sur terre depuis son origine.

Cette correspondance entre la hiérarchie du macrocosme et du microcosme a été établie dans toutes les grandes traditions, notamment en accordant à chaque partie ou organe du corps physique une correspondance avec une des planètes du système solaire ainsi qu’avec une des constellations du zodiaque. Pour le corps intellectuel, il en est de même. Ainsi, le coeur ardant et vaillant sera l’expression du Soleil ; l’intelligence l’expression de Mercure ; la beauté et l’harmonie attribuées à Vénus ; la rêverie et le lunatisme à la Lune ; la force et la colère à Mars ; la justice et la maturité à Jupiter, et la déprime et l’état taciturne à Saturne.

Puisque la Conscience est le trait d’union entre tous ces règnes, elle ne peut parvenir à remplir sa fonction médiatrice qu’à la condition qu’elle accède d’une part, à la maîtrise du langage analogique, et d’autre part, à la connaissance des différentes puissances composant ces hiérarchies, grâce à laquelle il sera possible d’établir des communications télépathiques.

Note N° 27

Chaque communication télépathique avec les différentes Puissances de ces hiérarchies sera rendue possible selon l’intensité énergétique vibratoire que pourra développer cette conscience ; intensité vibratoire qui découlera du niveau de développement de son patrimoine karmique, lui-même en rapport avec l’accumulation des Connaissances effectuée tout au long de ses incarnations.

La concentration de cette énergie vitale dans le corps physique, se manifestera par des habilités manuelles ou sportives servant de références qualitatives entre les individus d’une même espèce, et de Principe de perfectibilité à son plus haut niveau pour une forme donnée. La concentration de cette énergie dans le corps intellectuel donnera des leaders politiques, philosophiques, scientifiques ; de brillants commerçants, industriels ou financiers. Chacun devenant dans son plus haut niveau d’évolution le médiateur entre le Principe supérieur qu’il incarne et le plan inférieur de manifestation dans la matière la plus dense, ainsi qu’entre ce Principe incarné et et les autres. La concentration de l’énergie vitale dans le corps spirituel produira des mystiques, des occultistes et les grands initiés qui seront les médiateurs, entre les Puissances incarnées, et les Puissances spirituelles du Mental supérieur.

Chaque état de Conscience concentre dans le cerveau, une énergie vitale mettant l’âme-de-vie en rapport avec le milieu correspondant à son développement. Son positionnement dans l’un des trois corps procurera à ce dernier une puissance d’animation communiquée par l’énergie véhiculée par cette Conscience.

Lorsque l’on fait l’effort de comprendre ces mécanismes universels de concentration d’énergie vitale au sein d’un état de développement de la Conscience se focalisant dans un de ses trois corps de manifestation, le regard et la compréhension sur tous ceux qui nous entourent acquièrent une plus grande amplitude. Chaque individu, de chaque espèce, n’est que le reflet d’un état d’évolution karmique et d’élargissement du champ de sa propre Conscience ne lui permettant qu’une certaine concentration d’énergie vitale ; concentration qui ne lui donne accès qu’à certaines Puissances dans la Hiérarchie macrocosmique et de laquelle il puise ses ressources. La faiblesse corporelle physique pourra donc s’expliquer soit par un faible développement d’une jeune Conscience nouvellement incarnée dans la forme qu’elle occupe ; faiblesse qu’elle pourra aisément compenser par un effort spécifique dans la compréhension des mécanismes de développement physique, la pratique des exercices nécessaires à ce développement et la volonté de vouloir procéder à son perfectionnement. Cette faiblesse pourra aussi s’expliquer par le transfert volontaire de la Conscience dans son corps intellectuel ou spirituel. Auquel cas, le corps physique, sans qu’il soit pour autant laissé à l’abandon ce qui serait une marque profonde d’ignorance, ne sera plus l’unique objectif de perfectionnement de cette Conscience, mais juste une étape nécessaire à son évolution dans les corps supérieurs. Cette Conscience n’investissant que ce qui est juste nécessaire aux fonctions équilibrées de ce corps physique.

Un individu faiblement équipé en capacités physiques, s’il n’a par ailleurs aucun développement intellectuel ni spirituel, sera donc la manifestation d’une Conscience ayant une faible concentration d’énergie vitale et un bas niveau de développement. Il est admis dans certains enseignements spirituels qu’il y a des incarnations qui ne seraient que des pauses pendant la durée desquelles la Conscience prendrait certaines vacances. L’ineptie d’un tel point de vue est aisément démontrable par le simple fait que l’incarnation est toujours une mise à l’épreuve en vue de l’acquisition de nouvelles Connaissances, et donc de ressources énergétiques. Perdre le temps précieux que représente cette incarnation ne serait pas en soi bien grave pour qui possède l’éternité, mais les souffrances nombreuses, les difficultés et les blessures affectives émotionnelles multiples qu’occasionne invariablement une incarnation, seraient dans ce cas inutile et sans raison d’être. D’autre part, les lois de la Divine Création, manifestent un mouvement continuel et ascensionnel dans la croissance et l’évolution de toute chose, la pause ou l’arrêt momentané de ce processus ne correspondrait à rien de moins qu’une involution. Lorsque l’on veut tenir en équilibre sur son vélo, il ne faut jamais arrêter de pédaler. Enfin, il a toujours été constaté, que l’évolution se chargeait invariablement de fermer les portes des états inférieurs. L’enfant devient ado, l’ado devient adulte, l’adulte devient vieillard sans qu’il soit possible de changer la direction et l’ordre souverain des choses. Lorsque le vieillard, comme le dit si bien la sagesse populaire, retombe en « enfance », il ne s’agit simplement que d’une conséquence d’un état naturel de délabrement intellectuel (manque d’évolution) qui rapproche ce vieillard de l’indigence que manifeste un enfant par sa faible évolution, juste une similitude, certainement pas un retour en arrière. L’élixir de l’éternelle jeunesse ne se trouve que dans l’évolution, pas dans l’involution. C’est ce que les alchimistes appellent l’élixir de longue vie, ou le fruit de la vie éternelle de l’arbre de la Connaissance du Jardin d’Éden.

La Conscience dans le microcosme est le principe animateur de ses trois corps de manifestation, mais elle est aussi l’invisible entité médiatrice et unificatrice entre ce microcosme et la cohérence et l’harmonie de la Divine Création du macrocosme.

Note N° 28

La Conscience qui s’exprime dans le corps intellectuel ressent rarement lors de fortes émotions, et très imparfaitement, les plans supérieurs qui dépassent ses habituelles capacités d’entendement. Lorsque ces réalités plus vastes ne sont plus ressenties émotionnellement par l’intellect raisonneur, mais véritablement perçues par le mental spirituel, alors seulement, peut commencer ce qui de tout temps est appelé : l’initiation.

Cette initiation démarre lorsque la Conscience est parvenue à l’alignement des trois corps de son incarnation. À partir de cet alignement, elle commence à percevoir les prémices de possibles réalités supérieures uniquement perceptibles par les sens subtils du corps spirituel. Cet accès possible aux facultés spirituelles n’est qu’une ouverture des portes d’un Temple, ce qui ne veut pas dire qu’elles sont automatiquement activées. Beaucoup se contentent d’avancer vers le Temple et lorsque s’ouvrent les portes de celui-ci, ils estiment, bien à tort, que le but est atteint et s’immobilisent dans une contemplation sclérosante.

Quel que soit le niveau d’évolution auquel parvient une Conscience, et surtout lorsqu’elle s’exprime sur les plans des lois de la Divine Providence, le principe du libre arbitre est strictement respecté. Le respect de ce principe implique que ne soit donné que ce qui est demandé, c’est le sens de la parabole de l’Évangile de Matthieu :

7.7 Demandez, et l'on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l'on vous ouvrira.

7.8, Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe.

L’impulsion de la faculté volitive devra en outre s'accompagner de la plus totale sincérité de l'aspiration et de l'aspirant, ainsi que de sa plus grande détermination ; qualités sans lesquelles le mouvement enclenché par l'expression de la volonté de cette Conscience cesserait aussi rapidement qu'il a commencé.

Pour que la Conscience spirituelle entretienne le mouvement évolutif de son initiation (son élargissement au-delà des limites de sa forme d'incarnation), il convient qu'elle se soit précédemment enrichie lors de nombreuses incarnations (mises à l'épreuve) au sein des forces antagonistes et hétérogènes du jardin du «Bien» et du «Mal». Que pendant la durée de ces épreuves, qu'elle ait été capable de développer considérablement en puissance et subtilité cette faculté hautement supérieure qu'est le discernement. Ce n'est qu'avec cette faculté de discernement pleinement active, qu'il est possible d'atteindre cette délicate note harmonique que je traduis par l'expression : une pensée juste en vertus, ou encore ce fruit de l’arbre de la Connaissance du jardin d’Eden.

Cette Conscience volontairement positionnée dans le corps spirituel, par la richesse de son patrimoine karmique, possède la sagesse de savoir que la régularité dans l'effort, menée paisiblement, mais avec une constance sans faille, est toujours la meilleure façon de parvenir au terme d'un ouvrage quelle que soit sa difficulté. Alors que des actions sporadiques, désordonnées, un zèle temporaire aussi intense soit-il, se termineront invariablement par un échec et la déprimante déception qui l'accompagne.

La Conscience du corps spirituel qui s'engage volontairement à franchir le seuil du Temple de l'initiation, doit se préparer à la découverte de réalités supérieures d'une plus grandiose amplitude que celle à laquelle la forme incarnée l'avait familiarisée. Elle devra accepter de s'ouvrir à de nouvelles lois, et principes de nature si particulière qu'ils nécessiteront un long apprentissage pour leur mise en pratique. Le franchissement du volontaire du seuil du Temple des réalités supérieures nécessitera de la part de la Conscience une constante adaptation aux nouvelles instructions (vérités) qu'elle percevra, et qu'elle s'efforcera de mettre à l'épreuve de façon dynamique tant dans la méditation que dans la pratique découlant de cette méditation, pour qu'elles viennent sans cesse élargir son champ de Connaissances.

Cette mise en pratique de ces vérités perçues par la Conscience s'effectuera sur le champ de bataille du vécu quotidien dans ses aspects les plus ordinaires, le fameux Kurukshetra de la Bhagavad Gita.

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