Carnet du Rémora page 9

La Haute Magie n’agit pas du bas vers le haut, mais l’inverse.

La pratique de la Haute Magie implique d’orienter ses pensées, ses paroles et ses actions pour qu’elles passent de l’hétérogène à l’homogène, ce qui s'obtient par la pratique assidue d'une pensée juste en vertus.

La Conscience doit établir des correspondances entre la diversité des puissances hétérogènes se manifestant dans le microcosme, et celles homogènes du macrocosme, ce qui suppose d'en connaître la Hiérarchie.

Dans le Corpus Hermeticum, le Démiurge créa sept Recteurs pour entourer de leurs cercles le monde sensible et le diriger parce qu’on nomme le Destin. Pour que la Conscience puisse s’élever à travers la force de cohésion des sphères, dont chaque Recteur est le gardien, elle doit au premier cercle, abandonner la force de croître et de décroître ; au deuxième cercle, abandonner l’habilité dans le mal et la ruse devenue impuissante ; au troisième cercle, l’illusion désormais sans force des désirs ; au quatrième cercle, la vanité de dominer, qui ne peut plus être satisfaite ; au cinquième cercle, l’audace impie et l’irréflexion insolente ; au sixième cercle, l’attachement aux richesses ; au septième cercle, le mensonge et ses pièges.

Nous retrouvons dans les Tablettes de Thoth ces sept Puissances sous le nom des Seigneurs des cycles cosmiques. Ces Tablettes indiquent :

Sache que nous suivons le même nombre de cycles dans notre descente jusqu'à l'homme : trois, quatre, cinq, six, sept, huit et neuf.

Chacun a son rôle à jouer et détient le pouvoir de contrôler une force spécifique. Nous faisons UN avec l'âme du cycle qui nous est propre.

Et nous aussi nous poursuivons un but qui dépasse l'entendement de l'homme ; l'Infini s'accroît jusqu'au point de dépasser le TOUT.

Le TROIS détient la clef de toute magie cachée. C'est lui le créateur des Chambres de la mort ; il déploie son pouvoir pour enfermer les âmes des hommes dans l'obscurité. C'est le régisseur de tout ce qui est négatif pour les enfants des hommes.

Le QUATRE permet de se libérer du pouvoir du trois. C'est le Seigneur de la vie pour les enfants des hommes. Son corps est de lumière et les flammes sont ses modes d'expression. C'est le libérateur des âmes des enfants des hommes.

CINQ est le maître, le Seigneur de toute magie, la clef du VERBE qui résonne parmi les hommes

SIX est le Seigneur de la lumière, le sentier caché que suivent les âmes des hommes.

SEPT est le Seigneur de l'immensité de l'espace et la clef des Temps.

HUIT régule le progrès et ses étapes. Il pèse et équilibre le voyage des hommes.

NEUF est le père. Son mode d'expression est vase. Il prend forme et se transforme à partir du sans forme.

Le Trois est aussi le Ternaire Divin, la Providence, la Conscience et le Destin, trois puissances indissolublement liées. La Providence est Feu et Volonté, la Conscience est Eau et Amour-Sagesse, le Destin est Terre et Intelligence active.

La Haute Magie ouvre la porte du vortex donnant sur le macrocosme, à la Conscience de s’avancer dans cette terra incognita, selon son libre arbitre...

Claude Le Moal 12 juin 2009

NOTE N° 57

La Conscience est le moyen de perception de l’âme-de-vie. Elle utilise l’intelligence pour ordonner ses Connaissances dont le champ dépendra du degré d’évolution de cette intelligence qui induira une plus ou moins grande élévation de cette Conscience.

À son niveau le moins évolué, la Conscience utilisera ses perceptions sensorielles selon les capacités de son intelligence. Au fur et à mesure de l’élévation de cette intelligence, la Conscience passera de l’utilisation des énergies de la matière dense physique à celles des énergies un peu moins grossières de l’intellect. Lorsque l’accroissement et le développement de l’intelligence atteignent les limites fixées à l’intellect, elle peut alors passer au niveau supérieur qui est celui de l’intelligence spirituelle, permettant à la Conscience qui en découvre l’existence et en comprend les mécanismes d’utiliser les énergies du cosmos vers lequel elle se tourne irrémédiablement, et que ce dernier reçoit selon le principe de sa plus puissante énergie qui est l’Amour. Cet Amour attire et donne, telles sont ses deux principales caractéristiques. Dans sa forme très abâtardie que nous retrouvons par déclinaison sur le plan physique, l’amour (petit “a”) attire, mais ne donne pas, il échange. Il échange un sentiment à la condition que l’autre fasse de même, c’est ce qui transforme cette puissante énergie en émotion issue de basses intensités vibratoires.

Sur le plan spirituel, l’Amour à son niveau le plus puissant, puissance qui reste parfaitement inconcevable pour notre entendement humain, ne fait que donner. Le seul discernement qui se pratique lors de ce Don absolu, est celui de l’innocuité. En effet, si l’Amour est la plus puissance énergie du macrocosme, le transfert de cette puissance sans discernement aurait des effets terriblement préjudiciables envers ceux qui ne seraient pas en mesure d’en supporter la puissance et la charge. C’est pour cette incontournable raison que les Puissances de la Divine Providence se reçoivent selon le principe de l’adhésion volontaire, alors que les puissances de basse intensité du Destin peuvent et doivent s’imposer à une Conscience réduite à ses perceptions sensorielles et/ou émotionnelles et passionnelles.

La pratique de la Haute Magie est donc réservée à l’âme-de-vie dont l’état de Conscience lui révèle la puissante entité qu’elle est, avec le pouvoir de manier les forces des énergies supérieures selon les capacités qu’elle aura su développer. Ceci suppose que l’âme-de-vie ait la compréhension directe et claire de la hiérarchisation de ces Puissances, de leurs champs d’application, de leurs interactions en fonction du dessein et du plan divins. Ce n’est que lorsque le développement de la Conscience permet à l’âme-de-vie de n’être qu’amour et intelligence, fusion qui produit la sagesse, qu’il peut être confié (donné) la connaissance, les symboles et les formulations nécessaires au travail Magique. Pour que l’âme-de-vie parvienne à cet éveil de sa propre entité, elle doit s’affranchir des liens émotionnels et passionnels, pour être enfin capable de garder la plus parfaite sérénité devant les résultats de son travail. Elle doit par conséquent ne pas être motivée par d’autres idéaux que le plus complet désintéressement et le service qu’elle entend rendre au groupe auquel elle s’identifie. Cette sérénité suppose que la Conscience de l’âme-de-vie retrouve la pleine vision spirituelle intérieure qui est la seule qui puisse voir du commencement à la fin le travail à accomplir, et maintenir fermement ses convictions et sa constance au service de ce travail.

La sagesse, ce fils de l’Amour et de l’Intelligence est l’expression d’une pratique parfaitement assimilée des vertus, condition indispensable pour accéder au rang de Mage. L’imperfection dans la pratique constante des vertus ayant pour conséquence automatique de ramener le Mage au niveau du sorcier, et la Haute magie à celui de la magie noire. Les résultats peuvent alors être puissants, sans jamais pouvoir prétendre égaler ceux de la Haute magie, mais avec des effets nuisibles et irrémédiablement hétérogènes, éphémères, négatifs et in fine destructeurs.

Le praticien de la Haute Magie a donc la nécessité de connaître la juste et sage utilisation des pouvoirs que lui confère son statut ; de conserver une attitude de détachement lors de la mise en oeuvre de son travail, en évitant tous les désirs et préoccupations matérialistes lors des réalisations.

Il convient de résumer sommairement les critères qui sont ceux d’une âme-de-vie dont la Conscience parvient à s’élever au degré de la sagesse. Elle doit constamment chercher à enrichir les Connaissances de sa Conscience; elle doit apprendre à agir dans le calme et la sérénité, à remplir ses obligations avec le plus grand sens de ses responsabilités ; à remplir ses devoirs, à acquérir la maîtrise de ses pensées, de ses paroles et de ses actes ; à stabiliser l’alignement de ses trois corps sur la plus haute tonalité de la Conscience dans son corps spirituel ; ceci dans le dessein de maintenir l’équilibre et l’harmonie qui résulte d’une vie sans égoïsme avec pour principal motif de servir son groupe. Cela suppose l’abandon de toute satisfaction personnelle qui serait une entrave à l’éthique du Mage et à la réception des lumières supérieures dès lors que ce travers serait connu de la Hiérarchie.

Note N° 58.

Lorsque l’on parvient à maintenir l’alignement entre la Conscience du corps spirituel et les deux corps inférieurs, dans le calme et en dehors de toute émotion, le travail consiste alors à procéder à l’élargissement du champ de cette Conscience par la pratique de l’intégration homogène. Cette intégration homogène est inséparable de la règle d’une pensée juste en vertus.

Les préoccupations et les nécessités physiques et organiques seront parfaitement identifiées et localisées dans la sphère de servitudes, appropriée à ces besoins, et où elles devront rester strictement cantonnées. Une Conscience purement limitée au corps physique n’aura pour faible amplitude qu’un champ réduit à ces préoccupations animalières. Elle compensera ses faibles aptitudes par un puissant pouvoir attracteur de son magnétisme égotique.

Les préoccupations et les nécessités passionnelles et émotionnelles, seront elles aussi parfaitement répertoriées et cantonnées dans la sphère du corps intellectuel enveloppant celle du corps physique. L’amplitude de son champ d’application s’étendra aux rapports complexes familiaux, professionnels, identitaires, politiques, sociaux et raciaux. Les interactions avec la sphère du corps physique seront nombreuses, et souvent le magnétisme de la sphère animalière sera suffisamment puissant pour faire redescendre la Conscience du corps intellectuel à l’intérieur de l’espace le plus instinctivement égotique du corps physique. Ainsi, le développement (et l’élévation) de la Conscience intellectuel dans un domaine professionnel, politique, social, culturel finira par ne servir que les désirs, les appétits, les convoitises et les tentations de la nature physique lorsqu’elle se laissera aspirée par le pouvoir attracteur de ce corps dense inférieur.

Les préoccupations et les nécessités du corps spirituel devront faire l’objet d’une connaissance et d’une hiérarchisation subtile afin de pouvoir sans cesse discerner les pensées de faible intensité vibratoire propre aux instincts du corps physique, des pensées plus abstraites que produit le corps intellectuel des désirs et des émotions en interférence avec ceux d’une humanité semblable constituant son environnement ; et ces deux catégories vibratoires seront distinguées de celle nettement plus élevée provenant de l’afflux intuitif que reçoit la Conscience du corps spirituel en état de télépathie. Ces pensées seront celles de l’idéalisme, du désintéressement, du dévouement au service d’un groupe spirituel, de l’immatérialisme et de la Connaissance subjective. Cette préoccupation de discerner ce qui est du domaine du spirituel des deux autres corps inférieurs, est une épuration qui permettra à la Conscience individuelle, ou celle d’un groupe d’être choisi par la Grande Fraternité Blanche pour recevoir des vérités supérieures à la seule condition de la forme humaine. Lorsque la Conscience spirituelle n’est pas aussi pure et sage qu’il est requis, elle colore par ses qualités altérées la pureté de ces vérités reçues. Vérités qui seront reprises par la Conscience intellectuelle qui lui apportera à son tour les teintures spécifiques de plus en plus ternes du plan émotionnel et passionnel. Ces déformations et simplifications successives rendront ces vérités reçues plus accessibles aux niveaux inférieurs au point de constituer l’opinion publique. La vérité reçue devient une idée commune à ce point rabaissée qu’elle en a perdu toute sa beauté, son pouvoir d’élévation et sa Haute Magie de transfiguration. L’idéal n’est plus qu’un dogme tombé dans les ornières de la routine d’un lieu commun, servant de référence à une normalité publique éphémère.

La responsabilité de la Conscience qui parvient, dans le cadre d’une méditation stabilisée, à recevoir ces vérités, réside dans le fait qu’il lui incombe d’en assurer correctement la transmission. Ce travail de transmission étant laissé, quant à la méthode et aux détails, à l’initiative du bénéficiaire de cette transmission spirituelle. Les Grands Êtres n’allant jamais au-delà de cette transmission. Il résulte de ce qui précède, que le meilleur moyen de mener ce travail correctement, compte tenu de la responsabilité karmique qui se trouve ainsi naturellement engagée, réside dans la solitude. La solitude de la méditation permettant un alignement stabilisé des trois corps. La solitude et le silence qui permettent d’entendre le parleur silencieux du soi divin. La solitude d’une méditation faisant appel à la pratique des facultés supérieures des cinq sens spirituels. Dans cette solitude le Maître du groupe supérieur peut s’approcher et imprimer dans l’âme-de-vie en état de sérénité la connaissance qu’il cherche à communiquer à une Conscience ayant élevé son niveau vibratoire pour le rendre compatible avec celui de ce Maître et de ce groupe de puissances supérieures.

Lorsque la Conscience en état de méditation de ceux qui reçoivent un message télépathique est instable ou trop satisfaite d’elle-même, s’il y a orgueil, désespoir, complexe d’infériorité, la vérité ne parvient pas dans toute sa sa clarté. Si le corps émotif se met à réagir avec des vibrations violentes et en un rythme proche du corps physique; si ce corps physique est souffrant au point de troubler la stabilité de la méditation, le Maître s’éloigne de cette Conscience et rompt la communication télépathique, lui faisant perdre ainsi une précieuse occasion de servir d’intermédiaire éclairé.

Comment la Conscience spirituelle parvient à distinguer une vérité supérieure reçue, d’une pensée issue de sa propre cogitation ?

Ceux qui sont parvenus à ce niveau de communication savent parfaitement faire la différence. Une vérité supérieure est tellement simple, belle élégante et lumineuse, qu’elle dépasse de très loin les seules capacités de la nature humaine. Elle nécessite pour être correctement perçue l’activation de facultés supérieures qui n’ont aucune utilité pratique sur le plan de l’incarnation humaine. Enfin, ceux qui reçoivent ces vérités savent parfaitement, et en toute honnêteté qu’elles dépassent largement leurs propres capacités.

Note N° 59

Une méditation stabilisée offre à la Conscience du corps spirituel la possibilité de comprendre la réalité des mondes invisibles, l’immense pouvoir d’une pensée juste en vertus et la nécessité de maîtriser la connaissance scientifique de ces deux précédents critères. Cette Conscience recevra toujours dans les limites de ce qu’elle peut contenir. Selon le principe qui veut que la Providence se reçoive par adhésion volontaire, rien ne lui sera imposé, mais par discernement subtil et sens de sa responsabilité karmique la Conscience manifestera son état d’avancement en prenant en charge des travaux qu’elle effectuera au service du groupe. Là encore, le manque de justesse dans la pensée et d’équilibre dans la pratique des vertus, amènent souvent un excès de zèle nourrit par l’émotivité du corps intellectuel, et qui fait accomplir des travaux n’étant pas en rapport avec ceux du groupe et du maître de ce groupe qui prend l’initiative d’établir la communication télépathique.

Lorsque la Conscience du corps spirituel, après la stabilisation de sa méditation, commence à recevoir les messages subtils des plans supérieurs ; lorsque l’aspirant décide de franchir le degré d’initiation supérieur qu’est le service désintéressé du groupe, il est confronté à certains dangers comme :

- Croire sans raison probante qu’un aspect du plan de service à une importance qui doit être privilégié au détriment des autres.

- Focaliser exagérément son attention sur la partie du plan de service avec lequel la Conscience a le plus d’attirance.

- Ignorer les difficultés que rencontrera inévitablement le travailleur par les frictions qu’engendrera son niveau vibratoire avec celui de ceux au service desquels il se met.

- S’attribuer les mérites des vérités reçues pour satisfaire les intérêts de sa propre ambition.

- Ne pas avoir l’humilité de considérer avec justesse le rôle subalterne que représente le fait de n’être que le reflet des lumières supérieures.

- Ne pas maîtriser les ressources énergétiques du corps physique en lui imposant un surcroît de fatigue dû à un effort spirituel prolongé pour l’exécution d’un travail d’un niveau élevé.

- Ne pas savoir identifier ceux qui sont envoyés pour collaborer à la réalisation et de la mission, et de l’oeuvre.

- Perdre par négligence, préoccupations subalternes, ou manque d’assiduité le contact avec le soi supérieur et le maître inspirateur.

Le service désintéressé du groupe doit s’effectuer par la Conscience du corps spirituel en tenant toujours compte du plan supérieur (la Divine Providence dont il est préférable d’être capable de pouvoir la discerner, par un haut niveau de connaissance, de la sphère de causalité du Destin), du nécessaire accomplissement du karma mondial, national et individuel des acteurs en présence. Il conviendra en outre d’avoir à l’esprit l’avènement de l’ère nouvelle et des énergies qui lui sont propres afin d’être en mesure et de les recevoir et d’y répondre en pleine connaissance de cause.

L’échelon supérieur du disciple que constitue le service désintéressé du groupe, nécessite un puissant développement de la faculté intuitive, qu’il convient de ne pas confondre avec sa déclinaison la plus basse au niveau vibratoire et qui se traduit dans le corps physique par la faculté instinctive. Cette faculté instinctive est à la foi aveugle, ce que l’intuition de la Conscience du corps spirituel est à la foi éclairée. Rappelons pour mémoire que la foi aveugle est le délire qui s’affranchit de toute raison, alors que la foi éclairée marche de concert avec la raison. L’intuition n’est donc pas une élucubration, mais une synthèse analogique des contraires reposant d’une part sur le champ de connaissance de la Conscience qui entre en résonance avec les Vérités universelles ; et d’autre part, sur le concours qu’apportent les puissances supérieures en fournissant des énergies ouvrant les archives Akashiques à la Conscience à proportion de l’amplitude de son champ de Connaissance et de son niveau vibratoire stabilisé.

L’intuition spirituelle en se développant, offre à la Conscience une pratique de plus en plus affinée de sa faculté de discernement, grâce à laquelle peut s’ouvrir et se développer la vision supérieure celle qui justement est capable de séparer le subtil de l’épais, le haut du bas, le supérieur de l’inférieur. La Conscience sera ainsi en mesure de manifester sa faculté volitive sachant que la puissance magnétique de l’inférieur lui donnera le sentiment qu’il est plus attrayant que le supérieur. Il lui faudra faire preuve et de volonté, et du sens du sacrifice pour choisir en pleine connaissance de cause cette voie supérieure et transcender l’énergie de ses désirs en aspirations spirituelles, ce qui ne se réalise qu’avec détermination, effort et peine, d’où l’aspect sacrifice du service.

Bien souvent devant le “sacrifice”, la Conscience en phase d’élévation recourt au compromis. Or ce compromis est pour les plans supérieurs strictement défendu, comme le dit une de mes petites Clavicules de la Sapience : 738 – Celui qui aménage ses vertus en fonction des nécessités, fait forcément la part belle aux vices. Ceci pour dire que le recours au compromis n’amène que des désastres emportant dans la ruine et la catastrophe spirituelle les Consciences qui se sont ainsi abaissées. La Providence demande que l’on adhère sans compromis à ses vérités, et la chose ne peut se faire que par la pratique d’une pensée juste en vertus.

Note N° 60

Il est utile de préciser que l’appartenance à un groupe, au sens où il convient de l’entendre spirituellement, n’implique pas nécessairement que ce groupe prenne la forme d’une association ou organisation comme nous pourrions le concevoir d’un point de vue purement intellectuel. Un groupe de connaisseurs et de mystiques est, pour la Hiérarchie des plans supérieurs, formé par des membres pouvant appartenir à des groupes divers et répartis sur l’ensemble de la planète. Chaque Conscience du corps spirituel parvenant à maintenir une méditation stabilisée, se fait connaître de la Hiérarchie par le rayonnement de sa lumière interne, et devient membre du groupe de Conscience ayant atteint la même amplitude vibratoire. À ce groupe de mystiques et de connaisseurs, la Hiérarchie offre la possibilité de devenir le canal des Grands Êtres qui peuvent ainsi transmettre leurs pensées lumineuses, dans le dessein d’élever (au sens occulte du terme) le niveau de Conscience de l’humanité incarnée afin d’aider, autant que possible, et tout en respectant l’ordre souverain des choses, à son évolution.

A l‘occasion de l’arrivée d’une nouvelle ère, les énergies et les Forces qui lui sont spécifiques se manifesteront d’autant plus rapidement que les membres du groupe seront nombreux et attentifs aux voix subtiles venant procéder à la reconstruction de cette nouvelle ère. Le manque de réactivité, d’adaptation spirituelle et de travail dans le sens de cette reconstruction nouvelle, par les membres du groupe approprié, retardera les transferts de ces énergies et de ces Forces évolutives. Ceci pour faire comprendre que le travail de la Hiérarchie, des Grands Êtres des plans supérieurs, se fait en symbiose avec les membres des groupes de service. La Conscience humaine prend alors toute son importance, bien que très relative, dans la trame que tisse sans cesse les rapports entre le Macrocosme et le microcosme. Cette Conscience spirituelle de groupe se relie au Grand Tout pour devenir un rouage de transmission et de manifestation des énergies et puissances supérieures, qu’elle manifeste sur son propre plan d’incarnation. Il découle naturellement de ce qui précède, qu’une Conscience du corps spirituel qui ne ferait pas l’effort de se raccorder à ces plans supérieurs (source d’énergies de forte intensité vibratoire), par une méditation stabilisée, serait rapidement condamnée à s’étioler par épuisement de ses propres énergies. De surcroît, elle sortirait du plan macrocosmique intemporel pour ne plus faire partie que du microcosme et des lois de temporalité du Destin. Comme disait si justement le Maître Koot Hoomi Lal Singh : lorsque je pense en homme, je suis un homme, mais lorsque je pense au Divin, je suis Divin.

La Conscience du corps spirituel se hisse à ce niveau d’élévation par un effort constant, expression de la faculté volitive orientée vers sa remontée. Elle ne peut espérer s’y maintenir, non pas par ses propres forces, qui finissent toujours par s’épuiser rapidement, mais en recevant des puissances supérieures l’énergie qui lui sera nécessaire. Cette énergie, comme nous l’avons vu lors des précédentes notes, se transmet par les pensées qui viendront se focaliser dans la Mémoire. La pratique du service désintéressé du groupe, devient alors le passage obligé pour recevoir ces énergies et pour les manifester sur le plan de l’incarnation. Les sacrifices précédemment évoqués ne sont plus que fonctions dérisoires eu égard aux richesses que permet de recevoir les changements d’état de la Conscience que produisent ces sacrifices.

La nécessité évolutive du service du groupe (groupe au sens défini ci-dessus) implique donc un fort développement de la faculté intuitive ainsi que celle de discernement de la Conscience du corps spirituel. Sans ces développements la Conscience ne serait pas en mesure d’établir et de maintenir une communication télépathique avec son groupe, sa Hiérarch

ie et le Maître de ce groupe. Le Maître de ce groupe cherche toujours ceux qui, doté d’une vision claire, adhérent volontairement et sans compromis aux vérités que leur état de méditation stabilisée leur permet de recevoir par ce courant télépathique intuitif. La faculté de discernement venant tracer le schéma du plan à suivre :

- Reconnaissance de l’idéal que doit identifier la Conscience par son haut niveau de Connaissance venant servir sa méditation.

- Son application, chaque fois qu’il est possible, dans un présent avec la préoccupation de service du groupe.

- Sacrifice des formes-pensées vieillies et désuètes lorsque la Conscience les identifie, afin de permettre l’élévation constante de l’amplitude vibratoire.

- Une claire vision résultant de l’accumulation de pensées justes en vertus, et le refus de tout compromis avec les formes pensées désuètes.

- Savoir discerner les actions instinctives de l’individu et l’individu lui-même.

- Prise de Conscience que le travail occulte ne permet pas de changer l’ordre souverain des choses, pas plus que de changer d’un iota le karma d’autrui.

Les hommes ne doivent pas chercher les Maîtres dans le but d’acquérir des pouvoirs, des privilèges ou des profits personnels, ce qui ne serait que l’expression d’une vanité de basse intensité vibratoire. Ce sont les Maîtres qui se manifesteront lorsque l’homme aura acquis les qualités spirituelles et les vertus le rendant apte au service de groupe, et qui peuvent transcender un enseignement sérieux en pouvoirs supérieurs de l’âme.

Note N° 61

Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Ainsi commence l’Évangile le plus ésotérique, celui selon Saint-Jean, dans la Bible de Jérusalem.

La fécondité de l’enseignement de ce verset sublime est aussi riche qu’une sentence de la Table d’Émeraude. Le profane avec l’unique lecture du sens Parlant, formulera une pensée-forme d’un vieil Homme, style ancien des jours assis sur son trône de gloire, vociférant des Paroles, et pour paraphraser Shakespeare, Paroles desquels s’échappaient des royaumes et des univers.

Pour la Conscience du corps spirituel le Verbe, dans le sens Cachant, est celui du Mot ou du Son sacré, énoncé avec l’intensité que confère une pensée juste en vertus résonante en parfaite harmonie avec la tonalité créatrice de l’énergie vitale. La puissance même de cette tonalité sera à l’origine d’une focalisation d’énergie considérable dans la Conscience capable de l’accueillir en son sein, avec les terribles conséquences destructrices pour une Conscience qui n’aurait pas le bon alignement vibratoire ni la consistance susceptible de résister à cette intensité énergétique. C’est ici une des conséquences à laquelle doit s’attendre une Conscience établissant une communication télépathique avec la Hiérarchie supérieure. La réussite de cette communication passe nécessairement par la maîtrise du Verbe, que je qualifie de Verbe Vivant, en opposition avec le verbiage creux des profanes incultes, le verbe mort.

La préparation, par adaptation progressive, de la Conscience du corps spirituel à recevoir ce Verbe puissant, se retrouve dans la tradition orientale par la pratique qui consiste à s’exercer à prononcer correctement le Mot Sacré AUM ou OM. Cette parole (ou modulation vibratoire) n’est qu’une déclinaison très appauvrie sur le plan du son des sens physiques du Verbe Vivant. Cet exercice n’a pour but que de permettre de faire passer la Conscience du corps physique au corps intellectuel puis spirituel, par l’élévation progressive de l’intensité vibratoire. Pour ceux qui suivent la voie de cette pratique, ils pourront espérer, s’ils parviennent à la juste tonalité vibratoire - ce qui ne s’obtient qu’après un long et patient entraînement -, se faire remarquer et du groupe, et de la Hiérarchie comme disciple disponible prêt à effectuer le service désintéressé du groupe.

La Hiérarchie utilise comme principe de Haute Magie le Verbe Vivant pour construire des pensées-formes qui s’incarneront, sous forme d’idées arrivant en contact avec le mental d’un disciple choisi comme responsable de son exécution sur les plans de son incarnation. L’aspirant doit donc être préparé à recevoir cette puissante concentration d’énergie, qui, s’il n’est pas correctement ajusté tant par l’alignement que par l’épuration de l’état de sa Conscience, risque d’en subir les effets dévastateurs. Le Verbe Vivant est tout aussi fécondant qu’il a la possibilité d’être destructeur. De même, le serviteur désintéressé du groupe, reconnu et désigné pour être responsable de l’exécution des idées qui lui sont adressées (vérités reçues), se doit de prendre la pleine Conscience du surcroît d’énergie que véhiculent ces idées, avec les mêmes conséquences découlant du principe de correspondance qui veut que ce qui est en bas soit comme ce qui est haut, c’est-à-dire fécondant et destructeur.

Lorsque la Conscience du corps spirituel, dans le cadre de sa médiation stabilisée, est habituée à développer la réceptivité des idées que la Hiérarchie émet des plans du Mental Universel, elle devient capable de collaborer intelligemment. Elle crée des pensées-formes à partir de ces idées reçues et les utilise, lors de l’exécution, au service de son groupe et de l’humanité. Ce travail de service se résume donc par :

- Être réceptif aux vérités reçues lors de la communication télépathique, ce qui suppose un fort développement de la faculté Intuitive.

- Cultiver cette compréhension intuitive en traduisant par des pensées justes en vertus, afin de ne pas déformer par des parasites issus de l’intellect ou de l’instinctif, la pureté de ce que le Maître envoie.

- Incarner ces vérités reçues en les formulant, sans en altérer la justesse, de façon à les adapter au mental de ceux auxquels il va falloir les transmettre.

- Rendre actives et vivantes les différentes exécutions de ces pensées-formes, quel que soit l’aspect de leurs manifestations (artistique, littéraire, musicale, humoristique, etc...) pour qu’elles véhiculent le maximum de la très haute intensité vibratoire de ses origines universelles.

Si pour la Conscience du corps physique le Mot Sacré sera l’expression des cordes vocales des sens organiques, pour la Conscience du corps spirituel Le Verbe Vivant sera d’une nature très différente puisqu’il s’agira de cette fameuse Voix du Silence. Cette Voix n’est pas perceptible tant que le tumulte des émotions, des désirs et des passions, produisant le tintamarre des grosses eaux déferlantes, ne se sera tu, laissant la place à l’indispensable silence. Ces voix de nature inférieure devront donc être sous le contrôle stabilisé de la Conscience du corps spirituel, car la Pensée que véhicule la Voix du Silence est toujours prononcée par très peu de Mots et n’est jamais radotée.

Peu de personnes se rendent compte du véritable pouvoir du Verbe Vivant. Il est pourtant, depuis la Genèse, le principal agent actionnant la roue de la nature dans le dessein d’une vie phénoménale. Est-il encore nécessaire de rappeler que le Verbe originel, met en vibration la matière dont sont faites toutes les formes ; il est la cause qui aura pour effet le mouvement qui caractérise l’atome de substance. Ceux qui comprennent la valeur réelle que peut avoir chacune de nos pensées justes en vertus, des paroles qu’elles engendrent, et des actions qui découlent de ces paroles seront sur le sentier qui mène à la Haute Magie, à la condition qu’ils sachent faire la différence entre le Verbe Vivant et la source d’où il émane, d’avec le verbiage creux des paroles oiseuses véhiculant un verbe mort.

Le langage, tel que nous le concevons sur le plan physique dense, n’est qu’un pauvre habillage d’une pensée, qu’elle soit juste ou déformée. Les mots ne sont que des coffres fermés sans grand intérêt, tant que l’on ne prend pas la peine de les ouvrir pour en découvrir la réalité de leur contenu, ce qui ne peut se faire que par le sens Cachant...

Autant une parole véhiculant un verbe mort sera stérile, terne, toujours inutile, souvent insignifiante et dérisoire, invariablement maléfique et désespérante ; autant la parole véhiculant un Verbe Vivant sera, pour ceux qui savent la recevoir, lumineuse, fécondante, bénéfique et extatique. Plus il est fait usage de mots creux, d’idées vaines, de paroles oiseuses, plus la Conscience s’entoure d’un monde ayant les formes de ses pensées vides et futiles. D’où la nécessité pour parvenir à s’extraire de ce monde d’apparences trompeuses, de multiplier les pensées justes en vertus. Aucune pensée n’est sans importance (bénéfique ou maléfique), chacune occupe la place qui lui est laissée, et aucune n’est là par hasard. Nous avons vu que le principe qui veut que la Nature ait horreur du vide, fait qu’en l’absence de vertus, les vices comblent les vides. Il en est de même pour les pensées oiseuses et les paroles de néant, elles comblent les vides que laisse l’absence de pensées justes en vertus. La Connaissance de ce processus ( c’est-à-dire la mise à l’épreuve de ce savoir) obligera la Conscience du corps spirituel à choisir avec la rigueur la plus extrême et chaque pensées-formes, et les Mots qui serviront à l’exécution de leur transmission. Une parole ne pourra pas être plus juste que la pensée qu’elle véhicule, ici réside une règle simple, mais d’application terriblement exigeante et difficile celle du Verbe Vivant à la puissante tonalité vibratoire fécondante.

Note N° 62

Le sceptre du pouvoir de l’Adam dans sa forme glorieuse n’est pas autre chose que ce Verbe vivant à l’aide duquel les sons de son Chant construisent les mondes et l’univers. Ce chant est identifié dans toutes les grandes traditions philosophiques et religieuses comme étant le Logos.

Toujours selon le principe du langage analogique de la Table d’Émeraude, nous devons suivre les voies de la Nature, comme le préconisaient nos anciens alchimistes. Le Logos (Verbe vivant) est le verbe Créateur de la Genèse, ce que résume admirablement H.P. Blavatsky dans la Doctrine Secrète :

“Aux sens et aux perceptions d’ "ETRES" finis, CELA est Non-Etre, parce que c’est l’Unique ETRE-TE car, dans ce TOUT gît cachée son émanation coéternelle et contemporaine ou son rayonnement inhérent, qui, devenant périodiquement Brahmâ (la Potentialité mâlefemelle), s’épand en l’Univers manifesté. "Nârâyana porté sur les Eaux (abstraites) de l’Espace" devient les Eaux de la substance concrète mise en mouvement par lui, c’est-à-dire le Verbe ou Logos manifesté.

...Le "Dragon "fut aussi le symbole du Logos chez les Égyptiens, comme chez les Gnostiques. Dans le Livre d'Hermès, Pymandre, le plus ancien et le plus spirituel des Logoï du Continent occidental, apparaît à Hermès sous la forme d’un Dragon Ardent de "Lumière, de Feu et de Flamme".

Le Logos et son pouvoir de Haute Magie, selon le principe de correspondance, se retrouvent par déclinaison sur le plan cosmique, solaire, planétaire et terrestre... Il n’est pas difficile d’imaginer que l’intensité des sons, des vibrations et des rythmes varieront selon le plan de manifestation. Si Adam dans sa forme glorieuse, par la simple expression de son Verbe vivant peut faire advenir les espèces qu’il nomme, il n’est pas illusoire de penser que le Logos solaire soit capable, dans sa sphère de manifestation, de produire les manifestations qui sont directement rattachées à l’expression de la justesse et de la puissance vibratoire de son Verbe vivant.

N’oublions pas que le but du langage est “d’habiller” la pensée pour lui donner une forme. En parlant, nous manifestons, sous une forme vibratoire, une pensée de notre Mémoire pour lui donner un véhicule qui sera perceptible pour autrui, faisant ainsi passer ce qui est caché de l’inaudible à l’audible, de l’intangible au tangible, de l’abstrait au concret.

Toujours selon le principe de correspondance, Le Verbe vivant d’un individu produira, sur le plan de l’incarnation terrestre, des formes bénéfiques, alors que le verbe mort produira des formes maléfiques. Il est aisé de constater que la parole qui véhicule des pensées haineuses engendre des réactions négatives, agressives, antagonistes ainsi qu’une tension vibratoire de basse intensité. Alors qu’une parole aimante engendrera une attraction, une réaction positive, harmonieuse et sympathique.

Le Verbe vivant est par essence de nature divine avec tout ce que cela comporte comme élévation harmonieuse ; tandis que le verbiage creux sera le propre de la Conscience du corps physique et intellectuel. Dans le meilleur des cas ce verbiage creux produira une indifférence, et dans le pire la discorde, la division, l’anarchie et le conflit.

Pour parvenir à une bonne utilisation du Verbe vivant, il convient donc de cultiver les pensées justes en vertus. Cet exercice long et difficile, passe nécessairement par la réflexion d’une part, et d’autre part, par la méditation qui élèvera en intensité vibratoire les pensées qui seront sélectionnées comme étant dignes de figurer dans la Mémoire. La manifestation de ces pensées pourra alors se faire par la parole, la musique ou l’écrit, à la condition que les mots et symboles choisis pour servir de véhicule soient les plus justes et les plus homogènes. Une pensée juste véhiculée par des mots inadaptés produit invariablement un verbe creux pour une oreille attentive, et pour une oreille frivole ce ne sera qu’un verbe mort. Le principe de Haute Magie qui découle de ce qui précède est : qu’il ne doit y avoir aucune distorsion entre la pensée et la parole qui la manifeste pour que le Verbe vivant retrouve la plénitude de ses pouvoirs des origines. Ceci implique l’absence de mensonge, de duplicité, d‘imprécision (ignorance) et d’interprétations douteuses (cupides) dans le langage que produisent les paroles du Verbe vivant. De surcroît, outre le choix subtil des mots, cette parole devra respecter un rythme particulier pour s’harmoniser avec la pensée à laquelle elle donne forme. C’est le fameux ton qui accompagne ce Verbe qui fait passer un interlocuteur qui perçoit une même parole, de l’état de neutralité bienveillante, à celui d’adversaire agressif et malveillant sans que le ou les mots utilisés soient en rien différents.

Autant le verbe mort produit une dissonance vibratoire, une discorde, une répulsion et est toujours terne ; autant le Verbe vivant paraîtra par sa haute tonalité vibratoire, sa puissance énergétique, son équilibre subtil et sa simplicité, extrêmement lumineux. Car, et c’est encore là un des phénomènes de la Haute Magie, le Verbe vivant se reconnaît par sa luminosité fécondante. Le monde phénoménal ne se révèle que par un Verbe vivant, c’est la signification qu’il convient de donner aux pouvoirs du sceptre qu’Adam reçut dans sa forme glorieuse et qui se traduisait par la possibilité de faire se manifester (donner forme) à tout ce qu’il nomme. Cette lumière du Verbe vivant dévoile, par son éclairage, des vérités que le verbiage creux maintenait dans l’obscurité de l’ignorance. Ces vérités ne sont jamais absentes, elles ne sont simplement pas visibles par manque de clarté...

La Conscience du corps spirituel qui souhaite effectuer un travail intelligent au service du groupe, se doit de constituer un corpus de pensées juste en vertus les seules capables de prendre forme par l’intermédiaire du Verbe vivant et d’apporter les révélations, par sa luminosité, aux êtres humains qui sont à la quête de cette clarté. L’accumulation des Connaissances doit parvenir à cet état de rayonnement, sinon c’est qu’il s’agit d’accumulation de “savoirs” qui n’offre jamais le moindre rayonnement.

La puissante énergie de ces pensées justes en vertus donne à ce Verbe une forte vitalité spirituelle, une assurance de la part de celui qui le manifeste, et une fécondité pour ceux qui le reçoivent et accèdent à sa compréhension. Son message est entendu grâce à la résonance que provoque sa haute vibration au sein des Consciences placées sur la même tonalité. La pensée, le son et l’intelligence qui animent un Verbe vivant lui confèrent la luminosité d’une évidence presque naturellement indiscutable, ainsi qu’une intemporalité qui se retrouve constante malgré les lieux, les cultures, les nations, les religions et les civilisations des êtres humains servant de miroirs dans lesquels se reflètent les lumières de ce Verbe vivant, manifestement d’une autre nature que l’humaine.

Note N° 63

Nous pouvons naturellement constater que le corps physique avant d’être ce qu’il est au sommet de son développement, est d’abord un état embryonnaire. Le corps intellectuel, avant sa pleine maturité, n’est, lui aussi, qu’un corps embryonnaire se développant dans le corps physique. C’est ce corps intellectuel qui servira à son tour de matrice au corps spirituel et lui-même remplira cette fonction pour le corps éthérique. La Conscience passe d’une espèce à une autre en franchissant les étapes de ce jeu de poupées russes. Le retour de l’épouse vers l’époux, ce fameux mariage alchimique, s’effectue lorsque l’épouse retrouve son corps spirituel seul capable de répondre à la vibration du corps de l’époux, l’âme-de-vie en parfaite résonance avec l’âme du monde. Chaque âme-de-vie est en réalité un Logos qui résonne dans le temps et l’espace. Plus son intensité vibratoire est basse, plus ses manifestations se situeront sur les plans de la matière dense des corps organiques. Plus cette intensité vibratoire s’élève, plus l’état de Conscience se développe et se hisse dans les corps situés sur les plans subtils. Il n’est guère discutable que l’incarnation physique résulte d’une “volonté d’être” se manifestant par son Verbe vivant. Le développement de l’embryon du corps intellectuel résulte de la même volonté d’être objectivement observable dans le cadre de l’incarnation physique terrestre. Volonté d’être un enfant qui s’affirme dans son milieu ; un ado qui s’affirme parmi ses semblables, un adulte qui s’affirme dans la société et sa vie ; enfin, il peut devenir une Conscience qui cherche à s’affirmer dans cet au-delà qu’est l’Éternel Moment Présent. Ici commence le difficile processus de réorientation vers un monde totalement différent qui exigera un nouvel état d’être.

Bien que tout s’accomplisse selon les lois principes, rien ne permet d’imaginer que le foetus du corps physique soit dans un autre état de “Conscience” que celui qui résulte de l’obscurité et du tâtonnement. Il ne voit pas ses géniteurs même s’il les perçoit d’une façon indicible, immatérielle et pour lui indéfinissable. Cette période de gestation est probablement celle d’un grand vide, et il faut à cette “volonté d’être”, venue d’un autre plan, et soumise à cette redoutable épreuve, une endurance et une résolution poussées jusqu’à leur extrême limite. Tout comme il faudra à la “volonté d’être” du corps intellectuel une égale obstination dans l’effort pour parvenir à sa pleine maturité. La tâche est ici plus aisée, car elle se situe entre deux étapes, l’une objective et concrète du corps physique, et l’autre subjective et abstraite de l’embryon du corps spirituel. L’épreuve de la Conscience dans l’embryon du corps spirituel est probablement de même nature en difficulté que celle qui prévalait pour l’embryon du corps physique tâtonnant dans son obscurité, et ne percevant que de façon indicible sa parentèle, qu’il ne pourra véritablement voir qu’après sa RE-naissance...

L’être humain respire. Il respire de façon physique, mais aussi de façon intellectuelle et spirituelle. Lorsque le corps physique respire l’air de son environnement, il se nourrit de cet environnement en même temps qu’il s’harmonise avec lui. La respiration du corps intellectuel l’harmonisera avec son environnement astral, et celle du corps spirituel avec son environnement Mental. La respiration du corps éthérique accordera l’âme-de-vie à la pulsation du Divin Créateur. À chaque inhalation physique, un individu emmagasine son souffle dans les profondeurs de son être. À chaque inhalation intellectuelle il emmagasine un souffle de savoir, et à chaque inhalation spirituelle un souffle de l’âme-de-vie. Ainsi, la science de la respiration profonde est celle qui tient compte de ces trois aspects du souffle qui seuls comprennent l’expérience tout entière de l’âme-de-vie.

Vient ensuite la rétention du souffle. Cette rétention concentre les forces praniques pour le corps physique, celles de l’intelligence pour le corps intellectuel, et celles de la sagesse pour le corps spirituel. Cette phase de rétention maintient calmement ces forces dans un lieu de silence. Pour le corps physique ce sera celui des voies respiratoires, pour le corps intellectuel celui de la réflexion, et pour le corps spirituel celui de la méditation. Cette volonté de rétention, car ce processus n’est possible que s’il est activé par la faculté volitive, produit un détachement et la faculté de s’abstraire. La pratique de la rétention créant cet intermède de silence, de retrait et de détachement, est souvent difficile et obscur. Il déconcerte, dans un premier temps par le calme, le vide et l’inconnu que cela engendre et que les orientaux trans-himalayens décrivent comme : “la nuit obscure de l’âme”, le moment qui précède l’aube, l’heure avant que ne fasse irruption la lumière glorieuse.

L’expiration est la dernière phase de la respiration. Pour le corps physique, cela servira à renvoyer un air vicié ou un souffle salvateur. Pour le corps intellectuel, un verbe, plus ou moins juste, donnant forme à des idées, et pour le corps spirituel l’émission de pensée-forme plus ou moins juste en vertus, selon la qualité de sa respiration. Une pensée juste en vertus est vitalisée par celui qui respire selon un rythme correct, elle peut alors accomplir et sa mission, et son oeuvre car elle possède le secret de l’activité créatrice.

Pour l’âme-de-vie, la façon de manifester des formes dans les trois mondes, se fait par une intense méditation liée à la pratique de la respiration. L’expiration se traduira par la volonté fécondée dans l’intermède de la contemplation, cette rétention du souffle. Cette “volonté d’être”, l’ombre de l’âme-de-vie, l’épouse de l’époux, sera la Conscience envoyée dans la sphère temporelle des manifestations organiques. Cette Conscience sera et le canal des énergies, et le moyen d’expression, et le processus de réaction sur les trois plans de la vie humaine.

Parvenir à la maîtrise du souffle de Vie dans la pratique et le travail d’élévation de la Conscience, est une condition essentielle de la bonne circulation des énergies, qu’elles soient physiques, intellectuelles ou spirituelles. La science de la respiration, suivie avec exactitude et rigueur, est celle qui permettra de conduire la Conscience dans le monde des phénomènes comme force de la Haute Magie, celle issue du sceptre du pouvoir. Dans le cas d’une mauvaise pratique, cette Haute Magie se transformera rapidement en sorcellerie, avec ses obligations, ses asservissements et ses obéissances aveugles et absolues. La Conscience dans le corps spirituel doit exercer ses pratiques dans le cadre de la plus grande liberté, mais qui est aussi celle de la plus grande responsabilité. Cette liberté est la plus redoutable épreuve que doit surmonter la Conscience pour parvenir à se hisser dans son corps éthérique. L’embryon n’est pas fait pour rester dans le sein de sa mère, il doit apprendre et pratiquer la liberté sans laquelle il ne pourra jamais exprimer sa propre “volonté d’être”.

La liberté ne veut pas dire solitude, même si souvent elle donne cette impression. Un principe ésotérique veut que rien dans l’univers ne soit jamais sans père ni mère. Cette parentèle que la Conscience du corps spirituel ne peut pas encore voir, et qu’elle ne perçoit que de façon très indicible, est là, comme les vérités que nous ne percevons pas par manque de clarté...

Carnet du Rémora Page - 10 ------>