Ultime soupir

Sur les os, la peau tendue se confond à la toile du drap

Les sillons de ses traits comme des plaies béantes

Sont comme des mots visibles qui parlent de souffrance

Muette dans mon impuissance, figée je reste là.

Comme un enfant soumis, il a fait tout ce qu'on lui a dit

Suivi tous les traitements prescrits par les robes blanches

Ce matin de printemps, d'une voix sans révolte, il a dit: ça suffit

Le courage est parfois d'affronter l'évidence

Il y a trop longtemps qu'il combat son destin

Qu'il lutte jour après jour pour tenter l'impossible

Ce qu'il veut maintenant c'est quitter le chemin

Partir pour l'autre monde et cesser de souffrir.

La paix de son regard s'est posée sur moi

Puis prenant ma main il l'a caressée tendrement

Ses yeux semblaient me dire, je sais que tu comprends

N'aies pas peur, là où je serai, je veillerai sur toi.

Une gerbe d'amour répandait son parfum dans la chambre

Sur ses lèvres planait comme l'ombre d'un sourire

Sa main serrant la mienne, il est parti serein vers sa délivrance

Un rayon de soleil est venu recueillir son ultime soupir.

Marybé février 1997