POTIRONA

Potirona, une rondouillette citrouille

Éprouvait maints sentiments de trouille.

C’est qu’elle avait cru comprendre

Que des gens sans grande conscience

Allaient peut-être lui façonner

Une bouche, des yeux et un nez.

Ô horreur ! Il se pourrait même

Que ces vilains lui tranchent la tête

L’évidant de sa chair, de ses graines

Pour glisser dans l’antre de la cavité

Une chandelle allumée.

Ciel ! pourquoi une telle cruauté

Sanglotait notre petite amie.

Pourquoi donc une telle vilenie

Qu’ai-je fait pour me mériter

Une telle calamité ?

Elle frissonnait à cette pensée

D’être ainsi malmenée

Pour éclairer le crépuscule

D’une soirée de festivité,

Faut que j’me sorte de ce mauvais pas

Se répétait-elle, maintes et maintes fois.

Je ne peux pas trépasser comme ça

Ce n’est vraiment pas digne de moi

Par chance, notre chère Potirona

Était emplie de confiance en soi.

Elle se mit alors à implorer,

Le ciel, les étoiles, les fées.

Bien lui en pris,

Car, Ô agréable surprise !

À son oreille, elle entendit

Le petit chuchotement qui suit :

Ma p’tite Potirona, tu sais, je compatis,

Mais n’aie plus peur, ma p’tite chérie,

J’ai pour toi une plus jolie ambition

Que de te voir trasnfomer en lampion.

Non, de toi, je ferai un carrosse doré

De mille feux, illuminé,

Équipé de vaillants coursiers.

Par une solennelle déclaration

Je t’investirai d’une importante mission,

Celle de mener en toute sécurité,

Au bal, ma si précieuse Cendrillon.

Oh! Merci, merci, Madame la fée,

Grâce à vous ma peur s’est évaporée,

Dit, Potirona, toute confuse d’émotions

Rougissant en orangé

Son p’tit cœur tout soulagé.