Texte placé sur les Impromptus littéraires
Consigne à suivre pour l'écriture :
- reprendre l'incipit du dernier roman de Christian Oster "Chaque matin, vers dix heures, je me levais..." pour commencer votre texte.
- d'y glisser également son titre "dans la cathédrale".
Chaque matin, vers dix heures, je me levais et m'empressais de saisir ma vieille djellaba souvenir de cette envoûtante Tunisie. Sa mission consistait à occulter ma nudité nocturne. Puis, d'un pas que je renonce à nommer hésitant, je me dirigeais vers la porte-fenêtre ouvrant sur un balcon, afin de saluer ce nouveau jour par quelques étirements. Cette sorte de rituel était salutaire car il me semblait qu'il participait activement à mettre tant mes muscles que mes idées au clair. Quel serait donc le programme de la journée ? Bien évidemment cela dépendait du jour de la semaine et du bon vouloir du temps. Quand le ciel se montrait chagrin, je revêtais ce que je nommais ma tenue de combat, afin de m'attaquer aux choses, qui avaient pris un gros retard. Il s'agissait le plus souvent de ménage, de tirage, de rangement. Il faut dire que je ne tenais pas en grande affection ce genre de tâches, qui pourtant s'avèrent indispensables quand on partage son décor avec un être, qui bien qu'adorable, ne partage malheureusement pas l'opinion, qu'un grand désordre est un effet de l'art.
Par contre quand le ciel m'offrait un joli bleu sans nuages, j'envisageais une journée de balade. Équipée de mon précieux bijou numérique, j'allais fureter dans le quartier chinois ou encore humer les parfums d'ail, de tomates et d'olives au cœur de la pittoresque petite Italie. Vagabonder entre les étals du marché, entendre les marchands vanter leurs fruits et leurs légumes avec une légitime fierté c'est du bonheur en vrac, qu'il ne faut pas payer.
Il m'arrivait aussi de mettre au menu des activités pour lesquelles je ne tenais absolument pas compte de l'humeur du temps. Par exemple, un jour, ayant appris que la troupe «Les Voix d'Or» donnait un récital de Noël dans la cathédrale de Maryleport, j'estimais que pour plonger dans l'ambiance, il s'avérait indispensable de me rendre l'entendre. Étant confiante de nature, je la manifestais également envers ma fidèle Zoé à qui j'avais offert un traitement de beauté pour ses rouages ainsi que quatre semelles neuves de caoutchouc rainuré. Pas un seul instant, je n'ai douté qu'elle puisse avaler 200 kilomètres sans rechigner. Malgré un ciel présageant une manne de flocons blancs, il n'était pas question de changer d'idée. Mal m'en a pris, car même en implorant Saint-Christophe, le patron des voyageurs, pour qu'il m'aide à traverser cette épreuve routière sous une abondance de vent et de neige, finalement parvenue à Maryleport, pas la moindre petite note musicale n'a résonné à l'orée de mes oreilles. Mais à défaut, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elles ont quand même choisi d'apprécier le puissant écho d'une salve d'applaudissements...
Marybé – février 2010