Le bel oiseau

J'ai vu un bel oiseau tout de rouge vêtu;

Dans son bec il tenait un frêle nuage blanc.

Avec précaution, il posa le nuage sur un coin de ma table,

Tira, dessous son aile, une plume légère qu'il m'offrit en cadeau,

C'est alors que le ciel tout entier a pris couleur d'encre.

Étonnée, j'ai regardé l'oiseau, j'ai surpris son regard,

J'y ai lu son désir de me voir confier à cette étrange page,

La peine si profonde dont mon cœur souffrait.

Lorsque j'eus terminé de noircir le nuage

De mots mouillés de larmes à saveur de chagrin

L'oiseau, dans un frissonnement, fit battre ses ailes,

Comme s'il voulait faire un signe à quelqu'un.

En réponse à ce battement d'ailes, j'entendis un soupir puissant;

Venant du Nord, un grand vent accouru,

Avec force, souffla sur le nuage porteur de mes peines,

Et le fit voyager si loin, à l'autre bout du monde,

Si loin, qu'il n'est jamais revenu,

Si loin, que je crois bien, qu'il doit s'être perdu.

Quand la tendresse du jour est venue caresser mon visage,

Sur la branche du gros chêne que je vois de mon lit,

Sifflotait, malicieux, un bel oiseau tout de rouge vêtu.

Marybé mai 1997