En ce début décembre Sapino se questionnait
Vu les choses assez étranges
Que depuis peu il vivait.
Comment donc qu’il se fait
Qu’étant, pourtant, roi des forêts
Je me retrouve ainsi cloîtré
Sans pouvoir bien respirer ?
Pourquoi suis-je tout endimanché
De la tête au pied encombré
Par un tas de breloques qui pendent
À chacune de mes branches ?
Quel mal donc aurais-je causé
Pour ainsi me retrouver
En cette fâcheuse position
Ployant sous ce flot de décorations ?
V’là la question que je me pose
Moi, ce qui me plaît, c’est la nature
Le soleil, la neige, l’air pur,
Le vent qui me conte ses voyages,
La pluie qui s’échappe des nuages,
Les oiseaux aux jolis ramages,
J’aime tant surprendre leurs babillages.
J’étais chez moi dans la forêt
En compagnie de tous les miens
On bavardait de tout de rien
J’me sens chagrin que j’en pleurerais
Mais, non faut pas que j’me tracasse
Faudra bien que je m’y fasse
Car, paraît-il, que c’est l’usage
Quand vient le temps de célébrer
Décembre et la fin de l’année
De mettre à la place d’’honneur
Au cœur même de la demeure
De ces bipèdes qu’on dit humains
Un majestueux sapin
À croire que c’était mon destin
Faudrait donc pas que j’me ronge les freins
Puis, au fond, si j’veux être honnête
Ce n’est pas si dur d’être d’une fête
Qui met des éclats lumineux
Aux sourires et dans les yeux
Des p’tits, des grands et même des vieux
Je dirais même que c’est plaisant
D’entendre les rires des enfants
Et leurs cris d’émerveillement
Devant mon fameux déguisement
Qu’ils trouvent superbe et élégant
Et puis savoir que sa présence
Est indispensable à l’ambiance
Faut oser se l’avouer
On se sent tout enrubanné
D’un troublant sentiment de fierté
De mes p’tites réflexions
Je tire donc comme conclusion,
Que même sans être un choix personnel
Devenir un sapin de Noël
C’est, sans doute, un cadeau du ciel ?
Marybé 2008