L'Émigré
En chacun de ses mots, chacun de ses regards
Transparaît un ailleurs accroché à son âme
Sa voix porte l'accent du soleil de sa terre
En ses yeux se balancent les reflets de la mer
Il émane de lui le désir volontaire
De bâtir la route d'un possible bonheur
Au cœur de ce pays d'accueil qui chante ses hivers
Et ses étés trop courts noyés sous la chaleur
Forcer son destin et vouloir se construire
Une vie nouvelle, un avenir meilleur
Où il ne vivra plus l'angoisse si pénible
Du ventre qui sonne creux et des mains de chômeur.
Il regroupera ses forces, combattra ses faiblesses,
Ne renoncera jamais à avoir foi en lui,
Tiendra la tête haute pour remplir la promesse
Faite à ses parents, avant de quitter son pays.
Sur sa route il avancera et puis prendra de l'âge
Solidement amarré au sol qu'il s'est choisi
Mais l'accent de soleil restera en témoignage
De la terre qui l'a vu naître et d'où il est parti.
Marybé février 1997