5 heures du matin

Avec les yeux lourds d'un sommeil attardé

Cinq heures du matin; ils se pressent dans les tunnels glacés

Où gronde le vacarme lancinant des rames de métro

Qu'ils prennent chaque jour pour aller au boulot.

Même heure, même trajet, routine asphyxiante

Vivants enterrés au sein de ces entrailles bruyantes

Avec pour tout soleil une clarté blafarde

Aux ombres faméliques qui dansent et qui les narguent

Ils sont des centaines et pourtant ils sont seuls

Pas de mot échangé, peu de sourires offerts

L'anonymat les recouvre comme un troublant linceul

Au cimetière des jours, en silence, ils hurlent sous la terre

Ils hurlent leur vie de peine impossible à changer

Leurs rêves qui ne sont plus que déchets de poussière

Le visage d'un avenir aveugle où il devront bosser

Un seul choix s'offre à eux : assumer et se taire.

Marybé mars 1997