Aller, tel un arc tendu, vers l'inconnu du monde
Pour étancher sa soif avide d'en boire les lumières.
Pour assouvir sa faim dévorée de mille impatiences
Percer les ombres de l'horizon frontière.
Pas à pas s'étend la passion d'un regard en mouvance,
Goutte à goutte, au travers des jours, s'en diffuse l'essence.
Frémir aux ardeurs d'une nature en fièvre
Contempler ses beautés émouvantes et sereines;
S'opposer à ses maux de cruauté barbare;
Déchirer l'épaisseur de ses tourments et son inacceptable.
Voir la pousse naïve émerger du sol en poussière,
Se vouloir oiseaux en recherche d'infini;
Surprendre l'écho du vent confiant ses secrets à l'arbre sédentaire,
Percevoir sur sa peau l'odeur de l'herbe neuve.
S'endormir confiant sous la voûte d'une pluie en cascade.
Étreindre l'univers et se sentir vivant.
Chair et sang palpitants dansant sur les rives éblouies de la vie,
Au cœur d'un corps à corps unifié, s'y fondre pacifié ;
Laisser le recueillement emplir chaque fibre de l'âme
Glisser au profondeur du silence de soi
Essayer de comprendre et ne le pouvoir pas.
Ne pas savoir prier quelque dieu que ce soit
Et pourtant, sentir une litanie de mots en prière qui s'échappent des lèvres:
Incantations étranges aux murmures dévoilés.
Tous les sens en éveil, tel un gardien vigilant et fidèle
Aux portes de l'insaisissable et éternel mystère.
Marybé 1998