Flânerie urbaine
Tiens, constaté-je, après la longue tirade pluvieuse et monotone, c’est une entrée en scène chaleureuse et ensoleillée. Combien de temps va durer la prestation de cet acteur ? Ne connaissant pas ses projets le mieux c’est de saisir sa bénéfique présence pour aller se balader sans but réel sinon que de se mêler à l’ambiance San Franciscaine. Le cœur de la ville c’est «Union Square». Le «Westin Saint-Francis», l’un des plus anciens et prestigieux hôtel de la ville s’y trouve avec son lot de clients pour qui les fins de mois ou encore l’équilibre budgétaire sont des notions aussi vagues que le nombre de billets à donner pour avoir droit à l’usage d’une chambre de cet hôtel peut l’être pour un quidam. Avec les rues avoisinantes «Union Square» est le centre élégant de la ville. Macy’s, Saks Fifth avenue, Levis’s, Nike bref l’expression la plus luxueuse de notre société opulente et mercantile.
Mais, malheureusement cette société, ici comme ailleurs, compte bien évidemment des exclus. Au cœur de cette vitrine d’opulence californienne, nous sommes approchés par un d’eux. Il nous offre son journal comme le font les SDF de Montréal. «L’itinéraire» ici s’appelle «Street Sheet» et la donation suggérée est de 1$. Modeste montant. Que peut-il faire avec 1 $ quand ce n’est même pas le prix d’un café »? Il sourit heureux de ce que l’on lui donne mais je crois des mots que l’on échange avec lui. Des touristes (donc dans son esprit vraisemblablement des gens riches) l’ont écouté, lui ont parlé avec sympathie. Ce petit journal est publié par The coalition on Homelessness depuis 1989. Plusieurs fondations le soutiennent et dans ce que je lis au dos du journal, beaucoup sont des fondations familiales.
Un coup d’œil à notre fidèle guide-mentor-imprimé. Il nous renseigne une rue à voir. Maiden Lane est effectivement une rue élégante et piétonnière. Cependant elle était jusqu’à la fin du 19e siècle la rue la plus mal famée de la ville.
Toujours à proximité, nous découvrons un centre commercial (400 commerces) le «Westfield San Francisco Center». Que puis-je en dire, sinon qu’il s’agit d’une réalisation (4 étages) luxueuse et d’un style architectural de bon goût. Il s’y trouve au sommet un vaste espace surmonté d’une magnifique rotonde. Magasiner dans un tel endroit n’est pas dans ma gamme d’intérêt. Je n’ai jamais été attirée par le clinquant, le luxe et par nature comme par éducation je suis plus économe que dépensière. Mais, cet espace commercial est doté de confortables fauteuils de cuir offerts gracieusement au repos. Je saisis cette occasion pour accorder à mes guiboles la possibilité de cesser momentanément ses activités et me dédier à une activité qui me plaît peu importe le lieu où je me trouve. Je me livre donc ce passe-temps que j’appelle mon «mon voyeurisme urbain». J’aime observer cette faune humaine, qui offre tant de visages différents. Que font ces gens ? Qu’est-ce qui les anime ? À quoi passent-ils leur temps ? Quelles sont leurs passions, leurs amours, leur vie ? La façon de marcher, de s’habiller, la gestuelle, leur allure en général sont des indices qui me servent à créer des personnages fictifs et je laisse libre cours à mon intuition pour élaborer cette création.
Une chose frappante c’est le nombre incroyable de personnes de tout genre et de tous les âges qui utilisent un cellulaire, un portable, enfin un de ces engins informatiques fonctionnels et ultra pratiques. Il reste qu’il semble que ces gens ont absolument besoin de rester en contact, reliés. La majorité des cafés offrent le WIFI. Je l’avoue j’apprécie aussi beaucoup ces outils et lors de notre escale New Yorkaise, j’ai trouvé extra de pouvoir envoyer un p’tit message aux enfants, attablée devant un café à l’aérogare de Blue Jet grâce ce mini-ordi. Jamais je n’aurais pu penser être devant un écran lumineux n’importe où, et pouvoir partager ce que je vis avec les gens que j’aime. Si le Ipad était moins onéreux, il est clair, qu’il m’intéresserait. Mais, nous allons attendre des tablettes moins dispendieuses et vraisemblablement encore plus performantes. Pour le moment, ce petit HP fait parfaitement l’affaire. Par contre le téléphone, cellulaire ou pas, n’est toujours pas mon meilleur ami.
Cette ville californienne a un charme évident. Elle offre de très beaux points de vue et je remarque qu’elle n’a pas à subir les affres de publicités agressives et hideuses. Pas de bd Taschereau, mais un style sobre et esthétique pour les enseignes. Si cette ville est plaisante aux yeux, elle l’est moins pour les guiboles septuagénaires ! Imagez un peu un Montmartre multiplié par 43 !!!! Ou le Mont Royal en 43 exemplaires !!! Heureusement pour nous, nous sommes situés à un coin de rue du Câble-Car. Cet engin pittoresque est le témoin vivant d’une autre époque. Conçu par un ingénieur anglais au grand cœur... L’idée lui est venue lorsqu’il a vu un cheval chuter et perdre sa charge. Ce sympathique car a une vitesse que ne dépasse pas les15 km à l’heure. Sans importance pour nous, nous avons tout notre temps ! Cet engin dont les entrailles sont dépourvues de moteur possède deux grandes qualités : la générosité et la compassion. Il se met au service et porte secours à tous ceux, qui comme moi, ne tiennent pas le sport d’escalade en affection. Bravo et merci à lui qui est devenu patrimoine historique en 1964. Un titre bien mérité car en plus il ne dégage aucun acide de carbone et par les temps qui courent la protection de l’environnement ce n’est pas un sujet à balayer de revers de la main.
À ce propos, j`ai remarqué qu’un des bateaux utilisé par Alcazar Cruise, était hybride. Deux turbines avec entre les deux un panneau solaire.
Il est temps de regagner nos pénates provisoires et de fricoter quelques choses pour satisfaire nos estomacs. Pâtes accompagnées d’un sac de légumes mélangés achetés congelés et porc coupés en lanières pour une cuisson plus facile et rapide. Évidemment, pour moi un verre de vin rouge doit obligatoirement accompagner la chose... Plantée devant la petite cuisinière, je souris aux images dont m'a fait cadeau cette première journée ensoleillée. Comment seront celles stockées dans le ventre du digne descendant de Mr. Kodak ? Que doit-il penser ce cher inventeur de tous ces clichés numérisés? Il peut en penser ce qu'il voudra, moi je dis que c'est extra ! Bon mais pour l'instant l'urgence est de voir que ce souhaitent nos estomacs...