La dernière chance
Le règne de Louis XVI a démarré sous les meilleurs hospices. Toutefois, depuis quelques années, le Roi a du mal à asseoir son autorité et fait face à plusieurs difficultés :
financières liées aux guerres sous Louis XV et, plus récemment, à celle en Amérique qui a coûté une fortune au royaume ;
agricoles liées à la famine, au froid et aux mauvaises récoltes ;
avec le Parlement, très opposé au Roi à qui il reprochait ses trop grands pouvoirs (rejet des projets de réformes de Louis XVI et ses ministres, scandale du collier de la Reine en 1785…).
Le Tiers-État porte la dette nationale
L'assemblée des notables
Louis XVI a tenté d’instaurer des réformes, avec l'appuis de certains ses ministres. Il souhaitait, entre autres, mieux répartir l’impôt. Forcément, il se heurtait alors à la noblesse et au Parlement, composé de membres de cette même noblesse. Pour solutionner les choses, il a convoqué une assemblée de notables en 1787 et 1788. C'est un échec.
Louis XVI il se résout donc à convoquer les États-Généraux, chose qui n’avait pas été faite depuis 1614, au début du règne du jeune Louis XIII. Ils sont le seul moyen de pouvoir aboutir à des réformes.
Cette réunion est décidée dès 1788. Initialement prévue pour 1792, le Parlement obtient de Louis XVI qu’il les avance à 1789. On choisit Versailles comme lieu de réunion dans un but purement économique. C’est l’hôtel des Menus-Plaisirs, chargé normalement de stocker les décors pour les divertissements royaux, qui est choisi. Il s'agit d'un hangar fait en bois, avec juste un toit, aménagé, décoré et peint pour l’occasion. Le décor de la salle est composé d’éléments initialement prévus par Marie-Antoinette pour le Parterre du Midi, au château. Des sortes de baraques en bois, peintes pour imiter les effets du marbre.
Le Tiers-États se tiendra au fond, derrière une barrière. La noblesse s'installera d'un côté, le Clergé de l’autre. En face se trouvera la tribune royale.
Convocation aux États-Généraux
En 1788, des députés sont élus pour représenter les trois ordres de la société. Au total, 1200 députés, issus de tout le royaume et des trois ordres, seront présents. Se pose alors la question du vote. Sera-t-il effectué par ordre (un ordre = une voix) comme en 1614, ou faut-il instaurer le vote par tête ?
Pour mieux comprendre la situation, voici comment se répartissait la population française en 1789 :
26 millions de Français, soit environ 6 millions de plus que depuis la fin du règne de Louis XIV en 1715 ;
le Tiers-État est composé de 15 % d’ouvriers et 85 % de paysans ;
le Clergé représente environ 130.000 personnes, dont 143 évêques ;
la noblesse équivaut à 150.000 personnes, dont 4.000 font partie de la noblesse de Cour, c’est-à-dire fréquentant le Roi et Versailles.
Louis XVI, dans un souci d'équité, impose sa volonté de doubler le Tiers-État, ce qui revient à 300 députés de la noblesse, 300 députés du Clergé et 600 députés du Tiers (contre 300 en 1614). Pour autant, le vote par ordre reste maintenu et donc déséquilibré.
Les 3 ordres se rendent aux États-Généraux : le Tiers tire la charrette tandis que le Clergé et la noblesse se prélassent
Le Tiers se rend aux États-Généraux
La noblesse se rend aux États-Généraux
Les États-Généraux sont précédés d’une procession, un défilé des députés, avant la cérémonie d’ouverture. Le convoi quitte l’église Notre-Dame à Versailles, passe devant le château, et se rend à l’église Saint-Louis (aujourd’hui une cathédrale). Le passage du cortège est entièrement orné de tapisseries. Ce cortège se fait dans un ordre bien précis, représenté dans une frise de la salle des États-Généraux au château de Versailles.
Ci-dessus, un diaporama présentant cette frise en photos, mises dans l’ordre :
les Récollets (les religieux de Versailles) ouvrent le cortège ;
ils sont suivis du clergé de Versailles, issu des églises Notre-Dame et Saint-Louis ;
viennent ensuite les députés du Tiers-État vêtus de noir et de blanc ;
ensuite se trouvent les membres de la noblesse, porteurs de l’ordre du Saint-Esprit, vêtus de drap d’or, de gilets violets et de bas blancs ;
après, ce sont les députés du Clergé. D’abord le bas Clergé, puis le haut Clergé avec les évêques et un cardinal ;
abrité sous un dais, l’archevêque de Paris tient le Saint Sacrement. Autour de ce dais sont tendus des cordons tenus à l’arrière par les Comtes de Provence et d’Artois,frères de Louis XVI, et à l’avant par les Ducs d’Angoulême et de Berry, fils du Comte d’Artois ;
ensuite, on retrouve Louis XVI et Marie-Antoinette, facilement reconnaissable à sa robe très inspirée du célèbre portrait d’Élisabeth Vigée-Lebrun, « Marie-Antoinette à la rose » ;
suivent deux files de membres de la famille royale : la première avec en tête Philippe d’Orléans, futur Philippe-Égalité, cousin du Roi, et la seconde, celle des princesses, avec en tête Mesdames Adélaïde et Victoire, filles de Louis XV et tantes du Roi ;
enfin arrivent les Ducs et Pairs de France, puis des soldats.
Procession pour l’ouverture des États-Généraux
Les États-Généraux s'ouvrent sur un discours de Louis XVI. Il est bref, il appelle à la bonne entente entre les députés et espère une réelle évolution de la situation. Necker enchaîne avec un autre discours. Durant quatre heures, il fait un état des lieux, mais ne propose rien pour changer les choses. A la fin de la première journée, il y a beaucoup de déçus, d'autant que tous ne sont pas logés à la même enseigne :
les membres du haut Clergé et certains de la noblesse sont logés au château, où ils ont un appartement réservé. A l’inverse, le bas Clergé et les députés du Tiers doivent se loger eux-mêmes et payer leur nourriture, s’entassant ainsi dans les auberges de Versailles ;
ils n’ont pas tous le même costume. Le Clergé est en rouge/blanc ou violet ; la noblesse en noir avec bas de soie blancs, col en dentelle, chapeau à plumes et épée ; le Tiers tout en noir, avec bas de coton noir, col en coton blanc et sorte de bicorne. Chaque député doit payer son propre costume ce qui représente un frein pour la majorité des députés du Tiers ;
les membres du haut Clergé sont reçus un par un par Louis XVI, quand les autres sont reçus par groupes ;
après la procession du Saint Sacrement pour l’ouverture des Etats-Généraux, le Tiers, qui était à l’avant du cortège, doit céder les sièges les plus à l’avant, dans la Cathédrale Saint-Louis, aux membres du haut Clergé qui sont à l’arrière du convoi, ce qui crée un tohu-bohu et des bouchons.
Il représente la cérémonie d'ouverture des États-Généraux.
Le trône de Louis XVI est le même que celui utilisé lors du sacre à Reims.
Parmi les députés du Tiers, on retrouve un certain Mirabeau.
Certains députés du Tiers, pas suffisamment riches, n’ont pu se faire confectionner un habit et viennent en civil.
Robespierre apparaît dans ce tableau.
Le discours de Necker, long de quatre heures.
Finalement, les États-Généraux dureront à peine deux semaines. Le 17 juin, les députés du Tiers se constituent en Assemblée Nationale. C’est le premier acte révolutionnaire, il renverse l’ordre établi. L’autorité est désormais partagée entre Louis XVI et les représentants du peuple. Le 20 juin, c'est le Serment du jeu de paume et le 9 juillet, l’Assemblée Nationale devient l’Assemblée Constituante. S'en suivront la prise de la Bastille, la fin des privilèges, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, les journées d'Octobre 1789... Mais ça, c'est une autre histoire.