Le château de Louis XIV
Durant les années 1670, le souverain est dans une période de faste et de triomphes. En effet, en 1667, Louis XIV a envahi les Pays-Bas espagnols pour récupérer la part de dot de son épouse, née Infante d’Espagne. En 1672, il gagne de nouveaux territoires face à la Hollande. Fort de ses victoires militaires, le Roi, âgé de 41 ans et devenu arbitre de l’Europe, veut montrer au monde son pouvoir, sa puissance et son rayonnement. Versailles devient alors son outil de communication politique. Il va alors faire construire deux éléments qui seront le reflet de sa puissance : un escalier digne de lui, qui sera l’Escalier des Ambassadeurs et qui marquera le début du Grand Appartement ; et la Galerie des Glaces, qui en marque la fin, en apothéose. L’Escalier et la Galerie sont le pendant l’un de l’autre.
Gravure représentant l'Escalier des Ambassadeurs, par Louis de Surugue de Surgis
Louis XIV utilisait jusque-là un escalier datant de Louis XIII, modeste, qu’il avait fait orner de marbre. Un premier projet naît en 1671-1672, vite remplacé en 1674 par un deuxième. La construction est lente, Louis XIV étant pris par la guerre de Hollande. Le gros des travaux s’étend de 1674 à 1678. Situé au milieu des bâtiments, sans éclairage venant du dehors, il sera éclairé par le haut.
Coût total de cet escalier éphémère : 92.000 livres en 1674, 30.000 en 1675, 90.000 livres en 1676, 115.000 livres en 1677 et 121.000 en 1678. Les années suivantes, les coûts baissent et dépassent à peine le millier de livres. Il est achevé en 1680-1681.
On accède à l’Escalier des Ambassadeurs par trois arcades avec des grilles forgées et dorées, à droite de la Cour Royale.
Maquette représentant les grilles menant à l'Escalier des Ambassadeurs
Ces mêmes grilles aujourd'hui
Au centre du vestibule se trouve un premier perron de 11 marches en marbre rouge du Languedoc.
Il y a une fontaine sur le premier palier et, de là, partent à angle droit deux escaliers de 21 marches. La fontaine du premier perron est une vasque en marbre rouge et blanc, en forme de coquille, avec deux dauphins de bronze doré qui la portent. Elle est surmontée de tritons de bronze et d’un centaure de marbre antique, offert à Louis XIV par le Prince Albani. Les murs sont recouverts de marbres, les rampes sont en bronze et ont coûté à elles seules 31.000 livres. Le palier du premier étage forme comme un énorme rectangle, avec huit portes : quatre fausses et quatre vraies, qui donnent sur le Salon de Vénus, le Salon de Diane, l’Appartement du Roi et l’Appartement de Mme de Montespan.
Maquette représentant l'Escalier des Ambassadeurs
Maquette représentant la façade des arcades aux grilles et le vestibule
Le palier comprend des pilastres et des colonnes ioniques. Il dispose aussi de quatre niches, chacune au centre d’un côté de ce rectangle, et de fresques, situées dans des loggias à colonnes ioniques, représentant les Quatre Parties du Monde, ainsi que quatre tapisseries de Van der Meulen représentant les victoires du Roi en 1677. Les niches des petits côtés accueillent les attributs de Minerve et d’Hercule. Celle au-dessus du palier et de la fontaine dispose d’un buste de Louis XIV, avec « son soleil, sa devise et des trophées de bronze doré ». Sur le mur d’en face, la niche accueille les armes de la France et de Navarre. Le plafond est richement décoré et percé « en son centre et sommet, d’un large rectangle, fait de glaces de cristal cernées de métal doré, d’où vient la lumière* ».
Finalement, les travaux ont duré 10 ans et l’Escalier en a vécu 70. Le souverain est fier de cet escalier magistral où il reçoit les ambassadeurs des puissances étrangères. Ceux-ci l’attendent en bas, devant les premières marches, afin d’y être reçus. On y organise aussi quelques concerts.
Réception du Grand Condé par Louis XIV, par Jean Léon Gérôme
* Le château de Versailles, Pierre Verlet, Fayard, 1960, réédition de 1998