Les Trianons & le domaine de Marie-Antoinette
A la mort du Roi, son successeur, Louis XVI, offre Trianon en propre à Marie-Antoinette, après le retour du sacre à Reims. La Reine devient la réelle propriétaire du domaine et donne elle-même ses ordres pour l’aménager et le meubler. Les ordres émanant de Trianon commencent tous par « de par la Reine », ce qui est une grande première. Jusque-là, même si les Reines étaient officiellement propriétaires, tous les travaux étaient ordonnés par le Roi. Cette nouveauté est presque révolutionnaire et fait beaucoup jaser à la Cour.
Marie-Antoinette dort à Trianon pour la première fois en 1779. Elle y prend goût et ses séjours seront de plus en plus longs, délaissant totalement Versailles. Elle fait aménager une chambre pour Louis XVI, qui n'y dormira jamais. La souveraine invite son cercle restreint dans son domaine, notamment sa fille Madame Royale, sa belle-sœur Madame Elisabeth, ainsi que ses amies comme Mme de Polignac, qui y a une chambre.
Marie-Antoinette va s’approprier les lieux. Pour autant, elle a très peu modifié l’intérieur de Trianon et a presque tout gardé de ce qui s’y trouvait. Par exemple, la balustrade et le garde-corps, faits en fer forgé et dorés, ont été réalisés pour Louis XV. La Reine n’y a rien changé, elle a simplement ajouté son chiffre, le « M » et le « A » entrelacés. C’est seulement à la fin de son règne qu’elle fait changer le mobilier, ce qui montre le côté très moderne et avant-gardiste des pièces choisies par Louis XV, puisque ça a aussi séduit Marie-Antoinette. En revanche, Marie-Antoinette fait repeindre les pièces de Trianon et en remodèle certaines, qu’elle attribue à ses proches.
C’est une pièce simple, avec peu de mobilier et un parquet composé juste de lattes de bois, il n’est ni lustré ni précieux, d’autant plus que quand la Reine passe, les gardes doivent taper du pied au sol, ce qui finit par l’user.
La souveraine y expose deux tableaux commandés à sa mère et représentant des ballets effectués durant son enfance. On la voit d'ailleurs sur l'un d'eux, au côté de son frère Joseph II.
Aujourd'hui, cette petite voiture tirée par des chèvres y est exposée. Ce n'est sans doute pas celle qui était utilisée à Trianon, elle a été retrouvée dans les communs du château de Saint-Cloud détruit en 1871. Toutefois, la Reine aimait emmener ses fils dans son domaine. Les Dauphins ont dû jouer avec une voiture du même style à Trianon et cette pièce de collection est là pour rappeler ce souvenir.
La pièce qui accueillait la Salle de Billard de Louis XV devient le billard des Gardes, dont la Salle est située en face.
Il ne s'agit pas ici d'une cuisine mais bien d'une salle dédiée à réchauffer les plats pour les monter dans les salles à manger. Principalement utilisé par Louis XV, il le sera peu par la Reine, qui le fera fermer et l'enverra dans les communs, ne supportant pas l'odeur de la nourriture.
Marie-Antoinette a commandé un ensemble de vaisselle spécialement dédié à Trianon. Il est composé d'un liseré vers à perles blanches et décoré de bleuets, une fleur qu'elle apprécie.
A droite : cuve à lait
En-dessous à gauche : pot à sauce
En-dessous à droite : glacière ou sorbetière
Les dorures au-dessus du miroir sont composées de feuilles. Dans les boiseries, on peut distinguer également des fleurs en bouquets. Les sièges sont recouverts d’un tissu à fleurs. Le siège unique, avec les pieds bien droits, est le seul rescapé d’une commande de la Reine pour Trianon. Ses pieds droits rappellent les colonnes antiques, son imprimé à fleur est au goût de la Reine, tout comme la table pour le thé recouvert d’une plaque en marbre pour protéger le bois.
Là où Louis XV avait installé son café et son escalier privé, la Reine crée son Cabinet des glaces mouvantes, qui est redécoré en 1787.
Ex-Cabinet de Louis XV, Marie-Antoinette en fait sa chambre. Le lit qu'elle occupe était celui de Mme du Barry, qu'elle fait dorer et retendre à son goût. Elle le change en 1783. Le lit actuel n'est pas d'origine.
Les tentures ont été refaites à l’identique par rapport à celles que Marie-Antoinette avait commandées. Les pieds des fauteuils sont droits comme les colonnes, le tout mélangé aux fleurs affectionnées par la Reine et à des petits glands ainsi que des feuilles et des épis incrustés dans le bois des sièges.
La chambre de la Reine a une particularité. Elle ne voulait pas que sa vue sur le jardin anglais soit gâchée par des petits carreaux à ses fenêtres. Aussi a-t-elle fait installer de grandes vitres afin qu’elle puisse tout voir dans son ensemble. Ce petit caprice était onéreux car des carreaux de cette dimension valaient très cher.
Sur le palier de l’escalier, à gauche, se trouve une porte qui aboutit à l’escalier menant à l’entresol et au deuxième étage.
A l'entresol, Marie-Antoinette loge les dames de son service.
C’est une pièce simple, petite, meublée modestement. Il y a assez peu de lumière, avec une seule fenêtre.
La Princesse de Chimay est la Dame d'Honneur de la Reine, remplaçant Mme de Noailles que la souveraine déteste et surnommait "Madame l'Etiquette". Sa chambre est plus grande et vaste que celle de Mme Campan, mieux meublée, mais aussi mieux éclairée.
La pièce est créée en 1780. Marie-Antoinette n'y vient jamais, puisqu'on lui apporte directement les livres qu'elle veut.
Les banquettes que l’on voit devant les fenêtres servent surtout à masquer le haut du mécanisme des glaces mouvantes. Les rayonnages ont été entièrement restaurés, avec leur grillage de protection.
Les livres présents dans ce rayonnage ont réellement appartenu à la Reine, preuve en est du sceau avec une couronne qui est inscrit dessus (tout comme les meubles étaient marqués, ce qui permet de savoir dans quelle pièce/château ils étaient situés). Beaucoup des livres situés à Trianon ont pour thème le théâtre.
Louis XV y avait son appartement, composé d'une Antichambre, d'une Chambre et d'un Cabinet, et desservi par son escalier privé. La Reine réservera ces pièces à Louis XVI, qui n'y dort pas. Les pièces seront alors prêtées à Madame Elisabeth, sœur du Roi. La chambre de Mme de Polignac est créée en 1783, Mme de Lamballe en a une également. Bien entendu, Madame Royale a la sienne et on suppose que c'est aussi le cas du premier Dauphin, Louis-Joseph, bien qu'il n’existe aucune trace nulle part pouvant affirmer ce fait.
Aujourd'hui, les chambres de l'Attique sont aménagées pour rendre hommages aux femmes qui ont marqué Trianon. On y trouve la chambre de Madame Royale, de Madame Elisabeth, mais aussi celles de Marie-Louise, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, Duchesse d'Orléans, ou encore Eugénie.