Réglé comme une horloge
⚜️ Collection "visites guidées" ⚜️
Etudions la journée type de Louis XIV au travers de ce compte-rendu de visite guidée. Durant la visite, nous avons traversé des pièces utilisées tous les jours par le Roi, au fur et à mesure de la journée.
Les quatre cérémonies de la journée étaient le lever, la messe, le souper et le coucher du Roi. Durant ces quatre cérémonies, les courtisans devaient être présents et surtout respectueux ! Louis XIV faisait circuler des espions afin d’écouter les bruits et autres velléités des courtisans.
Le lever s’effectue dès 8h. Dans l’antichambre de l’Œil-de-bœuf, les courtisans admis à assister au lever attendent. C’est aussi là que se trouve l’immense tableau représentant Louis XIV et sa famille en divinités. Le valet de chambre ouvre les rideaux quand la pendule sonne. Viennent alors les médecins. Puis Louis XIV se lave et s’habille en public ; sa chemise est donnée par le premier prince du sang.
Louis XIV quitte sa chambre et traverse les salons du Grand Appartement pour rallier la Galerie des Glaces. Vers dix heures, il apparaît dans l’une des portes dissimulées dans les énormes miroirs. Il est annoncé et les courtisans plongent dans une révérence. Le monarque se rend alors à la Chapelle, pour la messe.
Tous les matins, le Roi assiste à la messe dans la Chapelle royale. Tant que celle-ci n’était pas finie, plusieurs chapelles provisoires ont été installées un peu partout. Louis XIV s'installe à la tribune, au même étage que son appartement, au centre, entouré de la famille royale. Au rez-de-chaussée se trouvaient les courtisans. Et au niveau de l’autel (d’origine, avec sa plaque en bronze doré) était le prêtre. La messe durait de 10h à 10h45.
Au premier étage se trouve l’orgue d’origine, réalisé par Cliquot. Tous les jours, la messe était accompagnée par de la musique, mais toujours différente. En effet, Louis XIV était un roi musicien, aussi accordait-il un soin particulier à cet art et souhaitait avoir un son différent à chaque cérémonie. La musique dédiée aux messes est la musique d'église.
Des choristes chantent, assis sur des bancs autour de l’orgue. Les bancs actuels datent du XIXe siècle. Au même étage se trouve une petite pièce où les musiciens pouvaient répéter et ranger leurs instruments dans des casiers.
A l’inverse, Louis XV n’était absolument pas porté sur cet art et se contentait d’avoir toujours les mêmes, parfois datant du précédent règne. Le compositeur et maître de chapelle, Delalande, était donc chargé d’en créer une par messe. Sur la porte de l’orgue, on peut remarquer une gravure : le Roi David jouant de la harpe. C’était un roi musicien, lui aussi, et Louis XIV s’est souvent associé à son image. D’ailleurs, un portrait représentant aussi le Roi David à la harpe est visible dans une chambre anciennement occupée par Louis XIV (l'actuel Salon de Mercure). Louis XIV jouait très bien du luth et de la guitare (il a été l’un des premiers à jouer de la guitare dans les hautes sphères de la société) et était aussi un excellent danseur. On a même créé pour lui un ballet sur le thème des planètes et des étoiles, où il a incarné le Soleil. Enfin, sur le haut de l’orgue, on peut remarquer les attributs de la royauté française : la couronne et les fleurs de lys ; ainsi que le monogramme du Roi, deux L entrelacés, qui sera valable jusqu’à Louis XVI, sur les vitraux.
Louis XIV se rend à la salle du conseil des ministres tous les matins après la messe, pour y travailler jusqu’à 13h, heure du Petit Couvert. Le Roi propose les sujets de conversation, une discussion s'installe et il finit par trancher.
C’est là que débutent les pièces de l'appartement privé de Louis XIV, dont sa galerie exposant de véritables trésors, comme la Joconde, qui appartenaît à la Couronne depuis François Ier. Plus tard, Louis XV, puis Louis XVI, réaménageront les lieux à leur goût.
Le Petit Couvert se déroule dans la chambre du Roi, vers 13h. Louis XIV s’installe dans l’embrasure de la fenêtre en face de son lit. Pour passer le temps, il convie son frère, très bavard. Ils discutent ensemble et Monsieur lui raconte les derniers potins de Cour. Le monarque apprécie également d'écouter de la musique pendant son repas.
Dans la journée, Le Roi reçoit les Ambassadeurs dans la Galerie des Glaces ou chasse. Les courtisans quant à eux sont libres et circulent dans les salons de Mars, Vénus, Diane, Abondance, Mercure, Apollon et Hercule. Lors des soirées d'appartement (lundi, mercredi et jeudi), ces mêmes salons servent à accueillir les invités : dans les premiers on mangeait, puis dans les derniers ont jouait (trou-madame, hocca, pharaon avant son interdiction, billard etc) et enfin ça finissait en musique. Vu que ces appartements touchaient les petits appartements privés qui ont été occupés plus tard par Louis XV et Louis XVI, ils servaient alors de couloirs et coulisses. Dans chaque salon se trouve une cheminée. Et les musiciens étaient dans des sortes de loges murales, encastrées de chaque côté de ces cheminées, et ils s’y installaient et en bougeaient par ces fameux couloirs-coulisses.
Certains soirs, on assiste à des spectacles (ballets, pièces de théâtre, etc). Ils se font dans les jardins ou dans les salons du Grand Appartement. En son temps, la Cour de Marbre accueillait aussi des ballets, comme "Les Plaisirs de l'Ile Enchantée", créé en 1664 en l'honneur de la favorite du moment, Louise de La Vallière. La cour servait de scène, des petits lumignons disposés sur la rambarde sous les toits illuminaient le tout, des orangers étaient sur tout le tour des murs de la Cour et servaient de décors à l’ensemble. Les musiciens étaient devant les escaliers de la Cour et enfin il y avait le public.
La table est dressée au centre, avec au fond une tribune pour que les musiciens jouent durant le repas du Roi et de sa famille. Les courtisans sont debout, devant les fenêtres. Dans la pièce juste avant celle-ci sont dressées deux tables où sont posées des mouillettes. Quand les serviteurs apportent les plats, ils trempent une mouillette dedans et la goûtent. Si c’est bon et sans poison, ils apportent les plats à Louis XIV. Si c’est mauvais ou empoisonné, ça repart aux cuisines. Le souper se tient de 22h à 23h. Il se compose de 5 à 6 services. Louis XIV prend un peu de chaque plat, puis quand plus rien ne le tente, on apporte le nouveau service. Louis XIV mange avec ses doigts, les fourchettes ne servant alors qu’à se servir dans les plats. Louis XIV a d'ailleurs grondé son petit-fils parce qu’il a mangé tout son repas avec une fourchette et faisait donc des manières. Des serviettes humides sont fournies pour se laver les doigts. Les verres, eux, ne sont pas à table. Ils sont portés sur des plateaux par des valets, et lorsque le Roi a soif, il réclame son verre qu’on lui apporte.
Le Roi mange plutôt bien le soir, au grand dam de son médecin, présent derrière lui lors de ses repas. A l’inverse, le Roi mange assez peu le midi. Les cuisines étaient d’abord situées au rez-de-chaussée de l’aile du Midi, puis ont été délocalisées dans le Grand Commun, situé de l’autre côté de la rue, côté sud. Seuls les plats destinés au Roi sont conçus au château, pour des raisons de sécurité. On mange plutôt froid ou tiède à cette époque, comme des sortes de buffets. Après le souper, les courtisans allaient directement dans la chambre du Roi pour le cérémonial du coucher.
Le siècle de Louis XIV correspond aussi à de grandes découvertes culinaires, notamment grâce au potager du Roi où sont cultivées de nouvelles choses. Le petit pois est alors un produit de luxe, il est rare et coûte une fortune ! On en mange une dizaine, pas plus et on les consomme un par un, comme des bonbons. On découvre aussi de nouvelles boissons venues d’Orient, le thé et le café. Dans le même temps, Dom Pérignon fait mousser le vin de Champagne. On trouve également, sur les tables de Versailles, les premières oranges comestibles. Enfin, c’est l’essor des glaces et des sorbets, dont Louis XIV est particulièrement friand.
Le coucher se faisait de 11h à minuit, de même, en public. Un courtisan, choisi par Louis XIV, tenait la chandelle quand il se couchait. C’est là le tour de force accompli par le Roi : c’était vu comme un véritable honneur !