Versailles et Louis XV
Louis XV devient Roi à cinq ans. La monarchie repose sur lui seul et il faut lui trouver rapidement une épouse. Après des fiançailles avortées avec une Infante d’Espagne (plus jeune que lui donc loin d’être près d’enfanter), il se marie à 15 ans avec Marie Leszczynska, princesse dont le père, Stanislas, est le Roi déchu de Pologne. Le parti est peu brillant, mais Marie est catholique et surtout, elle peut vite devenir mère, puisqu’elle a sept ans de plus que son époux. Retourné vivre à Versailles à sa majorité, le jeune Roi y accueille son épouse, qui lui donnera 10 enfants, 8 filles, qui seront appelées Mesdames, et 2 garçons, dont le seul survivant sera le Dauphin Louis-Ferdinand.
Marie-Louise Elisabeth (1727-1759), Madame, puis Madame Première, puis Madame Infante (jumelle d’Henriette)
Anne-Henriette (1727-1752), Madame Henriette, puis Madame Seconde, puis Madame (jumelle d’Elisabeth)
Marie-Louise (1728-1733), Madame Troisième, puis Madame Louise
Louis-Ferdinand (1729-1765), Dauphin
Philippe (1730-1733), Duc d’Anjou
Marie-Adélaïde (1732-1800), Madame Quatrième, puis Madame Troisième, puis Madame Adélaïde, puis Madame
Victoire Louise Marie Thérèse (1733-1799), Madame Quatrième, puis Madame Victoire
Sophie Philippine Elisabeth Justine (1734-1782), Madame Cinquième, puis Madame Sophie
Thérèse Félicité (1736-1744), Madame Sixième, puis Madame Thérèse
Louise-Marie (1737-1787), Madame Septième, puis Madame Dernière, puis Madame Louise, puis Sœur Thérèse de Saint-Augustin
Madame Troisième meurt en 1733, à 3 ans. Les quatre plus jeunes, Mesdames Victoire, Sophie, Thérèse-Félicité et Louise, sont envoyées à l’Abbaye de Fontevrault pour y être éduquées à moindre coût… et surtout pour gagner en espace dans le château. Seules les trois aînées (les jumelles Mesdames Louise-Elisabeth et Henriette, ainsi que Madame Adélaïde) restent à la Cour. Elles logent dans l’appartement des Enfants de France, dans l’aile du Midi.
Louise-Elisabeth quitte Versailles en 1739 pour se marier. Mesdames Henriette et Adélaïde restent ensemble et quittent la pouponnière royale pour s’installer en 1744 au rez-de-chaussée du corps central, dans l’appartement habituel du Dauphin. Elles n’y restent pas et retournent dans l’aile du Midi en 1747, quand leur frère réemménage dans son appartement originel.
Lorsque Madame Henriette décède en 1752, Madame Adélaïde ne supporte pas de rester seule dans l’appartement qu’elle occupait avec sa sœur et veut déménager. L'année suivante, Madame Victoire revient de Fontevrault. Fille préférée de Louis XV, Madame Adélaïde, devenue l’aînée depuis le mariage d'Elisabeth et la mort d'Henriette, sollicite des pièces au premier étage, qu’elle obtient en 1753. Louis XV lui attribue l’appartement occupé jadis par Mme de Montespan au summum de sa faveur. Aussi, Madame Victoire doit partager l'ancien Appartement des Bains avec la Marquise de Pompadour.
En 1754, Mesdames Sophie et Louise la rejoignent et récupèrent au passage les pièces précédemment occupées par la Comtesse de Toulouse et Louis XV. La chambre de Madame Sophie se situe sur l’ancien Cabinet des Bains, celle de Madame Louise est installée dans la Galerie Basse (photo à gauche).
Deux ans plus tard, en 1756, Madame Adélaïde obtient une pièce au deuxième étage pour y installer sa Bibliothèque.
Entre 1760 et 1763, Mesdames Victoire, Sophie et Louise vont réclamer des aménagements dans leurs appartements, notamment sur la décoration. Le peu qui restait de l’Appartement des Bains initial disparaît.
Quand Mme de Pompadour meurt en 1764, Madame Victoire reprend son appartement, Madame Sophie celui de Madame Victoire et Madame Louise celui de Madame Sophie. Elles gagnent alors en espace, mais cela ne va pas durer. En effet, Louis XV a besoin de place au premier étage et surtout au deuxième, pour installer sa nouvelle favorite, Madame du Barry. Il va récupérer les pièces de Madame Adélaïde et celle-ci reprend l’appartement de feu la Marquise de Pompadour. Elle s’y installe en 1768. La donne de l’Appartement des Bains est alors redistribuée selon l’ordre de naissance des Princesses : Madame Adélaïde s’installe à la place de Madame Victoire et les trois cadettes se reportent sur le reste de l’appartement, la moins bien lotie étant la plus jeune, Madame Louise. Pour mieux loger ses filles, Louis XV leur accorde d’aménager la Galerie Basse en appartement. Il accepte d’autant plus qu’il espère ainsi, en faisant plaisir à ses filles, faire oublier l’arrivée de Mme du Barry à la Cour. En 1770, Madame Louise entre en religion. Elle laisse ainsi plus de place à ses aînées.
L'entrée de l'appartement de Madame Adélaïde se fait par le passage reliant la Cour Royale et le Parterre du Nord. On trouve une Première et une Seconde Antichambres (actuelle Salle des Hoquetons), un Grand Cabinet (situé sous le Salon de Diane), une Chambre, un Cabinet Intérieur et une Bibliothèque en entresol.
Cette bibliothèque est située au-dessus de celle de Madame Victoire, qui marque la fin de son appartement et la jonction entre celui de Madame Adélaïde et celui de sa cadette. Victoire dispose par ailleurs d'un Cabinet, d’une Chambre (ex-Salle de Diane, sous le Salon d’Apollon), d’un Grand Cabinet d’angle, d’une Pièce des Nobles et d’une Antichambre (ces deux pièces sont l’ancienne Chambre et l’ancien Cabinet des Bains), qu’elle partage avec Madame Sophie.
Après cette pièce que les sœurs se partagent, Madame Sophie a une Pièce des Nobles, un Grand Cabinet, une Chambre, un Cabinet Intérieur (voisin de l’appartement du Comte de Provence) et une Bibliothèque située sur l’actuel emplacement du Vestibule. Quand elle décède en 1782, Mesdames Victoire et Adélaïde se partageront presque équitablement l’Appartement des Bains. Certaines pièces de la Princesse seront reprises par Marie-Antoinette pour son appartement privé.
Elle se situe à l'emplacement de l'ancien Cabinet des Bains de Louis XIV. Elle a aussi été la Chambre de Madame Sophie, puis est devenue la Première Antichambre de Madame Victoire lorsque sa cadette a repris l'appartement du Dauphin, deux ans après le décès de celui-ci en 1765.
On y attend avant être reçu par la Princesse. Les boiseries du premier étage sont d’origine, mais celles du rez-de-chaussée ont été retirées sous Louis-Philippe.
(C) Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
Cette pièce correspond à l'ancienne Chambre des Bains de Louis XIV. Elle a été occupée par Mme de Pompadour avant qu'elle ne s'installe au troisième étage. Elle a ensuite été chambre du Comte et de la Comtesse de Toulouse, puis a accueilli le sommeil de Mesdames Victoire et Adélaïde.
Les seuls vestiges de l’appartement initial des Bains sont les volets. Les boiseries de cette pièce sont plus richement décorées que celles de la précédente, avec des motifs musicaux. Le buste sur la cheminée représente le Dauphin, très proche de ses sœurs. On y attend également afin d’être reçu par Victoire.
Il s'agit de l'ancien Salon-Octogone de Louis XIV. Bien qu'étant une pièce superbe et originale, son style est dépassé au règne suivant et Mesdames demandent à ce que la pièce soit réaménagée et redécorée.
On ignore ce qu’elles avaient dans leurs appartements et il n’en subsiste plus rien, aussi le mobilier actuel de la pièce date de Louis XVI : issu du château de Bellevue ou de Versailles, racheté par les Windsor à la Révolution et offert à Versailles. Les deux clavecins sont présents pour symboliser la culture musicale de Mesdames ainsi que le passage de Mozart. Elles étaient toutes musiciennes et pratiquaient également le dessin, la peinture ou des ouvrages de couture ou broderie.
C'est l'antichambre ionique de l'appartement des Bains. Elle a été occupée par Madame Sophie avant de devenir la chambre de son aînée.
Elle est plus confortable que celles de ses parents. Les boiseries sont simples, sans dorures. Des tableaux montrent Marie Leszczynska, Madame Adélaïde qui joue de la Violle de gambe, Madame Victoire et Marie-Josèphe de Saxe, la Dauphine. Le lit est à la turque et date du XVIIIe siècle, mais n’est pas celui de la Princesse.
Avant-dernière pièce de son appartement, les meubles proviennent également de la collection Windsor.
La pièce occupe un tiers de l'ancien vestibule dorique de l'appartement des Bains. Les colonnes de marbre qui le composaient sont toujours encastrées dans les murs et visibles dans les pièces de service situées au premier étage.
Dernière pièce de l’appartement, elle dispose d’un plafond très bas. En effet, au-dessus se trouve celle de Madame Adélaïde. Un escalier se trouve derrière les portes afin d’y accéder. Elle occupe le deuxième tiers du vestibule dorique.
Mesdames sont cultivées et lisent des récits religieux, historiques, de voyages, scientifiques, etc. Le décor de la pièce est travaillé avec de fausses reliures sur les portes, pour que ça soit raccord une fois fermées. Les murs et boiseries sont peints au vernis martin. Les couvertures rouges sont les livres d’Adélaïde, les vertes sont ceux de Victoire. Tous sont aux armes des filles de France.
Il s'agit du dernier tiers du vestibule dorique. Cette pièce a été occupée par Mme de Pompadour dès 1751, après avoir quitté son appartement du troisième étage.
Les meubles datent du XVIIIe siècle et viennent du cabinet doré de Marie-Antoinette. Les portraits sont ceux des Comtes de Provence et d’Artois, et de Madame Clotilde.
Cette chambre fut occupée par le Comte de Toulouse, puis par le Duc de Penthièvre, la Duchesse de Penthièvre, Mme de Pompadour, qui y meurt en 1764 et Madame Victoire.
Elle devient ensuite la chambre de Madame Adélaïde, qui dispose elle aussi d'un lit à la turque
La pièce a aussi appartenu à Mme de Pompadour avant d'être dédié à Madame Adélaïde.
Elle est décorée dans un style militaire, avec des armes romaines, comme on aimait sous Louis XIV. Sous Louis XV, c’est couvert de boiseries afin de cacher la décoration de son prédécesseur. Elle sert d’antichambre à Madame Adélaïde et se trouve à côté de l’ancien escalier des Ambassadeurs. Coupée et entresolée, elle a fait partie de l’appartement de Mme de Pompadour avant que la favorite n'intègre le troisième étage.
On entre dans ces pièces par le Salon de Venus ou par l’escalier intérieur, situé proche du passage public reliant Cour Royale et Parterre Nord. On arrive dans la Première Antichambre (ancien Cabinet des Médailles et future Pièce des Buffets), puis dans la Seconde Antichambre, suivie du Grand Cabinet (ou Salle à manger) qui forme l’angle de la Cour Royale (future Salle à manger de Louis XV en 1769). Ensuite, se trouve la Chambre, future Bibliothèque de Louis XVI. Enfin, le Cabinet-Intérieur ou Cabinet-Doré, ou encore Salon de Musique (carrousel d'images ci-dessous).
Adélaïde a appris la harpe avec Beaumarchais, l’italien avec Goldoni et Mozart a joué dans cette pièce. Au mur se trouvent des décorations datant de 1750 faisant référence à la musique, que pratiquaient Mesdames ; mais aussi à d’autres matières qu’elles ont apprises : botanique, dissection (uniquement de poissons car un animal à sang froid ne transmet pas de pathologies aux hommes, contrairement aux animaux à sang chaud, d'où la grippe porcine ou la grippe aviaire). La corniche date de la fin du règne de Louis XIV. En 1768-1769, Madame Adélaïde perd ses pièces au premier étage, que Louis XV s’empresse de reprendre.
Madame Adélaïde veut, comme ses parents, un Arrière-Cabinet, un Oratoire et des Bains, ainsi qu’une terrasse créée en 1754.
Source photo Antichambre de Madame Victoire : Images d'Art