Le parc
La Ménagerie Royale, gravure de Pierre Aveline
Au bout Sud du Grand Canal s’élevait la Ménagerie Royale. Un petit palais dans un domaine rempli de plusieurs espèces animales rares. Louis XIV vient à peine de prendre le pouvoir, Versailles n’est pas encore celui de l’apogée du règne, encore moins celui que nous connaissons aujourd’hui. Pourtant, une de ses premières décisions a été de faire construire cette Ménagerie entre 1662 et 1668. Passée la grille d’honneur, on arrive dans un bâtiment qui tient presque du petit château. L’extrémité est un pavillon octogonal, entouré d’une cours de même forme. Tout autour se trouvent plusieurs enclos séparés.
Un premier étage permet aux visiteurs d’admirer des animaux encore inconnus en Europe et provenant des quatre coins du monde. Différents types d’animaux sont élevés dans la Ménagerie : les animaux paisibles (grands oiseaux, pélicans, aras, perroquets, etc.) ; les animaux féroces (ours brun, entre autres) ; les animaux rares et exotiques (autruches, casoars, dromadaire, éléphant, crocodile, etc). Chose rare à Versailles, l’ensemble a été rasé, il n’en reste aujourd’hui qu’un petit pavillon et une guérite. Louis XIV fait de sa Ménagerie un passage obligé de ses fêtes et visites du jardin. C’est aussi un projet politique : le plus grand Roi du monde a dompté et règne sur des animaux exotiques venus du monde entier ! La Ménagerie permet aussi de développer une science nouvelle. Les animaux, très nombreux et à forte mortalité, sont naturalisés et étudiés. A la tête des lieux se trouve Claude Perrault, le frère de Charles, ami de Colbert. Il va superviser les travaux scientifiques exécutés à la Ménagerie, mais aussi l’apport en animaux venant de partout. On dissèque les créatures mortes, on note ce que l’on voit, on dessine, on comprend. C'est la naissance de la zoologie, mais aussi de l’anatomie spectacle : la Cour se presse à des séances de dissection publique.
Vers la soixantaine, le Roi se lasse de sa ménagerie et l’offre à la Duchesse de Bourgogne, femme de son petit-fils, âgée de douze ans. La Princesse raffole de l’endroit et y organise des après-midis de repos et de divertissements. Pour elle, Louis XIV fait créer un jardin particulier et une nouvelle laiterie. Beaucoup de travaux sont entrepris en 1698 afin de la satisfaire. Le Roi veut moderniser et rajeunir les lieux, dans un style proche de ce que l’on verra plus tard sous la Régence. « Il faut de l’enfance répandue partout », écrit-il à Mansart. Quand elle décède en 1712, la Ménagerie tombe en déclin. Le Régent, qui installe le pouvoir à Paris durant la minorité de Louis XV, ne s’y intéresse pas. Le jeune souverain ne s’y rend qu’une seule fois lorsqu’il reçoit un rhinocéros et un lion, mais il la délaisse à son tour, lui préférant celle située dans le parc de Trianon. Les lieux sont délabrés, presque en ruine, quelques animaux sont en quasi-liberté.
Plan de la Ménagerie Royale, extrait du Recueil des châteaux, jardins, bosquets et fontaines de Versailles, Trianon et la Ménagerie
Louis XVI ne s’intéresse pas beaucoup à la Ménagerie, qui reste toutefois appréciée de la Cour. Les décors créés pour la Duchesse de Bourgogne sont rénovés en 1787, mais le Roi songe déjà à envoyer les animaux encore présents au Museum d’histoire naturelle de Paris. Quand la Révolution éclate, les bêtes toujours présentes sont mangées ou vendues. En 1793, il ne reste que cinq rescapés du massacre, envoyés à Paris. On peut encore y voir aujourd’hui le rhinocéros empaillé de Louis XV.
Sieyès récupère le domaine en 1800, qui sera rasé.