Le joyau du Roi-Soleil
Lorsque l’on voit Versailles aujourd’hui, on peine à imaginer le modeste relai de chasse qu’il a été durant des années. Indissociable de Louis XIV, le château n’a pourtant pas été habité que par ce souverain et, avant d’être une possession royale, il a appartenu à la noblesse protestante de la fin de la dynastie Valois. Le château tel que Louis XIV l’a connu n’existe presque plus. Déjà durant son règne, le Grand Roi a effectué des modifications dans Versailles, au gré des besoins de la Cour, de ses envies, de son ambition politique, de la ronde de ses favorites, de l’augmentation de la famille royale proche ou élargie. Aussi, le château des années 1660 est bien différent de celui de 1715, quand Louis XIV s’éteint. Pourtant, il existe encore quelques traces de ce Versailles initial, celui de sa genèse. Par la suite, Louis XV et Louis XVI, sous leurs règnes respectifs, n’ont eu de cesse de métamorphoser les lieux, en augmentant leurs parties privées et en remettant la décoration baroque rococo au goût du XVIIIe siècle. Vidé à la Révolution, il est retrouvé, modifié, réaménagé en musée, remeublé, restauré, prenant peu à peu ce visage qu’on lui connaît aujourd’hui.
Certes, le château de Versailles a coûté cher en vies et en argent. Le coût total, hors fêtes, est d’environ 80 millions de livres. Des livres de comptes répertoriaient les décès et les pensions accordées aux veuves ou aux blessés. Mais Versailles a aussi beaucoup apporté à son siècle : du travail pour l’ensemble des ouvriers présents sur les chantiers mais aussi pour les différentes manufactures qui l’ont approvisionné (Saint-Gobain, notamment) ; des apports pour l’art, la culture, la sculpture, la peinture, les jardins ; mais aussi des avancées considérables pour les sciences et l’ingénierie.
Versailles fut aussi le tombeau de la monarchie. En matant sa noblesse trop rebelle et en la prenant sous sa coupe, Louis XIV a mis en germe les prémices de la Révolution. Louis XV avait la prestance nécessaire pour se retirer en son particulier tout en restant respecté de sa noblesse. Mais Louis XVI n’a pas eu cette force et il est devenu le prisonnier de sa propre Cour et de son château, avant d’être celui de son peuple. En voulant la magnificence et l’éternité pour son Versailles, le Grand Roi a aussi annoncé la fin de sa dynastie.
Mais finalement, que retient-on le plus du règne de Louis XIV ? Versailles.