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Les Confessions de Constanze Mozart + La redoutable veuve Mozart
Isabelle Duquesnoy
Plon
Tome 1 : Une jeune femme s’apprête pour son mariage. Demain, elle épouse un homme qu’on s’accorde à trouver petit, affligé d’une grosse tête, provoquant… Pour comble, c’est l’ancien fiancé de sa sœur. Il s’appelle Mozart. Wolfgang Amadeus.
Qui est donc cette Constanze, qui devint la femme, puis la veuve du génie de la musique ? Elle dut apprendre à surmonter les complexes de son physique ingrat et taire sa jalousie pour garder son mari. Elle étouffa son exceptionnel talent de chanteuse pour concevoir des enfants, distribua des sourires à la Cour, goûta l’ivresse des belles manières, de la bière, de la gloire et de l’argent. Puis elle affronta les commérages, les trahisons, l’indigence et la séparation de la mort .
Ecrit sous forme de confession, cet ouvrage révèle la destinée d’une jeune femme incomprise et calomniée depuis plus de deux cents ans. Une héroïne romantique et réfléchie, qui rencontra Casanova, Beethoven, et parlait couramment trois langues …
Voici les pensées, les doutes, les joies de celle que Mozart aimait. Et pour la première fois, voici son triomphe.
Tome 2 : 1791. Mozart vient de mourir. Tombé dans l’oubli, son corps jeté à la fosse commune, le musicien de génie ne laisse que dettes et misère. Devant son masque mortuaire, ce pitoyable objet de plâtre qui est son seul héritage, Constanze jure de venger l’homme auquel elle a dédié sa vie. Sans moyens, impuissante, cette femme si effacée se révèle soudain habitée d’une énergie hors du commun, qu’elle emploiera désormais à bâtir sa revanche, sans hésiter à exploiter les tragiques remords de Salieri, à exacerber l’amertume des jaloux de l’œuvre mozartienne, à se réjouir des déboires de Beethoven, à sacrifier l’amour de ses propres enfants… Avec un acharnement incroyable, elle se consacre à entretenir le culte de son mari, et il n’est pas rare de la rencontrer errant dans le cimetière, à la recherche de ses souvenirs. Cette histoire est celle de cinquante ans de passion, l’aventure d’une femme totalement vouée à celui dont elle partagea la destinée, et pour qui elle réussit, en dépit de tous les obstacles, à créer un monument de mémoire : le festival de Salzbourg…
Je ne sais pas par où commencer tellement j’ai de choses à dire sur ce livre. Je l’ai vraiment adoré, il est très, très bien écrit, bien que parfois cru, et surtout il nous fait (re)découvrir Constanze Weber, toujours oubliée, souvent maltraitée par l’Histoire et les spécialistes de son génialissime mari, Mozart. Le langage cru que l’on trouve dans ces lignes est un choix de l’auteur afin de rester fidèle au XVIIIe siècle, où le langage était très polisson et scatologique. Nulle vulgarité ici. Ça peut surprendre parfois mais on s’y fait, et surtout on se rend compte de la façon dont Mozart, Constanze et tous leurs contemporains parlaient.
Les notes de fin d’ouvrage sont une mine d’informations extrêmement intéressantes et complètes. Les deux tomes sont basés sur quatre ans de recherches de l’auteur, des lettres réelles de Wolfgang, son père Léopold, sa sœur Nannerl, Constanze bien entendu, ses fils Karl et Franz-Xaver, ainsi que sur les mémoires de leurs contemporains (Thérèse von Brunswick, Lorenzo Da Ponte…) et sur des ouvrages reconnus dédiés à Mozart, ses proches, ses contemporains, et la vie du XVIIIe siècle à Vienne et Salzbourg.
Le tome 1 a été préfacé par Geneviève Geffray, conservateur en chef du Mozarteum de Salzbourg (fondé par Constanze) et montre bien que l’ensemble des faits relatés sont réels, même si les détails eux sont inventés pour le bon suivi de l’histoire. En tout cas ce livre est riche en émotions, on ne peut pas le lire sans ressentir toute la douleur de Constanze à la mort de son mari, leurs années de bonheur et d’amour, sa rage de venger la mort de son Wolfi seul dans l’oubli, sa satisfaction à voir les monuments érigés en sa mémoire, et enfin sa mort avec le crâne de Wolfgang dans les bras.
Je le conseille vraiment !