Le parc
Louis XV se borne à respecter ce qu’a créé Louis XIV. Toutefois, les jardins demandent beaucoup d’entretien. Il va donc faire détruire le Théâtre d’Eau, dont il ne subsiste que les allées. Il fait aussi rénover les bassins des Saisons, le Parterre d’eau, le Bassin de Latone, la Pyramide, mais aussi la Pièce d’Eau des Suisses en 1762, ainsi que les Bosquets de l’Arc de Triomphe, des Trois-Fontaines, des Dômes, des Bains d’Apollon et du Labyrinthe.
L’entretien des jardins est très coûteux : en moyenne 18.000 livres par an, rien que pour les salaires des jardiniers et les frais d’entretien des allées. Celui des sculptures et des jardins coûte 1.700 livres par an. Ces montants n’incluent pas les coûts des jardins de Trianon, de la Ménagerie et du potager. Et, bien entendu, les coûts liés à l’eau, dans tout le domaine : parc, Canal, Trianon. L’eau concerne aussi l’entretien et la faible utilisation de la Machine de Marly, toujours en fonction, mais aussi les rigoles, les aqueducs et les réservoirs. Louis XV devra se résoudre, comme Louis XIV, à faire « avec ce qu’il a ».
Durant les hivers 1774-1775 et 1775-1776, Louis XVI ordonne que tous les arbres du parc, centenaires, soient remplacés et replantés. C’est un travail colossale mais payant : en 1784, tout est achevé et tel qu’on le voit aujourd’hui. Côté bosquets, le Labyrinthe est détruit et remplacé par le Bosquet de la Reine, achevé en 1781. La même année, Louis XVI lance la rénovation du Bosquet des Bains d’Apollon. Là où sont le jardin du Dauphin et le bosquet d’Apollon, Louis XVI choisit de placer les anciens groupes créés pour la Grotte de Thétis et stockés jusque-là dans le bosquet des Dômes. Entre 1777 et 1781, un nouveau cadre est créé, mêlant grotte et ruines, afin d’accueillir ces statues. En dehors de ces changements, les jardins ne sont pas modifiés et Louis XVI reste fidèle au souvenir de son aïeul. En revanche, il prend soin de rénover et entretenir les jardins et canalisations des fontaines, ainsi que les réservoirs.
La Révolution a menacé fortement Versailles. On a projeté de raser le château, qui fut sauvé in extremis. Les jardins faillirent subir le même sort, mais le jardinier en chef du Roi, Louis Richard, petit-fils du jardinier de Louis XV et fils de celui de Marie-Antoinette, permit leur sauvetage. Ouverts au public, les jardins furent envahis de visiteurs peu scrupuleux et respectueux, qui dégradèrent l’endroit. Certaines lingères venaient même laver leur linge dans les bassins ! Avec l’Empire, le château et ses jardins restent dans l’ombre. Napoléon s’en soucie peu. Il faut attendre la Restauration pour que Louis XVIII fasse créer de nouveaux bosquets, notamment celui du Jardin du Roi. La chute des Bourbon et l’avènement de Louis-Philippe, puis celui de Napoléon III, n’eurent pas d’incidence sur les jardins, qui ne furent pas touchés.
Sous l’impulsion de Pierre de Nolhac, d’importants travaux de rénovation sont effectués, et les jardins n’en sont pas exclus. Fouillant les archives, il recherche toute information susceptible de l’aider à restaurer les bosquets et à leur rendre leur état d’origine, autant que faire se pouvait puisque nombre d’entre eux ont été détruits, modifiés ou réaménagés. Cette méthodologie de travail est toujours la même aujourd’hui, et les conservateurs se basent dessus pour entretenir jardins et canalisations. Enfin, plusieurs campagnes de replantation des arbres ont également eu lieu, tout au long de l’histoire des jardins.