Les Trianons & le domaine de Marie-Antoinette
Quand la Révolution éclate et que la famille royale est ramenée à Paris, le jardinier Richard reste sur place. En 1792, le ministre Roland le nomme comme jardinier en chef de Trianon. Un an plus tard, le mobilier du château est rassemblé avec celui de Versailles et tout est vendu petit à petit. Seuls quelques domestiques restent sur place, où ils sont logés, tandis que les symboles royaux sont détruits. Trianon devient alors propriété nationale et le terrain est loti. Une concession est accordée à l’entrepreneur Langlois, qui transforme les lieux en auberge et cabaret. N’importe qui peut venir y dormir à condition de payer. Mettereau succède à Langlois. On donne des bals populaires, les habitants, irrespectueux des lieux, dégradent Trianon et ses jardins. Par manque d’entretien, la nature reprend ses droits. Seules quelques parcelles de terrain sont sauvées dans un but éducatif.
En 1805, Napoléon Ier visite les lieux et trouve le procédé scandaleux. Il fait placer le Hameau et Trianon sur la liste des biens d’Etat, fait tout refaire à neuf pour ensuite les prêter à Pauline, sa sœur préférée. Les peintures sont refaites, de nouveaux tableaux sont commandés, le sol est dallé à neuf. Dès 1810, Pauline est dépossédée des lieux car Napoléon souhaite offrir le domaine à sa seconde épouse, Marie-Louise, petite-nièce de Marie-Antoinette. La nouvelle Impératrice se plaît dans ces lieux, mais elle n’en profitera pas longtemps, puisque Napoléon chute quatre ans plus tard.
Durant la Restauration, Madame Royale hérite de Trianon, mais les souvenirs étant trop douloureux, elle se contente d’une seule visite. Trianon est en quelque sorte abandonné, ses oncles n’y allant pas davantage.
Sous la Monarchie de Juillet, le lieu va retrouver un peu de vie, en passant au Duc d’Orléans, fils de Louis-Philippe, et à son épouse, Hélène de Mecklembourg-Schwerin. Mais la Duchesse déteste l’endroit et ne souhaite pas y être associée, comme ce fut le cas jadis pour Marie-Antoinette, critiquée à propos de Trianon et de son Hameau. Elle parle de ses séjours à Trianon comme d’un exil. Louis-Philippe fait tout de même réaliser des travaux et remplace le vert, couleur emblématique de Trianon, par du gris. Le vert retrouvera sa place au XXe siècle, lors de restaurations.
Napoléon III ne se soucie pas plus de Trianon que du château. En revanche, dans son culte voué à Marie-Antoinette, Eugénie entame un ré-ameublement du lieu en piochant dans les garde-meubles. Elle y organise la première exposition dédiée à Marie-Antoinette et augmente ainsi l’intérêt du public pour le refuge de la Reine défunte. Cet intérêt va diminuer après la chute du Second Empire et Trianon va de nouveau tomber dans une période creuse. Il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour que le lieu soit de nouveau mis en avant et enfin ouvert au public, entre deux restaurations.