Des destins similaires ?
Nous connaissons tous le destin tragique de Louis XVI et de sa famille. Assis sur un trône millénaire, il est renversé par la Révolution de 1789. Emprisonné, il est guillotiné comme sa femme et sa sœur. Son fils n’a pas davantage de chance, puisqu’il meurt à dix ans dans sa prison du Temple, rongé par la tuberculose. Seule sa fille, Madame Royale, survit à la Révolution. Elle rejoindra ses oncles, épousera son cousin, sera Dauphine de France et, de façon éphémère, Reine lorsque son beau-père Charles X abdiquera.
Nous connaissons aussi la tout aussi tragique destinée des derniers Romanov. Renversé en 1917 par les Bolcheviks, Nicolas II descend d’un trône dont il ne voulait pas. Leur déchéance les mènera au fin fond de la Sibérie, à Tobolsk, puis à Ekaterinbourg où toute la famille sera massacrée. Les corps, découpés en morceaux, seront jetés dans un puits de mine et bombardés à la grenade après avoir été brûlés. Aucun Romanov n’est ressorti vivant de cette tuerie.
Toutefois, une chose saute aux yeux : ces destins, de prime abord si différents, éloignés l’un de l’autre de plus d’un siècle, sont pourtant très proches. Et si Louis XVI et Marie-Antoinette d’un côté, Nicolas II et Alexandra de l’autre, avaient-eu des destins similaires ? Les parcours de Louis XVI et de Nicolas II ne sont pas si éloignés que cela. Au contraire, ils se ressemblent beaucoup. Marie-Antoinette et Alexandra, dont les premières années sont très différentes, finissent par se rassembler sur le chemin de la vie au travers d’événements très proches. Pour autant, n’allons pas non plus trop loin. Si leurs destins semblent s’être répétés, comme un hasard de l’Histoire, ils ne sont pas non plus totalement semblables : pour plus d’une trentaine de points communs, on peut compter plus de vingt différences entre ces deux familles.
Louis-Ferdinand de France et son épouse, Marie-Josèphe de Saxe, forment un couple uni. Bien que l'union ait mal démarré (le Dauphin ne se remettait pas du décès de sa première femme), le mariage est couronné par la naissance de 7 enfants.
Louis-Auguste, Duc de Berry, naît en 1754. Il n'est pas destiné à régner puisqu'il a un frère aîné, le Duc de Bourgogne, chéri par leurs parents. Blessé après avoir joué, l'enfant a pour garde-malade son propre frère, qui subit la colère et le dédain de son aîné. A la mort de celui-ci, il se retrouve héritier du trône après son père et voit ses parents reporter leur amour sur son cadet, le Comte de Provence, qu'ils estiment bien meilleur pour régner. A 13 ans, le futur Louis XVI est orphelin.
Il devient Roi en 1774, à 20 ans. Son rayon de soleil est sa petite sœur Elisabeth, qui, en grandissant, lui montrera un soutien indéfectible. Il apprécie également son plus jeune frère, le Comte d'Artois. A l'inverse, il s'entend mal avec le Comte de Provence, qui lui répète qu'il serait un bien meilleur Roi que lui.
Aimé par son grand-père, le jeune Prince n'est pourtant pas beaucoup vu au Conseil des Ministres, alors qu'il y a droit. Il n'est clairement pas préparé à régner. Quand Louis XV décède, Louis XVI s’agenouille : « Seigneur, protégez-nous, nous régnons trop jeunes ». Trop jeunes, sans doute pas. Ses trois prédécesseurs sont devenus rois entre 5 (Louis XIV, Louis XV) et 10 ans (Louis XIII). Même s’ils n’ont pas régné seuls, ils ont endossé leur rôle pleinement dès 13 ans, âge de la majorité royale.
Alexandre Alexandrovitch épouse la fiancée de son défunt frère aîné, Dagmar de Danemark, devenue Maria Feodorovna. Les mariés, si opposés, forment un couple très amoureux. Ensemble, ils ont 6 enfants.
Nicolas naît en 1868. Bien qu'il soit appelé un jour à monter sur le trône, ses parents lui préfèrent son plus jeune frère, Michel, que leur mère surnomme "Micha chéri". Elle l'estime plus à même de régner que son aîné. D’ailleurs, quand Nicolas II et son épouse Alexandra peineront à avoir un fils, Maria ne désespérera pas que Michel puisse succéder à son frère. Les relations entre Nicolas et son cadet sont très tendues.
Nicolas grandit au sein de cette famille si unie. Il adore ses parents, notamment sa mère. Il admire et craint tout à la fois son père, qui, lui, le voit comme un enfant. On ne le voit d'ailleurs que tardivement au Conseil des Ministres. Nicolas est est très proche de son frère Gueorgui, atteint de tuberculose depuis sa plus tendre enfance. Lorsqu’Alexandre III décède en 1894, Nicolas se confie à son cousin et beau-frère Sandro : il n’est pas prêt à régner, il ne l’a jamais voulu, il ignore tout de la façon de gouverner.
Marie-Thérèse de Habsbourg et François-Etienne de Lorraine forment un couple amoureux et uni, malgré quelques incartades de ce dernier. L'Impératrice est très féconde et donne à son mari 16 enfants. Marie-Antoinette naît en 1755 à Vienne. Elle est la dernière fille et l'avant-dernier enfant de ses parents. Elle est avant tout un pion sur l'échiquier politique de Marie-Thérèse, qui s'allie à la France de Louis XV et scelle ce rapprochement par un mariage entre sa plus jeune fille et le Dauphin. Marie-Antoinette est très en retard d'un point de vue scolaire, on lui envoie donc un précepteur, l'Abbé Vermond, pour qu'elle apprenne ce qu'une future Reine de France doit savoir.
En 1770, elle quitte cette ambiance familiale privée pour un pays qu'elle ne connaît pas. Elle ignore tout de son fiancé, qu'elle n'a vu qu'en peinture. Bien que la venue d'une nouvelle Dauphine soit une bonne nouvelle, on se méfie beaucoup de la jeune Archiduchesse, l'Autriche étant un ancien pays ennemi. Le Dauphin lui-même a été prévenu par ses parents, lorsqu'ils étaient encore vivants, car très opposés à une union autrichienne. Arrivée à la frontière, elle est dépossédée de ses biens et effets pour être vêtue à la française. Son équipage repart de son côté, tandis qu'elle poursuit sa route jusqu'à rencontrer Louis XV, son fiancé et les frères de celui-ci.
Alice du Royaume uni, fille de la Reine Victoria, est très éprise de son époux Louis IV de Hesse-Darmstadt, qui le lui rend bien. Ensemble, ils ont 7 enfants. Alix de Hesse naît en 1872 à Darmstadt. Elle perd sa mère alors qu'elle n'a que 6 ans et ne se remettra jamais de cette perte. Elle n'est pas proche de son père, qui se soucie peu de sa progéniture. Elle est choyée par sa sœur aînée puis est éduquée par sa grand-mère Victoria, qui l'adore. Alix rencontre Nicolas lors du mariage de sa sœur Elisabeth avec un oncle du Tsarévitch. Ils se fiancent en 1894 et la jeune femme retrouve son promis peu avant le décès du Tsar. Arrivée "derrière un cercueil" et mariée dans la foulée, elle est mal perçue de la Cour et de la population. Convertie à l'orthodoxie, elle devient Alexandra Feodorovna.
Elle apprend le russe, le français et se consacre corps et âme à la religion qu'elle vient d'adopter. Bien qu'elle connaisse déjà la Russie, elle est peu à l'aise en public et s'efface vite derrière son imposante belle-mère, qui ne l'apprécie pas.
Le mariage de Louis-Auguste et de Marie-Antoinette a lieu le 16 mai 1770 à Versailles. L’événement est applaudi et salué par le peuple en liesse. On organise des fêtes dans la capitale où on distribue nourriture et boisson gratuitement. Les parisiens sont ravis mais très vite, la fête tourne au drame. Le 30 mai, un feu d’artifice est tiré place Louis-XV. Une fusée retombe sur le stock prévu pour le bouquet final. Tout s’enflamme, un incendie se déclare, c’est la panique. Des centaines de personnes sont piétinées, on compte environ 400 victimes. Toutes les festivités sont stoppées. Le Dauphin et la Dauphine sont profondément affligés par ce drame qui ternit fortement leur union. C’est sur leur cassette personnelle qu’ils apporteront une aide financière aux familles endeuillées.
Le couronnement de Nicolas et Alexandra a lieu le 26 mai 1896. On célèbre l’événement dans tout l’Empire et on prévoit une distribution gratuite de nourriture, de boissons et de cadeaux sur le plateau de la Khodynka. Les Russes présents sont pressés d’être servis et se précipitent avant l’ouverture officielle de la fête. Le sol est meuble, l’énorme stand est juste posé dessus. Un glissement de terrain provoque l’effondrement du plancher. Ceux qui ne meurent pas dans la chute sont piétinés. On compte plus de trois-milles morts, sans compter les blessés. Si le couple impérial est touché par ce drame, ils commettent la maladresse, sur conseil du Grand-Duc Serge, de poursuivre leur programme mondain. Ils terminent leur déjeuner avant de se rendre sur place et, quelques jours plus tard, ils se rendent à un bal à l’Ambassade de France. Le peuple est profondément choqué par leur attitude et ne la leur pardonnera pas. Nicolas II finance sur ses propres deniers, les funérailles des victimes ainsi qu’une aide pécuniaire à leurs familles. En vain.
Mesdames, tantes du Dauphin, prennent Marie-Antoinette sous leur aile. Elles auraient pu être les mentors de la Dauphine, chose que leur belle-sœur décédée ne pouvait plus faire, mais vont tenter de la manipuler pour avoir une influence sur leur neveu. Mal conseillée par Mesdames, Marie-Antoinette les écoute et va jusqu'à ignorer la maîtresse du Roi. Elle finit par se détacher des filles de Louis XV, qui vont alors faire circuler des rumeurs sur la Dauphine, qu'elles surnomment "l'Autrichienne". La Princesse parvient toutefois à bien s'intégrer dans son nouveau pays. Elle parle le français sans accent ni hésitation, elle le lit et l'écrit.
Toutefois, sa popularité va baisser avec les années. Tête à vent, comme la décrit son frère, la Dauphine aime s’amuser. Elle se lève tard, se couche tard, tout l’inverse de son époux. Il aime les sciences, la géographie, l’histoire. Elle aime la fête, les jeux d’argent, aller à l’Opéra le soir en compagnie de ses amis. Il aime la bonne chair et la chasse, elle grignote et préfère s’occuper de ses toilettes avec Rose Bertin et le coiffeur Léonard. En outre, elle ne supporte pas l’étiquette. Elle n’y a jamais été habituée à Vienne et trouve tout cela pesant et ridicule. De plus en plus, elle cherche à y échapper. Elle demande à Louis XVI de lui recréer les appartements privés de la Reine, jadis annexés par Louis XIV à la mort de son épouse. Petit à petit, Marie-Antoinette va grappiller des pièces privées : salons, cabinets, bibliothèque, bientôt une salle de bains et même une chambre, chose impensable sous les précédents règnes.
Comme son époux, qu’elle a appris à apprécier et à respecter avec les années, elle n’est bien que loin de la Cour et de sa représentation perpétuelle. Elle trouvera cette paix et cette vie privée que dans son cocon de Trianon. Elle n'y invite que des personnes qu'elle a elle-même choisies, notamment ses amies la Duchesse de Polignac et la Princesse de Lamballe, ainsi que le Comte de Vaudreuil ou son beau-frère Artois. Mal jugée par l'Histoire, Yolande de Polignac fut une amie fidèle, qui n'a quitté la Reine que sur ordre de Louis XVI et à contrecœur. Elle décèdera de chagrin après l'exécution de la Reine. La Cour n'apprécie pas l'attitude de Marie-Antoinette et son choix de se renfermer avec ses amis. La noblesse se sent rejetée et finit par tourner le dos à la souveraine. Rapidement, les pires pamphlets circulent, accusant Marie-Antoinette de tromper son mari avec son cercle d'intimes.
Alexandra essaye tant bien que mal de se faire à son nouveau pays. Elle peine à apprendre toutes les informations qu'elle doit savoir et parle mal le russe. Sa belle-mère a le pas sur elle et agit comme si elle était toujours la souveraine régnante. Alexandra ne pourra souffler que quand elle et Nicolas s'installeront au Palais Alexandre. Timide, stressée et peu à l'aise en public, elle ne fait pas bonne impression durant les représentations officielles. Elle passe pour froide et hautaine, alors qu'elle est tout le contraire. En réalité, elle préfère vivre dans son particulier, passer du temps avec son mari qu'elle aime profondément et, par la suite, avec ses enfants.
Elle n'a que quatre amies qui comptent dans sa vie, dont la plus célèbre est Anna Vyroubova, qu'Alexandra installera dans une maison proche du Palais Alexandre. Bien que naïve et peu intelligente, Anna sera sûrement la plus proche et fidèle des amies de la Tsarine. Seule la Révolution les séparera. Les deux femmes seront plus tard sous la coupe de Raspoutine.
La famille impériale, la Cour et le peuple russe détestent tant la Tsarine que son mystique conseiller. Forcément, des libelles décrivent des scènes érotiques entre elle, Raspoutine et Anna, ce qui est faux. Très vite, la souveraine deviendra "l'Allemande". Mais, contrairement à Marie-Antoinette, ce surnom vient du peuple et non de la Cour.
Le drame de la Reine est de ne pas avoir d'enfant. Lorsqu'enfin la Reine accouche de son premier enfant en 1778, il s'agit d'une petite fille, Marie-Thérèse. La Cour et le peuple sont déçus, mais le couple royal est heureux de cette naissance. Trois autre enfants suivront : Louis-Joseph en 1781, Louis-Charles en 1785 et Sophie-Béatrice en 1786.
Marie-Antoinette est une mère attentive. Chaque jour, elle se rend chez ses enfants et passe beaucoup de temps avec eux. Ayant grandi au sein d’une famille unie, elle tente de reproduire ce schéma avec sa progéniture. Elle élève ses enfants afin qu'ils restent simples et ne prennent pas de hauteur. Elle corrige le caractère hautain de son aînée et leur apprend à tous à partager leurs jouets, ainsi qu'à faire les choses par eux-mêmes.
La Reine lit également Rousseau et veut appliquer ses principes éducatifs. Dans son Hameau, elle emmène Madame Royale et le Dauphin, pour qu'ils apprennent les valeurs de la nature et comprennent le travail et la vie de la grosse majorité du peuple. Des carrés potagers leurs sont aménagés afin qu’ils cultivent chacun un petit lopin de terre.
La souveraine est également frappée par le chagrin. En 1787, Sophie-Béatrice meurt à 11 mois. En 1789, alors que les Etats-Généraux s'ouvrent, le premier Dauphin meurt de la tuberculose, dans d'atroces souffrances. Elle reporte ses espoirs sur ses deux enfants survivants, et notamment sur le nouveau Dauphin, le petit Louis-Charles, qu'elle surnomme "Chou d'amour".
Alexandra tombe rapidement enceinte après son mariage. Bien que la Cour soit déçue de la naissance d'une petite Olga en 1895, la jeune mère et son mari sont ravis. La déception continuera toutefois, puisque l'enfant sera suivie de trois autres filles : Tatiana en 1897, Maria en 1899 et Anastasia en 1901. La Tsarine souffre de ne pas avoir de fils, mais ses efforts sont récompensés car, en 1904, naît le Tsarévitch Alexis.
En Angleterre par Victoria ou en Allemagne par des nurses anglaises, Alexandra est élevée à la dure. Lit sans confort, horaires précis, emploi du temps rempli, repas frugaux, rien n’est laissé au hasard. Devenue mère, la Tsarine entend transmettre à sa progéniture cette éducation qu’elle a reçue. Son idée est d’éloigner toute idée de hauteur dans l’esprit de ses filles et de son fils. Les Grandes-Duchesses dorment sans oreiller et font leurs lits elles-mêmes. Une demande à faire à un domestique ? C’est avec la plus parfaite politesse et une grande douceur, sans jamais rien exiger. Elles ont un emploi du temps réglé comme une horloge et étudient plusieurs heures par jour.
Alexandra, en mère attentive et dévouée, surveille leurs progrès, vérifie les cahiers, converse avec les professeurs. Elle déteste que ses filles restent les mains inoccupées. Aussi les Grandes-Duchesses cousent, brodent, lisent, photographient. Elles partagent d’ailleurs cette passion avec leurs parents. Le Tsarévitch, quant à lui, est un bel enfant blond aux joues roses qui fait la fierté de ses parents.
Pour autant, le drame frappe la Tsarine. Ce fils tant attendu est hémophile et tient sa maladie de sa mère. Alexandra s'en voudra toute sa vie. Elle sait son fils condamné et redoute qu'il ne vive pas suffisamment longtemps pour succéder à Nicolas II. Chaque crise est une épreuve pour l'enfant, mais aussi pour sa mère qui le veille sans relâche.
Quand Louis XV meurt et que Louis XVI monte sur le trône, Mesdames espèrent avoir une importance politique. A défaut d’avoir conseillé Marie-Antoinette, elles veulent le faire avec leur neveu. Mais le jeune Roi se méfie d'elles et leur fait comprendre que leur présence à Versailles n'est plus si désirée. Pour l'aider dans ce début de règne, le monarque choisit le vieux Comte de Maurepas, qui fait figure de principal ministre. Il restera en place jusqu’à sa mort en 1781. C'est M. de Vergennes qui le remplacera, lui aussi jusqu’à sa mort en 1787. Dès le début de son règne, Louis XVI, avec son ministre Turgot, tente de mettre en place des mesures d’économies et des nombreuses réformes.
Le peuple accueille très volontiers ces changements tirant vers plus d’égalité, moins d’impôts et une volonté de redresser les finances de l’Etat. Le Roi veut sincèrement le bonheur d'un peuple dont il est le père symbolique. Mais rapidement, le Parlement, le Clergé et la Cour se dressent contre le Ministre. Louis XVI, qui le soutenait, finit par se laisser influencer et recule d’un pas. Turgot tombe en disgrâce et les réformes s’éloignent. Durant les années 1780, les Ministres vont se succéder sans guère de succès. Même Necker finit par échouer dans la mission confiée par le Roi.
Les indécisions de Louis XVI l’empêchent d’être le monarque réformateur qu’il aurait pu être. Loin d’être un faible, il manque cruellement de confiance en lui. Jamais sûr de ses décisions, il se range aux avis majoritaires. Contrairement à ce que prétendent les pamphlets, sa femme ne le manipule pas. Elle a tenté d'avoir une importance politique, poussée par sa mère dans ses nombreuses lettres, et de faire ou défaire les ministres, mais elle n'a jamais vraiment réussi. Son rôle politique se développera plus tard, avec la Révolution. Le pouvoir royal, bien vu en 1774, se dégrade de plus en plus. L’affaire du Collier, qui éclate en 1785, entache fortement la popularité de Marie-Antoinette, déjà bien basse, et éclabousse le trône de façon définitive.
La situation financière n'est guère mieux. La guerre d’Indépendance Américaine a vidé les caisses de l’Etat. On entreprend de réduire les dépenses de la Cour en supprimant des charges ou réduisant les divertissements, mais ces économies de bouts de chandelles sont clairement insuffisantes. Le royaume se retrouve en banqueroute et Louis XVI n’a d’autre choix que de convoquer les Etats-Généraux en 1789.
A la mort d’Alexandre III, Nicolas II se sent perdu. Il conserve encore en mémoire la fin tragique de son grand-père adoré, Alexandre II, déchiqueté par une bombe anarchiste en 1881. Ce tsar libérateur a été bien mal récompensé des réformes qu’il avait mises en place. Nicolas II va donc renoncer à poursuivre les démarches entreprises par Alexandre II et va marcher dans les pas de son père. La Russie est un Empire autocratique et doit le rester, faisant taire les émeutes en envoyant l’armée, condamnant anarchistes et révolutionnaires à la potence. Les espoirs mis en ce jeune monarque mal préparés sont vite déçus. Il voit la liberté et les demandes de son peuple comme un caprice.
L'entourage de Nicolas II se mêle de politique, notamment ses oncles. Avides de pouvoir, ils espèrent rester le plus longtemps possible auprès de leur neveu. Alexandra se méfie de l'entourage Romanov de son épous, à raison. Petit à petit, Nicolas parviendra à se détacher de l'emprise de ses oncles, souvent mauvais conseillers. Par ailleurs, le Tsar choisit, pour l'épauler, des ministres de son père, tels Goremykine, Plehve et Trepov, mais aussi son vieux précepteur, Pobiedonostsev. Le gouvernement est profondément conservateur, à l'exception de Serge Witte, qui espère réformer la Russie afin de la faire entrer dans le XXe siècle. Finances, commerce extérieur, industrie, social, culture, le programme est vaste mais le bilan plus que positif. La dette diminue à vue d’œil, le pays s’industrialise, les recettes de l’Etat augmentent considérablement grâce au monopole imposé sur la vodka, on repeuple les zones vides et notamment la Sibérie, on allège l’impôt des paysans, on crée la Banque paysanne afin de les aider à posséder leurs terres cultivables, on baisse (légèrement) le temps de travail. Malgré ces avancées colossales, Witte se fait des ennemis : les propriétaires fonciers, les riches industriels et jusqu'au Tsar lui-même, qui le trouve trop libéral. Witte remercié, il est remplacé par Stolypine, qui garde la même ligne politique que son précédesseur. Il luttera, en plus, contre les révolutionnaires et anarchistes qui se réveillent de leur long sommeil. Lui aussi finira disgracié et sera assassiné sous les yeux du Tsar.
Nicolas II préfère les ministres qui vont dans son sens et ne comprend pas la popularité de Witte et Stolypine. Surtout que la sienne est catastrophique, surtout après le Dimanche Rouge de janvier 1905 et l'échec cuisant de la guerre russo-japonaise. Le Tsar est un homme peu sûr de lui et immature. Sous l'impulsion de son épouse, à laquelle il est clairement soumis, il va maintenir son cap conservateur et choisira, en fin de règne, des ministres qui partagent ses opinions. L'importance accordée à Raspoutine par la Tsarine ruine la réputation du trône russe. La mère du Tsar, la sœur d'Alexandra, des cousins et oncles de Nicolas ont tenté de mettre en garde le couple impérial. Sans succès. Un cas bien connu en Europe aurait pu leur servir d'avertissement : en France, on n’avait pas hésité à guillotiner le Roi et la Reine.
En juin 1789, le Roi et la Reine perdent leur fils aîné, le Dauphin Louis-Joseph. Les Etats-Généraux, débutés un mois plus tôt, sont déjà un échec et ce deuil arrive au pire moment. En voyant la mort de cet enfant chéri, Louis XVI revoit le décès de son frère aîné, le Duc de Bourgogne, fauché lui aussi par la tuberculose. Du côté des Etats-Généraux, le fossé se creuse entre les députés de la noblesse et du Clergé d’un côté, et ceux du peuple de l’autre. Le 20 juin, les députés réunis dans la salle du Jeu de Paume déclarent qu'ils ne se sépareront que lorsque la France aura une Constitution et se proclament Assemblée Nationale. En juillet, Louis XVI renvoie Necker, ce qui provoque un tollé à Paris. Le 14, la foule se précipite à l’Arsenal afin de chercher des armes. On manque de poudre, on sait qu’il y en a à la Bastille. Ce symbole de la monarchie absolue doit tomber. Lorsque Louis XVI l'apprend, il est surpris et ne s'y attendait pas. Les événements vont se précipiter. En octobre, la famille royale est ramenée à Paris et retenue prisonnière au château des Tuileries. Louis XVI, roi plus proche humainement du paysan ou de l'ouvrier (bien plus que des courtisans), est trop coupé des réalités de son peuple pour se rendre compte du quotidien des Français. Il aurait fallu qu'une fois majeur, Louis XV décide de rester dans Paris, c'est son successeur qui en fait les frais.
Louis XVI recrée un semblant de Cour aux Tuileries. Il n'est plus un monarque absolu mais constitutionnel. Les Français, qui ont peu vu leur Roi et sa famille, viennent s'agglutiner aux grilles du palais pour les apercevoir durant leurs balades. Le monarque, resté sur son trône, se fait assez bien à cette vie. En tout cas, jamais il n'aura à l'idée d'abdiquer. Il refuse certaines lois et impose son véto, droit qui lui a été maintenu. Sa confiance en son peuple va commencer à faiblir lorsqu'on l'empêche de quitter les Tuileries pour Saint-Cloud afin qu'il y fête ses Pâques. De son côté, Marie-Antoinette, très inquiète sur le sort de son mari et de ses enfants, espère de l'aide de l'étranger, principalement de son frère l'Empereur d'Autriche Joseph II.
Elle n'hésite pas à confier des informations stratégiques à l'ennemi de la France pour espérer une défaite de son pays d'adoption, qui permettrait de restaurer le trône. Elle finit également par convaincre le Roi de fuir, lui qui avait toujours refusé. La fuite à Montmédy, stoppée à Varennes, est un échec. Le peuple, qui appréciait encore majoritairement Louis XVI, perd sa confiance. En tout cas, le peuple des grandes villes. La surveillance des prisonniers est renforcée. En avril 1792, une première attaque des Tuileries fragilise le semblant de trône qui restait au souverain. Le 10 août, c'est une émeute qui les force à quitter ce palais pour l'Assemblée. Décision est prise d'enfermer le Roi et les siens au Temple. Il est destitué de son trône et devient le citoyen Louis Capet.
Louis XVI est installé au deuxième étage de la grosse tour avec son fils. Son fidèle valet Cléry est autorisé à rester. Marie-Antoinette est assignée au premier étage avec Madame Royale et Madame Elisabeth. Mme de Tourzel, sa fille et la Princesse de Lamballe, un temps enfermées avec la Reine, sont exclues et envoyées à la prison de la Force. La famille se crée un mode de vie bourgeois : ils prennent les repas ensemble, s'occupent de l'éducation des enfants, sortent marcher dans la cour du Temple où le Dauphin et sa sœur jouent. Certains gardiens se laissent attendrir par cette famille quasiment normale, bien loin de l'image véhiculée par les pamphlets.
Le procès de Louis XVI se préparant, on le sépare de son fils, confié à la Reine. Des documents compromettants retrouvés dans l'armoire de fer des Tuileries seront la principale source de l'accusation. De toute façon, sa mort était décidée d'avance. Condamné fin décembre, il ne revoit les siens que le 20 janvier 1793, veille de son exécution. Sa mort est plus pleurée que ce que l'on pensait à la Convention. En entendant le glas retentir, Marie-Antoinette s'agenouille devant son fils, qui devient le nouveau Roi. L'enfant va canaliser l'attention des opposants à la monarchie et des partisans de la Reine. Plusieurs complots sont mis en place, déjà du vivant de Louis XVI, afin de sauver la souveraine et son fils. Aucun n'aboutira, mais certains ont échoué de peu. Du côté de l'Autriche, en revanche, rien n'est fait pour aider Marie-Antoinette, qui pourtant l'espère.
En juillet, on lui retire son fils, qui vit au deuxième étage, où était son père, avec le cordonnier Simon qui le bat et le fait boire. Brisée par cette séparation, la Reine se résigne. Emmenée en août à la Conciergerie, elle est enfermée dans un minuscule cachot et gardée à vue jours et nuits par deux gardiens. Seul un paravent maintient un semblant d'intimité à cette femme vieillie par les événements, dont les cheveux sont devenus blancs et qui semble atteinte d'un mal qui la ronge, très sûrement un cancer de l'utérus. Le médecin de Robespierre la maintient en vie pour qu'elle tienne jusqu'à son procès, qui a lieu du 14 au 16 octobre 1793. Elle est exécutée le 16 à midi et quart.
En janvier 1794, le cordonnier Simon quitte le Temple. S’en suit une période d’enfermement où le petit Louis XVII reste seul dans ses déchets, sans se changer, se laver ni voir personne, avec une petite trappe pour lui passer ses repas. Madame Royale, elle, reste avec sa tante Elisabeth jusqu'au départ de celle-ci en mai 1794. La sœur du Roi est emmenée à la Conciergerie puis guillotinée le 10 mai. Seule dans sa chambre, Marie-Thérèse suit les conseils laissés par sa tante : prier, manger, faire son ménage, de l'exercice, lire, s'occuper de sa tenue et de sa coiffure. Elle ignore tout du sort réservé à sa mère et à la sœur de son père. Après la chute de Robespierre en juillet, Louis XVII est découvert par Barras, qui le laisse ainsi avant de se décider à lui envoyer des gardiens. Lavé, changé, peigné, il voit un médecin qui décèle, outre un grand rachitisme, une tuberculose osseuse. Malgré des soins attentifs, l’enfant décède en prison le 8 juin 1795. Peu après, on attribue à Marie-Thérèse une compagne, Mme de Chanterenne, qui aura la lourde tâche de lui apprendre ce qu'il est advenu de Marie-Antoinette, de Madame Elisabeth et de Louis XVII. Libérée le 19 décembre 1795, elle vit un temps avec sa famille maternelle en Autriche, avant de retrouver son oncle Louis XVIII, frère de son père. Elle épouse son cousin, le Duc d'Angoulême. Après la mort de son oncle, c'est son autre oncle, Charles X, qui devient Roi. Elle est Dauphine de France et éphémère Reine de quelques minutes quand son beau-père abdique en 1830. De nouveau en exil, elle meurt en Autriche, à Frohsdorf, en 1851. Elle est la seule survivante du Temple.
En 1915, Nicolas II prend le commandement de l’armée russe à la place de son cousin, le Grand-Duc Nicolas. C’est là une erreur stratégique grave qui aura de lourdes conséquences. Le pays s’enlise dans une guerre qui n’en finit pas. Les morts et les victimes se comptent par milliers. A l’arrière, le moral est au plus bas. Les pénuries se ressentent, la colère monte et les grèves sur multiplient. En février 1917, Nicolas retourne au front. Alexandra tente de maintenir le navire à flot tout en tenant son mari informé. A la fin du mois, des femmes marchent vers la Douma : elles veulent du pain, nourrir leurs familles. Le lendemain, elles sont rejointes par les hommes et les socialistes-révolutionnaires qui profitent de leur chance. Deux jours plus tard, une révolte éclate, l’armée passe du côté des insurgés. On prend l’Arsenal pour y récupérer les armes, puis on se tourne vers la forteresse Pierre-et-Paul, symbole du pouvoir impérial. Bientôt, le drapeau rouge flotte à son sommet. Les communications étant coupées, la Tsarine ne peut plus rien dire à son mari, encore moins l'empêcher d'abdiquer. Ce qu'il fait début mars, en son nom et celui de son fils.
La famille impériale est décrétée d'arrestation et gardée à vue au Palais Alexandre, où le Tsar déchu rejoint femme et enfants. Nicolas est presque soulagé d'avoir quitté cette couronne trop lourde à porter et vit une détention bourgeoise. Il lit, donne des cours à ses filles et son fils, jardine avec eux dans la partie du parc qui reste accessible, le tout sous les yeux des Russes, peu habitués à voir Nicolas et sa progéniture. Il espère naïvement que lui et sa famille seront exilé au palais de Livadia, en Crimée. Il a même proposé, en bon patriote, de combattre pour la Russie en tant que simple soldat, ce qui a été refusé.
Cette détention était correcte, malgré les insultes et les brimades imposées par certains gardiens. Toutefois, la famille est devenue très encombrante et on ne sait trop qu'en faire. On opte pour la Sibérie, à Tobolsk. A l’été 1917, la famille impériale quitte Petrograd définitivement. Une petite partie des fidèles de la famille reste. Les conditions de détention durcissent : repas allégés, interdiction de sortir ou de communiquer avec l'extérieur, très peu d'activités. La famille va créer une sorte de routine. Si Nicolas et ses enfants espère un avenir meilleur, Alexandra est pleinement consciente de la fin tragique qui les attend. De santé fragile, elle devient névrosée, hystérique et même mystique.
Lénine est au pouvoir et en proie à la guerre civile qui oppose les Rouges aux Blancs tsaristes. Son objectif est simple : ramener petit à petit la famille impériale vers Moscou afin d’organiser le procès et l’exécution de Nicolas II. On ne veut pas tuer l’homme, on veut tuer le Tsar, l’Empire, le régime autocratique. C’est d’ailleurs une véritable vendetta qui va se mettre en place, car le frère de Nicolas, Michel, sera assassiné en juin. D’autres seront exécutés : cousins, oncles, neveux, beaucoup d’hommes Romanov et même la sœur d’Alexandra ne survivront pas à la Révolution. En avril, les prisonniers arrivent dans ce qui sera leur dernière demeure. Les conditions de détentions se sont fortement dégradées et sont pires qu’avant. Nicolas espère toujours que des partisans du régime tsariste viendront les sauver.
Quelques complots ont existé pour libérer les prisonniers, mais ils étaient vains et mal préparés pour aboutir à quoi que ce soit. L’armée Blanche préfère voir les Romanov en prison, martyres des bolcheviks, plutôt que libres et encombrants. Enfin, du côté des puissances alliées, elles sont enlisées dans le conflit mondial et ne s'inquiètent pas du sort de la famille déchue. Nicolas et Alexandra auraient, de toute façon, refusé de fuir la Russie.
En juillet, comprenant qu’on ne pourra pas ramener les Romanov à Moscou pour un procès, les Blancs étant déjà trop avancés, Lénine prend la décision de les faire exécuter. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, le chef des gardes, Iourovski, réveille les prisonniers et les quelques fidèles encore à leurs côtés. Ils doivent descendre au rez-de-chaussée pour attendre un départ urgent vers une nouvelle prison. Nicolas, Alexandra et Alexis sont assis au centre de la petite pièce. Autour d’eux sont les Grandes-Duchesses, le Dr Botkine et leurs domestiques.
Iourovski entre, entouré de plusieurs Lettons armés. Il annonce à Nicolas qu’il doit être exécuté dans l’instant avec sa famille. Le Tsar n’a pas le temps de répondre, une balle en plein cœur le tue sur le coup. Il est le premier à mourir. La Tsarine le suit de près, puis le Tsarévitch. Enfin, les Grandes-Duchesses, le médecin et les domestiques sont tués par balle, à coups de baïonnette ou de crosses pour les achever. Une fois le massacre terminé, les corps sont emmenée dans la forêt de Koptiaki, dénudés, coupés en morceaux, jetés dans un puits de mine et explosés à la grenade. Le lendemain, par mesure de prudence, on revient sur place, on récupère les morceaux que l’on brûle à l’acide puis au feu. Les cendres sont jetées dans le ravin des Porcelets. Aucun Romanov n’est ressorti vivant de la maison Ipatiev.
A peine Louis XVII était-il enterré au cimetière Sainte-Marguerite que des rumeurs ont commencé à circuler. Le petit garçon aurait pu s'échapper et serait bien vivant. Grâce à qui ? On ne sait pas, mais des noms reviennent : Barras, Joséphine de Beauharnais, le gardien Laurent, on parle même de Robespierre, entre autres. Des faux-Dauphins vont apparaître avec les années. Le plus fameux, un Prussien du nom de Naundorff, intentera même un procès contre Madame Royale. Procès qu’il perdra, comme ses descendants après lui, à plusieurs reprises. Ses partisans existent encore aujourd’hui.
Quant à Madame Royale, son attitude si lointaine, si distante pendant la Restauration en font s’interroger plus d’un. Est-elle la même Princesse qui a quitté le Temple en décembre 1795 ? Pour les partisans de la survivance et pour plusieurs personnes, non. Trop éprouvée, elle est contrainte de se voiler le visage et de s’enfermer dans un château en Allemagne, devenant la Comtesse des Ténèbres. La fausse Madame Royale n’est autre qu’Ernestine Lambriquet, la jeune fille qui a grandi avec la Princesse. Les partisans de Naundorff expliquent ainsi pourquoi elle n'a jamais reconnu son frère, puisque ça n'était pas elle. La véritable Ernestine est morte durant la Restauration. Concernant le comportement de Madame Royale, il s’explique aisément par les traumatismes vécus pendant la Révolution. La mystérieuse Comtesse était-elle une fille illégitime de l’Empereur ? On lui trouve une forte ressemblance avec Marie-Antoinette.
Il faut attendre le XXIe siècle pour que les analyses ADN nous apportent toutes les réponses. Après vérification, la Comtesse des Ténèbres n’avait aucun lien avec Madame Royale. Et Louis XVII, dont le cœur prélevé durant l’autopsie a été miraculeusement retrouvé en 1830 puis conservé et analysé en 2000, est bien mort au Temple. Malgré tout, des doutes subsistent dans l’esprit de beaucoup de personnes croyant dur comme fer à la survivance de l’enfant.
Dans les années 1920, une jeune femme apparaît à Berlin. Sauvée de justesse d’un suicide par noyade, elle avoue être Anastasia Romanov, fille cadette du Tsar. On l’interroge, elle raconte : un gardien, amoureux d’elle, l’a sortie incognito de la maison Ipatiev tandis que les cadavres de sa famille étaient emmenés. Ils partent pour la Pologne où il meurt. Elle y accouche d’un fils illégitime qu’elle abandonne. Recueillie par son beau-frère, ils partent pour l’Allemagne où elle espère retrouver des membres de sa famille afin d’être officiellement reconnue. Elle perd son beau-frère de vue et, désespérée, tente de mourir. Après vérifications, son récit ne tient pas la route, elle ne parle pas le russe. Si certains la reconnaissent, beaucoup refusent de voir en elle la plus jeune des Grandes-Duchesses. Après recherche, on se rend compte que c’est une polonaise plus âgée qu’Anastasia.
D’autres faux-Romanov sortiront de l’ombre et seront tous confondus. En 1991, après la chute de l’URSS, on retrouve miraculeusement des ossements dans la forêt de Koptiaki, dans un endroit où les juges n’avaient jamais cherché. L’ADN permet de les reconnaître : ce sont bien les Romanov. Mais il manque deux victimes : Maria et Alexis. En 1998, une cérémonie officielle, présidée par le Président Eltsine, rend hommage aux Romanov et à leurs serviteurs, qui sont tous inhumés à Saint-Pétersbourg. C’est en 2007 que de nouveaux restes humains sont retrouvés non loin du Ravin des Porcelets. Après analyse, ce sont bien les deux victimes manquantes, qui sont inhumées à leur tour auprès de leurs parents. Toutefois, une partie de la famille, l’Eglise orthodoxe, des historiens et des passionnés ne croient pas à cette thèse officielle, estimant que la vérité est bien différente.