Ailleurs qu'au château
Si Louis XIV veut installer sa Cour à Versailles, il veut aussi en faire la capitale politique du royaume. Pour ces deux raisons, il va favoriser l’expansion de Versailles, afin de créer une ville autour du château. Le 22 mai 1671, en voyage à Dunkerque, Louis XIV « annonce alors, à la faveur d’une déclaration royale, une ‘franchise fiscale’ pour encourager les promoteurs à construire à Versailles. Cette déclaration constitue en quelques sorte la charte de fondation de la ‘ville nouvelle’ de Versailles* ». De même, le 24 novembre 1672, une nouvelle déclaration du Roi rend les biens des propriétaires insaisissables par les créanciers. Le souverain donne ou vend des parcelles de terre contre la certitude que l’on viendra s’y installer. Des hôtels particuliers commencent à naître. Ainsi, face au château, se dressent les hôtels de Noailles, Lauzun et Quitry. Louis XIV finira par les racheter afin d’agrandir ses Ecuries. Côté rue des Réservoirs, entre 1671 et 1674, poussent les hôtels de « Monsieur, Luynes, du Lude, Alluyes, Bouillon, Créquy, Longueville, Condé, Soissons ».
De l’autre côté se trouve la paroisse Saint-Julien, vieille église de Versailles avec son cimetière. Elle sera finalement détruite et remplacée par l’actuel bâtiment des Grands Communs.
En 1685, le Marquis de Dangeau rapporte dans son journal que la construction de Versailles nécessite l’emploi d’au moins trente-six mille ouvriers. Ce nombre important est explicable par la volonté de Louis XIV d’un chantier rapide mais aussi par la simultanéité des constructions. Les journées sont longues (plus en été qu’en hiver), soumises à des règlementations contraignantes, les pauses sont courtes et rares, les salaires peu élevés. Aussi, rapidement, les chantiers sont surveillés par des soldats. Si Mme de Sévigné puis plus tard Mme de La Fayette, entre autres contemporains, véhiculent l’image d’un chantier dangereux où les blessés s’amassent en quantité importante, la réalité est différente. Dans les faits, « c’est le nombre impressionnant d’ouvriers qui accentuait la vision d’horreur que l’on s’en faisait, car, statistiquement, il n’y avait pas plus de morts à Versailles que sur tout autre chantier contemporain** ».
*Versailles en 50 dates, Aillagon J-J., Albin Michel
**Versailles, histoire, dictionnaire et anthologie, Da Vinha M. & Masson R., Robert Lafont, p.43