Biographies

Les biographies de quelques uns des artistes cités dans le site. Les principales sources sont les deux livres de Helen Merritt: Modern Japanese woodblock prints: The early years et Guide to modern Japanese woodblock prints: 1900-1975, tous deux publiés aux University of Hawai Press et les sites Hanga.com et Artelino.com. Hanga.com est une galerie aux USA avec une très belle collection d'estampes du 20ème siècle. Artelino.com est un site d'enchères en Allemagne, spécialisé dans les estampes japonaises avec des archives exceptionnelles.

Note: Les biographies de Eisen et Hiroshige sont dans la page "Les 69 étapes du Kisokaido".

Asano Takeji (1900-1999)

Asano Takeji est né à Kyoto en 1900. Il étudia à l’Ecole des Beaux-arts de Kyoto (diplômé en 1919) puis à l’Ecole Municipale de Peinture de Kyoto jusqu’en 1923. Il y avait Tsuchida Bakusen comme professeur et Tokuriki Tomikichiro comme ami étudiant.

En 1930, Takeji participa à la série Sosaku hanga shin Kyoto junikagetsu – Estampes créatives de 12 mois dans le Kyoto nouveau, avec notamment Asada Benji et Tokuriki Tomikichiro. Il se spécialisa dans les estampes de paysage et réalisa plusieurs séries sur la région de Kyoto et Osaka.

En 1947, il fit une très belle série qu’il gravât et imprimât lui-même : Kinki meisho fukei – Vues célèbres de la région du Kinki (Osaka-Kyoto). Il travailla aussi pour les éditions Unsodo pour lesquelles il fit plusieurs dizaines d’estampes jusqu’à la fin des années 50. Ensuite il réalisa lui-même des séries d’estampes sur la Japon, ses montagnes, ses ports, ses caps,… et travailla encore dans les années 70 sur des estampes plus simples en noir et blanc, souvent humoristiques.

Bull, Dave (1951 - )

Artiste canadien originaire de Vancouver, habitant au Japon depuis de nombreuses années, David Bull a d’abord commencé à étudier la technique de la gravure sur bois avec Yoshida Toshi dans son Studio. Mais il s’est rapidement lancé dans une aventure plus personelle, débutant sa première série des « Hyakunin Isshu » 100 portraits de poètes quilui demanda dix ans de travail et eut beaucoup de succès au Japon. Puis a continué avec les séries des Surimono (albums de 10 reproductions d’estampes de luxe anciennes), des beautés des quatre saisons (4 estampes grand format), du Hanga treasure chest (la boite aux trésors, série de 10 petites estampes), Mes Solitudes (12 estampes contemporaines avec texte) et d'autres sur des reproductions en plus petits formats, expliquant les différents aspects techniques de la gravure ou de l'impression. Voir www.woodblock.com (en anglais).Il a maintenant créé un atelier (Mokuhankan) où il forme de apprentis imprimeurs, utilisant ses anciens blocs et commencé deux nouvelles séries, une traditionnelle sur les arts japonais (The art of Japan) et l’autre, Ukiyoe Heroes, plus « jeune » avec le dessinateur Jed Henry (les mangas en estampe…) http://www.ukiyoeheroes.com/

Dave Bull est sans doute l'un des meilleurs graveurs d’estampes japonaises aujourd’hui.

Dave Bull avec Serge Astieres (Ome-shi, Mai 2012)

Kasamatsu Shiro (1898-1991)

Shiro Kasamatsu est né à Asakusa, un quartier de Tokyo en 1898 dans une famille de la classe moyenne. Il commença tôt à étudier le dessin, puis en 1911 entra comme élève-apprenti dans l’atelier de Kaburagi Kiyokata (1878-1973), spécialiste du Bijin-ga ou estampe de portraits féminins. Là il s’adonna à la peinture traditionelle (Nihon-ga) et se spécialisa dans le paysage. Son nom « Shiro » lui fut donné par son maître, basé sur un des caractères de son propre nom.Il participa à des expositions et fut rapidement remarqué, notamment par l’éditeur Watanabe Shosaburo, enthousiasmé par l’une de ses peintures. Il demanda au jeune artiste de lui préparer des planches pour des estampes. Cette collaboration débuta en 1919 et quand elle se termina à la fin des années 1930, Kasamatsu avait dessiné plus de 50 estampes pour Watanabe, surtout des paysages, des masques de théâtre noh et des vues d’intérieurs. L’estampe Shinobazu Pond, publiée en 1932, fut si populaire qu’elle fut imprimée à de nombreuses reprises dans les années 30 et 40, dans plusieurs combinaisons de couleurs, dont la version bleue (aizuri-e). Comme Hiroshige. Il mettait souvent un élément au premier plan, branches d’arbres par exemple, qui attirait le regard et donnait de la profondeur aux paysages.En 1939, il commença une série des 8 vues de Tokyo, mais seulement 4 estampes furent publiées, probablement du fait de la détérioration de sa relation avec Watanabe (il refit une même série pour Unsodo en 1953). Shiro était attiré par le « Sosaku-Hanga » (Impressions Créatives) où l’artiste est beaucoup plus libre, dessine, puis sculpte ses propres blocs et imprime lui-même. Watanabe laissait peu de liberté à ses artistes et il cessa donc de travailler pour Watanabe après la guerre, changea d’éditeur et travailla avec Unsodo, maison d’édition de Kyoto pour laquelle il créa près de 100 estampes jusqu’en 1960. Toutes les estampes de la période Unsodo sont dans le style Shin-Hanga et dépeignent des sujets traditionnels et des paysages. Tout comme Kawase Hasui, Kasamatsu y excelle dans les scènes de neige ou de clairs-obscurs.

En parallèle, Shiro Kasamatsu commença à expérimenter dans le style « Sosaku-Hanga », style plus original, plus brut, plus occidentalisé réalisant près de 80 estampes entre 1955 et 1965 dans de petites éditions numérotées vendues à un cercle restreint.

Kasamatsu Shiro

Kawase Hasui (1883-1957)

Kawase Bunjiro est né à Tokyo en 1883. Sa famille avait un commerce de mercerie. Très tôt, sa mère encouragea son coté artistiques, elle-même étant la fille d’un maître-artisan et la sœur de Kanagagi Robun, un écrivain célèbre pendant la période Meiji. La famille fréquentait beaucoup les théâtres de Tokyo et la scène, les acteurs et les histoires firent une grande impression sur le jeune Bunjiro. Celui était de santé fragile et il alla souvent à Shiobara, chez sa tante. Il dépeindra à plusieurs reprises cet endroit, où il se réfugia pendant la guerre.

Il commença d’abord à étudier avec le peintre Aoyagi Bokusen où il apprit le croquis, puis avec Araki Kanyu avec qui il fit de la peinture et copia les estampes. Mais son père lui demanda de reprendre l’affaire familiale, ce qu’il fit sans enthousiasme. Mais cela ne marcha pas et l’entreprise périclita. Celle-ci fut finalement reprise par son beau-frère et Bunjiro put se consacrer à sa carrière artistique. Il étudia la peinture occidentale avec Okada Saburosuke et le style japonais avec Kaburagi Kiyokata. C’est ce dernier qui lui donna son nom d’artiste : Hasui.

Il fut approché, avec l’accord de Kiyokata par Watanabe Shosaburo recherchait des artistes pour son entreprise d’estampes et d’export. Lors d’un voyage à Shiobara, Hasui fit 4 dessins qui furent publiés par Watanabe en 1919.

Hasui n’était pas employé par Watanabe. Il était payé au dessin que Watanabe sélectionnait pour les transformer en estampes, acceptait des commissions et vendait des aquarelles. Ses cahiers de croquis furent détruits dans le grand tremblement du Kantô (Sept.1923) ainsi que la boutique et l’atelier de Watanabe avec les blocs gravés de toutes les estampes. Pendant la reconstruction, Watanabe sponsorisa un voyage de 3 mois à travers le Japon pour que Hasui refasse des croquis. Mais jusqu’en 1932, Hasui travailla aussi avec d’autres éditeurs comme Kawaguchi, Doi, Shobido et ce, pour des raisons essentiellement économiques.

Hasui produisit 620 estampes jusqu’à sa mort en 1957. La grande majorité est des paysages de ses voyages à travers tout le Japon et les plus belles sont ses scènes de paysages enneigés, notamment celles publiées par Kawaguchi et Sakai (dont Watanabe a maintenant racheté les blocs).

Dans ses estampes, Hasui n’incorpore que peu la figure humaine, la plupart sont des paysages sans personnage, et celles qui en ont nous montre des silhouettes en petit nombre. Ses personnages sont le plus souvent vus de derrière et placés au bord de l’image ou en arrière-plan. Leur isolement ajoute un sentiment de tristesse ou de mélancolie qui est typique de son style.

Nishijima Katsuyuki (1945 - )

Né en 1945 dans la Préfecture de Yamaguchi. Il étudia la peinture aux Editions Mikumo de Tokyo entre 1964 et 1968. Il participa au Salon des Indépendants de Kyoto entre 1965 et 1970 et commença à exposer. Il fit ses premières expériences d’impression en 1972 et depuis, se limite à des estampes de paysages, montrant des façades de vieux bâtiments et des rues anciennes avec des couleurs franches et des traits bien délimités. Ses estampes n’ont jamais de personnages ou d’objets modernes, comme des voitures. Nishijima fait des estampes de taille moyenne en série limitée de 500 exemplaires ou de plus grande taille, limitée à 100 exemplaires, toutes signées de sa main.

Noël Nouët (1885-1969)

Noël Nouët est né en Bretagne en 1885. Sa mère possédait des estampes d’Ukiyo-e reçue d’un ami qui avait été consul-général au Japon et qui e son aveu même, l’influença beaucoup. A 25 ans, il alla à Paris pour étudier et fréquenta des cercles littéraires faisant la connaissance des plusieurs artistes japonais. Il partit comme enseignant de français à Shizuoka en 1926, puis retourna au Japon en 1930 comme professeur à l’Ecole des Langues Etrangères de Tokyo. C’est à ce moment qu’il commença à faire des croquis des plusieurs quartiers de Tokyo, Kanda, Ginza recherchant les paysages dépeints par Hiroshige. Ses dessins furent publiés dans plusieurs journaux, puis transformés en estampes par l’éditeur Doi, notamment une série des 10 vues de Tokyo, toujours ré-éditée. Il devint directeur de la Maison Franco-japonaise, puis resta à Tokyo pendant la guerre où sa maison fut détruite pendant les bombardements de 1945.

En 1946, il publia un petit livre de croquis montrant Tokyo en ruines ainsi que d’autres livres sur l’histoire du Japon. En 1951, il donna des cours de français au prince héritier, l’empereur actuel et enseigna dans plusieurs universités (Université de Tokyo, Université Waseda, …)

Les estampes de Noël Nouët ont un tracé très fin, difficile à imprimer parce qu’il utilisait des plaques de cuivre gravées pour reproduire le détail des ses croquis.

Noel Nouët faisant un croquis à Tokyo vers 1932

Noël Nouët

Yoshida Hiroshi (1876-1950)

Yoshida Hiroshi est né à Kurume dans la préfecture de Fukuoka, le deuxième fils de Ueda Tsukane, un instituteur d’origine samouraï. Il suit des cours de dessin avec Yoshida Kasaburo qui l’adopte en 1891 et dont il prend le nom. En 1893, il va à Kyoto pour étudier la peinture et l’année suivante se rend à Tokyo pour s’inscrire à l’école privée artistique de Koyama Shotaro et à la Société des Beaux-arts de Meiji qui toutes deux enseigne la peinture occidentale

De 1899 à 1901 il fit le premier de ses nombreux voyages aux USA et en Europe où il vendit plusieurs aquarelles. En 1902, il participa à la réorganisation de la Société des Beaux-arts de Meiji qu’il renomma Association de peinture du Pacifique (Taiheiyo-Gaikai). Il voyagea de nouveau en Europe, Afrique de Nord and Amérique du Nord de 1903 à 1907 avec sa belle-sœur Fujio (1887-1987), elle aussi artiste-peintre qu’il épousera à leur retour au Japon. Il s’établit alors comme peintre et eu beaucoup de succès avec son style léger, inspiré de l’art occidental, mais il entra souvent en conflit avec le milieu artistique japonais traditionnel.

En 1920 Yoshida commença à faire des estampes pour l’éditeur Watanabe Shosaburo qui recherchait un artiste de style occidental. Tous ces blocs et estampes furent détruits lors du grand tremblement de terre du Kantô en septembre 1923. Il repartit aux USA pour récolter de l’argent pour les victimes et réalisa alors que les estampes étaient très appréciées et à son retour, il établit se mit à son compte avec le Yoshida Studio.

A partir de 1925, Yoshida se consacra aux estampes, contrôlant tous les stades de la fabrication avec de hautes exigences de qualité. Beaucoup de ses estampes étaient des paysages, surtout inspirés par ses voyages (Inde en 1930, Chine et Corée en 1936). En 1938 il fut nommé artiste de guerre officiel et retourna plusieurs fois en Chine.

Il fut l’un des organisateurs des 2 expositions à Toledo (Ohio, USA) en 1930 et 1936 qui ouvrirent le marché américain aux artistes japonais et publia en anglais un livre sur les techniques de l’estampe en 1939 (Japanese Woodblock Printing, Sanseido ed.)

Il fit sa dernière estampe en 1946, puis se consacra à la peinture. En 1950, il tomba malade lors d’un voyage à Izu et mourut à Tokyo la même année.

Pour ses estampes, Yoshida Hiroshi se comparait à un chef d’orchestre ou à un architecte qui dirigeait chaque étape de sa construction. Il disait qu’il avait besoin de plus de talent que les artisans avec lequel il travaillait afin de mieux s’assurer de la qualité finale du travail. Le premier graveur avec qui il travailla était Yamanishi Kazue, puis Maeda Yujiro qui fit ses blocs pour la plus grande partie de ses estampes. Il n’avait pas d’imprimeur attitré. Il essayait constamment d’apprendre et d’améliorer sa technique, mais il était surtout intraitable sur la qualité des impressions et n’apposait son sceau que quand tout était parfait.

Yoshida Hiroshi dans son atelier

Yoshida Toshi (1915-1991)

Toshi Yoshida est le fils aîné de Yoshida Hiroshi (1876-1950) qui lui enseigna son art à partir de ses 14 ans. Depuis son plus jeune âge, il avait été familiarisé avec les techniques de l’estampe au contact des artisans dans le studio de son père. Ayant contracté la polio, qui paralysa une de ses jambes, il ne put jouer avec d’autres enfants et passa une partie de son enfance solitaire à faire des croquis sous la direction des ses parents. Sa mère Fujio était aussi une artiste appréciée, mais c’est sous l’influence de son père qu’il grandit. Celui-ci avait co-fondé l’Association de Peinture du Pacifique (Taiheiyo-Gakai) et c’est là que Toshi étudia de 1932 à 1935. Dans les années 30, il voyagea beaucoup avec son père dans le monde entier et ensuite seul, notamment en Amérique du Nord, au Mexique et en Afrique. A son retour, il travailla avec son père au Yoshida Studio et en assura la direction après le décès de ce dernier.Ses premières oeuvres sont très proches du style de son père et il continua dans cette veine naturaliste jusque dans les années 50. En 1952, il commença à faire seul, sans l’aide de son équipe, des œuvres abstraites de plus grand format, dans le style sosaku-hanga, dont il fit près de 300 jusqu’au début des années 70. Comme le dit Toshi lui-même (dans le livre de Oliver Statler - Modern Japanese prints): “ Ce fut un saut facile, sans doute inévitable dans l’abstraction, mais un saut que mon père n’aurait jamais approuvé. Cependant je ne pouvais ignorer les mouvements artistiques contemporains et je me suis éloigné du réalisme 2 ou 3 ans après la guerre. »

Dans les années 60, il revint vers un art plus réaliste, avec notamment des scènes de la vie sauvage surtout africaine. Dans les années 80, il illustra une série de livres pour enfants sur la faune africaine (Dobutsu Ehon Shirizu).

En 1966, il publia un livre avec l’artiste Yuki Rei sur les techniques de l’estampe : Japanese Print Making : A hanbook of traditional and modern techniques qui a eu beaucoup d’influence sur de nombreux artistes et est encore un ouvrage de référence.

Yoshida Toshi