Kisokaidô: Narai - Etape 34
奈良井
Keizai Eisen - Série des 69 étapes du Kisokaido: Etape Narai (35ème estampe), La boutique de souvenirs (Narai shuku meisanten no zu)
© Trustees of the British Museum
Narai était une étape importante au pied du col de Torii. Le sujet de l’estampe est la boutique Orokugurushi 名物 お六櫛(Spécialités fameuses Six peignes), vendeur de peignes et autres objets en laque, spécialités de cette région. Un jeune samouraï (1) et son compagnon en route vers l’étape, se retournent pour regarder la boutique. Un porteur (2) s’éponge en déposant son fardeau devant le commerçant (3). Sur la véranda, un client (4) regarde les objets proposés par la vendeuse. Un autre client est à coté d’elle. Au fond de la boutique, un vieil artisan(5) fabrique des peignes. Un bucheron (6) avec sa hotte pleine arrive sur un chemin. La route elle-même descend rapidement vers l’étape dont on voit quelques toits (7) et des chapeaux de paysans. Au fond, le Mt. Ontake se découpe dans le ciel.
Cette estampe a posé pas mal de problèmes aux imprimeurs et des changements importants y ont été apportés, notamment sur les montagnes. Dans les premiers tirages, la montagne de gauche est laissée blanche, sans contour avec un dégradé rouge dans le ciel (comme à droite). Puis comme ci-dessus, les montagnes sont simplifiées avec une barre grise qui les regroupent. Le dégradé gris de la montagne du centre disparaît dans les éditions postérieures quand les blocs ont été modifiés. Ensuite, le sceau de l’éditeur s’abîme, la signature de Eisen est effacée et la montagne est imprimée tout en gris sans dégradé.
Narai - Reproduction de la première édition. Noter la différence sur les montagnes
La boutique Otoki (fermée) en 2012 (Google streetview)
Narai et la rivière Narai vers 1880
Une boutique vers 1875
La route traverse Narai-juku (2010)
Et maintenant ?
Nous sommes à 64 ri et 22 cho, soit 254km de Nihonbashi. Narai était un centre artisanal et commerçant et vraie étape avec plus de 15 auberges. Oubliée jusqu’en 1970, l’étape a été « redécouverte » par les touristes et c’est l’une des étapes les mieux conservées de la route. La boutique de l’estampe Otoki Kiso Shikki n’existe plus (seul un panneau sur un bâtiment y fait référence), mais plusieurs vieilles auberges Echigo-ya, Abura-ya, Ise-ya et Tokuri-ya sont encore en activité. D’autres maisons du 19ème siècle s’alignent le long de la rue principale. Sur la route à la sortie de Narai, au pied du col Torii-toge se trouve le sanctuaire Shizume-jinja et son torii rouge initialement bati près du col pour honorer la mémoire d'un saint local au 12ème siècle et détruit pendant les guerres entre les clans Takeda et Kiso en 1583. Il fut reconstruit près du village à la suite d'une épidémie vers 1615. Cela annonce la grande montée vers le col Torii-toge, une des grandes difficultés de la route. Le col relie la vallée de la riviere Narai que nous avons suivi jusqu'ici à la vallée de la riviere Kiso que nous rejoignons enfin.
L’artisanat de la laque et surtout des peignes est encore bien vivant, notamment au hameau de Hirazawa. La coiffure et ses ornements (kanzashi) ont joué un rôle important dans l’apparence des courtisanes comme nous le montre cette reproduction de Harunobu par David Bull dans sa série des Arts du Japon. Encore aujourd’hui, ces accessoires sont utilisés dans les grandes occasions et font partie de tous les trousseaux.
La route vers le col de Torii et le vieux pavage
L'auberge Echigo-ya
L'entrée de l'auberge Echigo-ya
Une suite de l'auberge Echigo-ya
L'auberge Tokuri-ya
Une rue de Narai. Au premier-plan la maison Nakamura de 1830
Le vieux panneau d'affichage (kosatsu-ba) à la sortie de la ville
L'auberge Iseya (1818)
Le kura (grenier) du musée de laque Nakamura
Le sanctuaire Shizume-Jinja au pied du col Torii-toge
Peigne en laque de la région de Kiso (vers 1880)
Peigne en laque de la région de Kiso (vers 1900)
Peigne en laque de la région de Kiso (vers 1920)
Le grand pont sur la rivière Kiso (reconstruit en 1990)
La montée vers le col de Torii
David Bull - Série "Art du Japon": Kanzashi (Reproduction d'une estampe de Harunobu tiré de "Seiro Bijin awase" (Beautés des maisons vertes) publié en 1770)