Kisokaidô: Musa - Etape 66

Utagawa Hiroshige - Série des 69 étapes du Kisokaido: Musa (68ème estampe) (Musa)

(Ré-édition des années 1950 par Kyoto Hanga sous la direction de Narazaki Muneshige, la plus fidèle à la première édition)

Les environs de Musa sont plats et faciles à parcourir. Quelques rivières doivent être traversées comme ici la Hino-gawa où un pont de barques (1) a été installé. Au milieu du pont de barques, un vieil homme (2) lourdement chargé traverse, suivi par un autre habillé d’une veste à carreaux. Un samouraï (3) attend sur la berge. En sens inverse, deux pèlerins (4) se sont engagés sur le pont. Une femme (5) se dépêche pour rattraper son compagnon qui l’attend. Au loin, un voyageur passe devant un abri (6) où l’on devine un homme assis. Des roseaux et quelques pins rabougris ferment l’horizon. Cette estampe a été mal numérotée (7), probablement une erreur du graveur. Elle porte le numéro (六拾六) 66 au lieu du numéro 67. Cela n’a jamais été corrigé et quelques tirages ont été renumérotés à la main. Dans les premiers tirages, le bleu de la rivière a de belles gradations, mais celles-ci disparaissent au fur et à mesure des éditions.

Pont de barque (photo de 1890)

Et maintenant ?

Un chemin mène toujours jusqu’à l’ancien emplacement du pont de barques, mais ce dernier a disparu depuis bien longtemps et il faut faire un détour pour rejoindre le pont moderne et traverser la rivière. Musa était une étape assez importante avec 183 maisons, un honjin, un waki-honjin et 23 auberges. L’étape a été englobée dans la ville d’Omihachiman et il reste plusieurs vieilles maisons ainsi que le waki-honjin, même si du honjin, il ne reste que son portail. Les terres alentours sont fertiles et encore maintenant, c’est une des régions avec la plus grande production de riz du Japon. Mais pendant longtemps, Musa a été un centre de production de textile avec des plantations de coton et de lin. Le déclin a été amorcé à la fin du XIXème siècle quand le train a « oublié » de s’y arrêter et plus encore après la guerre quand les usines de textile ont fermé. Mais plus récemment, quelques entreprises s’y sont installées, profitant des terrains peu chers et de l’excellent réseau routier avec des accès faciles vers Nagoya ou Osaka.

A l’ouest de Musa, près du lac se trouve la ville d’Omihachiman, dont Musa est maintenant un quartier. Vers 1585, Toyotomi Hideyoshi alors maître du Japon n’ayant pas d’héritier naturel adopta son neveu Hidetsugu. A sa majorité, il lui donna le domaine d’Omi et Hidetsugu construit un nouveau château à Omihachiman. La ville autour du château grandit, notamment grâce à l’arrivée des habitants d’Azuchi dont le château avait été détruit (voir étape Echigawa). Les douves du château furent reliées au lac Biwa, puis transformées en canal ce qui assura la prospérité de la ville. En 1593, Hideyoshi eut un fils et Hidetsugu fut forcé de se faire moine, puis de se suicider en 1595. Le chef-lieu de la province d’Omi fut transféré à Otsu et le château fut laissé à l’abandon. Mais la ville continua à prospérer, grâce au canal et encore aujourd’hui, elle a gardé son caractère de ville ancienne. A l’emplacement du château en ruine, le temple Himure-hachimangu a été construit.

Il y avait une route secondaire entre Moriyama et Musa et Toriimoto appellée Chosenjin-Kaido ou route des Coréens. C’était une route qui reliait Kyoto aux châteaux d’Azuchi et d’Hikone. Son nom vient des ambassades coréennes qui la préféraient au Nakasendo, car elle suivait les berges du lac. Une étape intermédiaire appellée Kagami-shuku avait été rajoutée.

L’ile sacrée de Chikubu-jima dans le lac Biwa est un lieu d’excursion apprécié pour ses vues et les différents temples sur l’ile, notamment le sanctuaire shinto de Tsukubusuma et temple bouddhique Hogon-ji établit en 724. C’est l’un des trois grands temples de la secte Shingon.