Kisokaidô: Seba - Etape 31

洗馬

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Utagawa Hiroshige - Série des 69 étapes du Kisokaido: Etape Seba (32ème estampe) (Seba) Edition Takamizawa

(Takamizawa était un éditeur actif entre 1920 et 1960, réputé pour la finesse de ses gravures et la qualité de ses reproductions)

Cette estampe est la plus célèbre de la série et sans doute un des plus beaux paysages de Hiroshige. Un homme pousse son bateau (1) rempli de bûches avec une perche tandis que derrière, un autre pousse un radeau (2) de grumes. Tous deux ont les habits typiques des paysans, teintés en bleu indigo ou vert, avec foulard ou chapeau conique en paille. Nous sommes dans les marécages de la rivière Narai quand elle se jette dans le lac Suwa-ko. Derrière les saules, on voit les toits de chaume de l’étape (3). La pleine lune baigne cette scène dans une lumière irréelle.

Le nom de Seba qu’on peut traduire littéralement par « lavage de cheval ou cheval lavé» fait référence à Kiso Yoshinaka (1154-1184), né à Miyanokoshi, qui s’arrêta ici lorsqu’il recrutait des troupes pour le clan Minamoto lors des guerres contre le clan Taira à la fin du 12eme siècle. Le Dit des Heike, chef d’œuvre de la littérature japonaise, décrit ces guerres civiles dites Guerres de Genpei entre ces deux clans, les clans Minamoto et Taira.

Les différentes éditions de cette estampe ont été imprimées dans des palettes de couleurs variées, ce qui en change considérablement l’ambiance. Dans les premières impressions, les bateliers sont habillés en bleu, le ciel est plus foncé et le nuage central gris-bleu. Les dégradés autour de la lune et les berges de la rivière sont très prononcées, donnant l'effet de la lune reflétée sur la surface de l'eau. Dans la deuxième impression comme ici, les vêtements des bateliers sont verts et le ciel s’éclaircit. Nous sommes passés de la nuit au petit matin. Ensuite les gradations deviennent plus simples, leur subtilité est perdue et la lune est entourée d’un halo noir.

A Seba en 1880

Pont à Seba vers 1885

Le village de Ono, près de Seba en 1880

Et maintenant ?

Seba est maintenant situé au centre de la ville moderne de Shiojiri à 235km de Tokyo. Il ne reste pas grand-chose d’ancien, suite à un grand incendie à la fin du XIXème siècle. En 1843, il y avait 700 habitants, 163 bâtiments dont un honjin, un waki-honjin et 29 auberges. Quelques temples cependant méritent une visite…. Les maisons s’alignent le long de la route avec leurs grands avant-toits. Nishijima Katsuyuki le rend bien dans sa vue nocturne de la ville.

Les guerres de Genpei ont eu lieu de 1180 à 1185 entre les clans Minamoto et Taira. Le nom Genpei vient de la lecture chinoise du premier caractère de chaque nom : Minamoto = Gen et Taira = Hei ou Pei. La maison Taira se dit en lecture chinoise Heike, d’où le nom du livre célèbre « Le Dit des Heike » qui raconte leurs batailles jusqu’à la destruction du clan. Les Taira au pouvoir à Kyoto manipulaient les empereurs et avaient mis sur le trône un enfant. Un héritier se sentant lésé s’allia au clan Minamoto et des sectes de moines-soldats bouddhistes pour prendre le pouvoir. Les Minamoto gagnèrent les premières batailles et prirent Kyoto, la capitale impériale en 1183. Mais des luttes intestines permirent aux Taira de reconstituer leurs forces. Une nouvelle série de batailles s’ensuivit, puis en 1185, les Taira furent définitivement vaincus lors d’une grande bataille navale à Dan-no-Ura. Les Minamoto devinrent Shogun et installèrent leur capitale à Kamakura, non loin de Tokyo. La période Kamakura dura jusqu’en 1333. Tous les japonais connaissent cette histoire, source de héros, de romans, de tableaux, de proverbes et de légendes.