Kisokaidô: Shiojiri - Etape 30

塩尻

Keizai Eisen - Série des 69 étapes du Kisokaido: Etape Shiojiri (31ème estampe), Le lac Suwa-ko vu du col de Shiojiri (Shiojiritoge Suwa no kosui chobo)

© Trustees of the British Museum

Au départ, la route allait directement de Shimosuwa à Niekawa (étape 33), mais son tracé a été modifié pour inclure les 3 étapes de Shiojiri, Seba et Motoyama. Nous sommes dans la montée vers le col de Shiojiri à 1050 m et la vue vers le sud nous montre le lac Suwa-ko, le château Takashima (1) avec le Mt. Fuji (2) à l’arrière plan et les Monts Yatsugatake (3) sur la droite. La route vers le sud-est le Koshukaido, une route vers Edo (Tokyo), passant par Kofu, plus courte mais très accidentée. Pendant l’hiver, un raccourci passait par la traversée du lac gelé à pied. Le lac gelait tous les soirs et fondait lentement pendant la journée. Chaque matin, la surface se craquelait dans un grondement terrible connu comme le « Passage des Dieux ». C’est seulement après avoir entendu ce grondement que les voyageurs s’élançaient sur la glace pour une traversée sans risque. Sur la route, un voyageur (4) sur son cheval descend vers l’étape dont on aperçoit les toits en contrebas (5). Le tapis de selle porte le sceau de l’éditeur, Take (bambou) dans la première édition (comme ici à droite) ou Kin (Or) dans les éditions plus tardives comme ci-dessus. Le sceau Hoeido dans la marge et la signature d’Eisen ont été effacés à partir de la seconde édition. Les sceaux carrés rouges de l’éditeur (6) ont aussi été modifiés.

Keizai Eisen - Etape Shiojiri (Reproduction de la 1ère édition par Kyoto Hanga-in avec le sceau de Hoeido sur le tapis de selle et dans la marge)

Le col de Shiojiri et le lac Suwa-ko dans un guide du Kisokaido (Kisoji Meisho zue) illustré par Hiroshige et publié en 1851 (Source Université Waseda, Tokyo)

Katsuhika Hokusai - Estampe pour éventail - Le lac Suwa-ko et le chateau Takashima dans la province de Shinano (vers 1830?)

Katsuhika Hokusai - Le lac Suwa-ko et le chateau Takashima dans la province de Shinano (vers 1820?)

La vue sur Shiojiri vers 1880

Shiojiri est situé dans une des rares plaines de cette région montagneuse. Vers 1880, il y avait peu de bâtiments et toute la terre était réservée pour les cultures. Quel contraste avec la situation actuelle!

La vue sur Shiojiri en 2009

Et maintenant ?

Les 3 étapes de Shiojiri, Seba et Motoyama faisaient partie du domaine des Matsumoto dont elles généraient une partie importante des revenus. Shiojiri était le terminus pour le Shio no michi ou route du sel (le premier caractère de Shiojiri est « sel »), route commerciale qui apportait le sel à l'intérieur du Japon à partir de Okazaki (sur la cote Pacifique entre Tokyo et Osaka sur la route du Tokaido). Les archives indiquent qu'en 1843, Shiojiri-juku comptait 794 résidents et 166 bâtiments, dont un honjin, un waki-honjin et 75 auberges. Vers 1880, un grand incendie détruisit presque toute la ville dont il ne reste que peu de bâtiments anciens.

Le château Takashima actuel était le siège du clan Suwa qui régnait sur cette partie du pays jusqu’en 1542 quand Takeda Shingen conquit cette province et s’empara du château Takashima. Un second château fut construit à la fin du 16ème siècle sur une péninsule reliée à la berge par une étroite bande de terre, on l’appelait le « château flottant ». Le clan Suwa récupéra son fief en 1601 après la bataille de Sekigahara. En 1873, après la révolution de Meiji, une loi fut promulguée pour la fin du féodalisme et la destruction des châteaux. En 1876, près des 2/3 des 170 châteaux japonais avaient été démantelés, dont le château Takashima qui fut reconstruit en béton à l’identique en 1970.

Yoshida Hiroshi (1876-1950), un des maitres du renouveau de l'estampe japonaise et alpiniste a fait plusieurs estampes des Alpes Japonaises, notamment le Mt. Eboshidate qui se trouve derrière Shiojiri. Sugiyama Osamu (né en 1946), artiste et alpiniste a aussi illustré cette région du Japon. Ci dessous ses estampes d'Azumino, au nord de Shiojiri.

C'est a Shiojiri qu'on été retrouvé des traces d'habitation de la fin de l'ère Jomon ou du début de l'ère Yayoi, entre environ 600 av.J-C et 300 ap.J-C. C'est le début de la culture du riz qui va provoquer la sédentarisation qui est à l'origine de groupements humains qui se divisent les tâches dans le cadre de ce type de culture. On a donc une hiérarchisation qui se met en place, avec de petites unités économiques. Les maisons de ces villages sont ovales ou carrées, à moitié souterraines, et sont dotées d'une toiture de chaume. L'espace est délimité par quatre piliers fichés dans le sol. Contrairement aux bâtiments d'habitations, le bâtiment de stockage, qui sert de grenier, est surélevé, et non enterré.

La route dans la descente du col vers Shiojiri

Borne à l'entrée de Shiojiri

La colonne se lit "Nakasendo" et la pierre "Shiojiri shuku"

La maison Ono (1851)

La maison Horiuchi (1815)

La maison Horiuchi (1815) (noter les pierres sur les tuiles)

La vieille ferme Komatsu (fin 16ème)

Le chateau Takashima et ses douves

Le donjon du chateau Takashima

Ito Yuhan - Castle and cherry-trees (ca.1930)

Yoshida Hiroshi - Vue du sommet du Mt. Eboshidate (1926)

Sugiyama Osamu - Azumino à la tombée du jour (1998)

Sugiyama Osamu - Azumino au début du printemps (1998)

Nishijima Katsuyuki - Série du Kisokaido - Shiojiri (vers 2000)