Iris des Bréguières

Une randonnée faite le 3 avril 2013 (merci Anne-Marie pour le pilotage).

De Correns, nous remontons le sentier des Adrets (adrechs en provençal, versant exposé au soleil, au Sud) qui nous mène jusqu'au vallon des Puades (une puade ou péade est une montée, même racine que Puy). De là, nous contemplons la longue corniche dolomitique des Adrets qui suit la colline de Malamort- Pierroubaud et s'enfonce dans la cluse de Correns.

Avant d'arriver au col, nous prenons le chemin de Vallongue et après avoir traversé les oliveraies où percent les muscaris, nous nous enfonçons dans les bois qui occupent le grand plateau à l'Ouest de Correns. Nous nous arrêtons quelques instants sur une ancienne aire de battage de blé, pavée de pierres polies. Le chemin nous emmène vers l'Ouest et rattrape la piste qui longe la corniche surplombant la vallée du Vallongue, modeste ruisseau qui court se jeter dans l'Argens un peu plus au Nord. Au point le plus haut de la piste (335 m), on découvre un panorama largement ouvert. Vers le quadrant SW, l'horizon est barré par la longue crête qui va du Val à Bras, parmi laquelle on reconnaît la silhouette caractéristique du Cuit, déjà observé au cours d'autres randonnées. Cette crête est armée par les calcaires du Jurassique inférieur et moyen, chevauchant vers le S sur une semelle de Trias. Vers le NE, les Bessillon(s) offrent leur meilleur profil. Leur relief est assuré par les dolomies du Jurassique terminal (les mêmes que celles sur lesquelles nous sommes ici et qui sont découpées par l'Argens au Vallon Sourn). On ne les attendait plus, mais ils sont bien là. Les iris forment de grandes taches colorées sur le sol rocailleux. Le soleil inhabituel de ce printemps pluvieux semble les avoir fait surgir tous en même temps. Il s'agit de l'Iris lutescens, variété naine à rhizome, caractéristique des garrigues et pelouses calcaires méditerranéennes. On trouve ici les variétés violettes et jaunes en proportion équivalente. Parfum délicieux.

La piste descend légèrement et nous nous retrouvons à un carrefour duquel part un sentier en sous-bois se dirigeant vers l'éperon rocheux de Mérindol. Ce n'est que vers l'extrémité de ce cul-de-sac qu'on réalise que l'on est perché au sommet de hautes falaises presque infranchissables. Des murs larges et frustes témoignent d'un ancien oppidum. Le vallon Sourn et les zones qui le bordent sont l'objet de mesures de protection en tant qu' Espace Naturel Sensible. En gravissant les rochers à la terminaison Nord de l'éperon, on découvre un des plus impressionnants panoramas sur la rive gauche du Vallon Sourn. Les ruines perchées du château médiéval de Chateauvert sont bien visibles aux jumelles. Vers le NW, le regard remonte en enfilade le cours moyen de l' Argens. En face de nous, la barre dolomitique de Chanche à la butte du château de Chateauvert s'affaisse vers la gauche. Au plus bas, quelques tronçons de méandres de l'Argens sont perceptibles. Plus à l'Est, on distingue à peine, au-dessus de la Maison des Gardes, le petit chemin qui permet le franchissement du relief, ainsi qu'un abri sous roche.

Nous rebroussons chemin pour rejoindre la piste en direction de Correns. Près de la citerne anti-incendie, une belle trouée nous permet de voir la Grande Prairie faisant face à l'escarpement de Mérindol. 110 mètres plus bas, se trouve la Grotte aux Fées qui abrite une sépulture de l’âge du bronze et qui est interdite d'accès par mesure de protection des chauves-souris.

Un peu plus loin encore, c'est la paroi lisse de Bagarèdes qui s'offre à la vue. Ce site d'escalade de renommée internationale compte 236 longueurs équipées avec des voies allant jusqu'au 8ème degré.

Avant Carnaille, nous quittons la piste pour suivre un sentier en sous-bois. La végétation dense n'autorise que de rares coups d'oeil sur le Vallon Sourn. Les lianes épineuses de salsepareille( Smilax aspera) nous font trébucher ou nous arrachent la peau des bras.

Nous rejoignons l'apié de Gayassu qui fût l'objet d'une autre randonnée en 2012. Bel exemple de restauration d'un patrimoine historique de la vie des campagnes.

Du sol remué des restanques percent parfois les pousses raides vert tendre d'asperge sauvage (Asparagus acutifolius). Il sera bien difficile d'en ramasser suffisamment pour les accommoder en vinaigrette ou en brouillade, alors on en croque crues deux ou trois au passage.

On s'enfonce encore plus dans le Vallon Sourn. Des sources alimentent ici un bassin de retenue. Le murailler de Correns s'active à construire des restanques de pierres sèches et a édifié une jolie borie ou un puits couvert.

Nous nous arrêtons quelques instants près du barrage. Les pluies abondantes de l'hiver ont beaucoup grossi le cours de l'Argens. De grosses vagues ondulent sa surface. Il serait impossible de le franchir à gué comme nous le fîmes l'été dernier.

La piste au travers des vignes nous ramène insensiblement vers Correns, en passant devant la grotte masquée de Sous Ville et le village primitif.

Vue satellitaire (source Google Maps, zoomer avec les commandes + et -)

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Vue des routes et sentiers

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Le tracé sur un fond IGN au 1/25 000 (source Géoportail)