La géologie du circuit

Carte géologique générale au Sud de Carcès

Détail du massif à l'W du lac de Carcès

Voici les indications de la notice géologique de la carte de Draguignan qui concernent les terrains traversés :

t3. Keuper.

Par suite d'effets tectoniques intenses, la feuille Draguignan se prête mal à l'étude du Keuper. Celui-ci présente à peu près tous les termes de la série que l'on peut reconstituer plus au Nord. Au sommet, se rencontrent des dolomies blanches qui alternent avec des marnes réséda surmontant des «marnes irisées» lie-de-vin et vert pastel, avec des blocs de cargneules géométriques.

Plus bas, existent pêle-mêle des bancs dolomitiques très brisés, des cargneules, des marnes plus ou moins dolomitiques et du gypse en affleurements dispersés, sauf près de Flayosc où il est bien développé. Vers la base, se trouve un banc de calcaire dolomitique gris fumée clair, marbré de taches plus foncées, passant à la cargneule, et qu'il ne faut pas confondre avec le Muschelkalk.

l1 : Rhétien

Le Rhétien inférieur (l1a), épais de 30 à 40 m, a son faciès habituel de calcaires gris fumée, alternant avec des marnes esquilleuses vert réséda, des marno-calcaires en plaquettes, de fausses cargneules jaunes et des marno-calcaires gris. La lumachelle habituelle se rencontre surtout dans les calcaires (Avicula contorta, Mytilus minutus, Cardita austriaca). Au milieu du Rhétien inférieur, un banc de cargneule géométrique blanc et vert se suit continûment dans la région du Thoronet.

Le Rhétien supérieur (l1b) forme une barre de calcaires durs, distinguée dans le SW de la feuille, couleur café au lait ou rose, à cassure tranchante, en gros bancs, à cristaux de calcite disséminés, mais sans fossiles. Son épaisseur peut atteindre 30 mètres. Une lame de 1 m d'argile rouge et verte le sépare très localement du Rhétien inférieur, près d'Entrecasteaux.

l2. Hettangien

Il est représenté par des dolomies gris cendré, bien stratifiées et à débit souvent parallélépipédique, avec quelques lits de marnes esquilleuses vert réséda (ou rouges). Sa puissance peut atteindre 80 mètres. Pratiquement azoïque, il a été daté par comparaison avec des terrains semblables du Languedoc.

L'Hettangien est cargneulisé par place, en donnant une roche vacuolaire jaune ou rose, à cassure miroitante caractéristique.

l4 - J1a. Domérien (Pliensbachien supérieur) à Bajocien

Calcaires à silex. Cette série compréhensive est représentée par 60 à 80 m de calcaires durs, souvent ferrugineux, zoogènes et oolithiques, dont de nombreux bancs sont pétris de fossiles silicifiés et de silex branchus noirs ou bruns. Quelques lits de marnes jaunes, pulvérulentes, y sont intercalés. Les fossiles permettent des subdivisions stratigraphiques, impossibles à représenter sur la carte. Du Sud au Nord, les Calcaires à silex sont de plus en plus récents et de plus en plus incomplets à la base.

Ces lacunes correspondent à un haut-fond installé sur la région du moyen Verdon. A Draguignan, ils ne représentent que le Bajocien reposant sur 4 m d'Aalénien. Dans la moitié sud de la feuille, ils vont du Bajocien inférieur au Domérien. Le Bajocien est représenté par un hard ground fossilifère ou par un banc de calcaire marneux gris renfermant la faune de la zone à Witchellia (à Cabasse, Witchellia sayni, W. romanoides, Sonninia subspinosa, Oppelia praeradiata, Belemnites munieri, Ctenostreon pectiniforme, Lima cardiiformis). En dessous, se trouvent des calcaires durs zoogènes, gris et roux, avec des bancs safranés caractéristiques. Les fossiles permettent d'identifier l'Aalénien (Dumortieria levesquei, Plagiostoma infraoolithica, Terebratula infraoolithica) et le Toarcien (Lillia grunowi, Haugia ogeriensis, Hildoceras bifrons, Dactylioceras commune, Chlamys textoria, Rhynchonella meridionalis).

A Cabasse, le Domérien est représenté par 4 m de calcaires gris et roux identiques à la série précédente (Seguenziceras cf. capellini, Pecten aequivalvis, Pleuromya jauberti, Rhynchonella meridionalis, Terebratula punctata) surmontant 4 m de calcaires gris bleu à Gryphaea cymbium.

Au Nord d'Entrecasteaux, le Bajocien présente localement des lentilles d'une trentaine de mètres de puissance, de calcaires à Cancellophycus, ressemblant à la série du Dogger marneux, dont elles se distinguent par des bancs calcaires plus francs. Très fossilifères au défilé de la Bouissière et à Entrecasteaux, ils renferment les fossiles de la zone à Emileia sauzei (E. sauzei, E. brocchii, E. polyschides, Sonninia sp., Belemnites munieri, Pleurotomaria sp.).

Tectonique

La structure géologique de la Provence est celle d’une chaîne de couverture typique, décollée de son socle dans les évaporites du Trias. Son plissement s’accompagne d’un glissement général vers le N, vergence qui est celle de la plupart des chevauchements visibles sauf aux approches des plis subalpins qui sont, eux, à vergence sud. On distingue plusieurs phases de plissement :

Première phase de plissement de la Provence

Au Maastrichtien, les dépôts lacustres sont rejetés plus au nord, dans le bassin d’Aix-en-Provence. Les mouvements tectoniques modifient suffisamment la morphologie pour que les dépôts de cette époque se déposent en discordance sur le Crétacé inférieur ou le Jurassique supérieur.

Deuxième phase provençale ou phase paroxysmale

A l’Eocène supérieur, se mettent en place les grandes lignes de la structure actuellement visible. C’est une époque essentielle pour la genèse de la Provence.

Cartographiquement, on note la présence de bandes triasiques. Il s'agit d'anticlinoriaux rassemblant des plis serrés de calcaires du Muschelkalk, parfois associés à des cargneules. Leur structure de détail est assez chaotique, les paysages correspondants confus, sans lignes directrices nettes.

Ces accidents originels ont plusieurs orientations possibles, l'arc de Carcès a une orientation E-W.

La plus grande partie de la randonnée nous fait traverser les calcaires du Lias formant un synclinorium dont l'axe se situe approximativement au niveau du barrage. Les pendages s'inversent attestant de plis élémentaires dans ce synclinorium.

Calcaires du Lias avec un pendage apparent de 45° vers le S (vers la droite)

A l'entrée du chemin menant au rocher de Brauch, de beaux affleurements le long de la route montrent les couches verticales. Un chevauchement dirigé vers le Sud entraîne les calcaires liasiques sur les calcaires marneux du Jurassique (J2a-1b Bajocien supérieur - Bathonien inférieur) du synclinal pincé du Camp Redon.

Strates verticales dans les calcaires du Lias, sous le chemin du Rocher de Brauch

Calcaires liasiques à pendage apparent Nord (vers la droite) - rive ouest du lac de Carcès