Bastidonne

Cette randonnée, menée par Raymonde (V.A.R.), le 8 février 2015, nous a permis de parcourir une boucle d'environ 20 km au NW de Barjols.

Le premier tronçon suit le tracé de l'ancienne voir ferrée laquelle passe partiellement en tunnel pour rejoindre ensuite en aérien la rive gauche du Ruisseau de Varages, en tranchée dans les calcaires du Muschelkalk.

Le franchissement à gué du ruisseau est épique, les sacs-poubelles ne résistant pas aux cailloux du fond. (photo de Jean-Marie).

La traversée du lieu-dit "La Grande Platrière" n'a pas permis d'observer des traces d'une ancienne exploitation de gypse. Du haut d'un méandre du ruisseau de Varages, près d'une plantation de chênes truffiers, nous avons une belle vue sur le coteau de Varages. A partir de Peire Clavade (une clavade est en provençal une façon de ranger les pierres), nous amorçons une longue remontée boisée qui nous mène au domaine de Gigery, passant de 320 m à 436 m d'altitude. En bordure d'une oliveraie, nous croisons les ruines d'une ancienne bergerie. En atteignant les hauteurs s'ouvrent de beaux panoramas vers les sommets enneigés qui barrent l'horizon vers le Nord-Est. Le Mont Chiran et son vis-à-vis Le Mourre de Chanier (1930 m) dans les Préalpes du Verdon (Alpes-de-Haute-Provence) offrent leur silhouette caractéristique. Sur la piste ombragée, nos pas se marquent dans la neige persistante.

Dans la descente vers le "château" de Gigery, les bosses de chameau du Petit Bessillon forment une enfilade inhabituelle avec le sommet du Gros Bessillon. Aidé par la perspective, le petit retrouve du poids face à son grand frère.

Ce jour-là, l' oratoire de Gigery qui accueille notre pique-nique méridien aura troqué son recueillement silencieux pour un festival de balltrap.

Tout le coteau à l'W de la ferme et du château de Gigery montre les calcaires du Jurassique supérieur. En descendant vers l'E, ces calcaires sont recouverts par un peu d'Eocène et largement par du Miocène continental (Vindobonien). Au croisement d'un chemin, ce gros bloc de poudingue montre des galets décimétriques bien roulés de calcaires triasiques enrobés dans un ciment gréseux. Il y a une bonne dizaine de millions d'années, une rivière venant de la région de Carcès devait emprunter le couloir de Trias à l'W de Barjols, arrachant, roulant et déposant ensuite ces galets.

Nous nous écartons un peu de la piste, au travers de coupes arbustives, pour rejoindre un site de fouille archéologique, dit de La Bastide du Prévôt ou de La Bastide Saint-Christophe, à laquelle nos amis Christian et Raymonde ont prêté leur concours pour le débroussaillage en 2014. Cet ancien hameau comptait 36 "feux de queste" en 1303 (on dirait foyers fiscaux aujourd'hui). Les murs de l'église, de la maison curiale et d'une maison forte sont les seuls à être partiellement préservés. Les rares objets retrouvés sont une paillette en bronze (élément décoratif destiné à être cousu sur les vêtements) et une boucle à clapet (boucle de ceinture).

Nous reprenons notre route vers le Sud, au travers de genets secs. Au bout du champ, les ruines de Mourrefrey sont envahies par les pins.

Nous passons devant le domaine de La Procureuse (chambres d'hôtes), traversons la Départementale 35 et suivons un fond de vallon humide.

Nous reprenons de l'altitude en nous dirigeant plein Nord vers le hameau du Clos de Bonnet. Une plantation d'amandiers, encore garnis d'abondantes coques, nous retient pendant une dizaine de minutes (cf. photo de Jean-Marie).

Entre Piégrafaux et Donine, un puits profond d'environ 6 mètres s'ouvre dans le sol. Une galerie latérale permet d'accéder à son fond. Nous y pénétrons malgré quelques chutes de pierres. Notre progression est vite interrompue par la muraille et par un dangereux fontis d'où s'écoule un courant d'eau. Quelle peut-être la signification de ce trou ? Je pense m'être fourvoyé d'abord en l'interprétant comme une gypière, terme provençal qui désigne une exploitation de gypse (le minéral donnant le plâtre par chauffage modéré). Nous nous trouvons en effet au coeur de l'affleurement de Miocène (Vindobonien) continental, les couches sont ici horizontales alors que le Trias gypsifère est généralement fortement tectonisé. Il s'agirait donc de marnes finement stratifiées et de calcaires lacustres dont l'extraction ne semble pas avoir de justification économique évidente. Le mystère n'est pas vraiment résolu.

Nous redescendons par le chemin de La Lauve (lauvas ou lausas en provençal signifie une pierre plate, par exemple Le Tholos de la Lauve que nous avons visité), en nous arrêtant un moment devant un petit calvaire. Nous suivons le flanc gauche du Vallon du Lauron, puis le crêt entre le Lauron et le Ruisseau de Varages. La piste redescend pour atteindre et enjamber par un pont le Ruisseau de Varages. Dans ce fond de vallée humide, les sources abondent et, comme l'indique la toponymie du lieu-dit "L'eau-salée" un peu en amont, les eaux sont chargées en sels dissous. Ce phénomène est lié à la dissolution des évaporites, principalement le gypse (sulfate de calcium), du Trias supérieur qui affleure largement. Une petite lapée, directement au griffon de la source, permet de constater effectivement le goût salé.

Le pont se trouve juste en amont de la confluence du Lauron et du Ruisseau de Varages, à partir de laquelle le cours d'eau prend le nom d' "Eau Salée" qui ira ensuite se jeter dans l'Argens en amont de Chateauvert.

Nous prenons un petit intermède pour saluer des amis aux longues oreilles avant de gravir le coteau de Saint-Hermentaire, dernier raidillon avant d'aborder l'orée de Barjols.

Les icônes "photo" sont cliquables sur les deux cartes suivantes.

Partie Est

Partie Ouest