Fontaines de Barjols

Randonnée effectuée le 28 août 2013 sous la houlette de Michel (merci pour la trace GPS).

La première partie du circuit se passe au coeur de la ville. C'est l'occasion d'observer les monuments historiques et les nombreuses fontaines.

Pour une plus ample connaissance de ces lieux, on peut consulter deux documents téléchargeables sur le site de Provence Verte :

Le PLU 2013 fournit également de nombreuses données intéressantes.

Notre départ a lieu à l'ancien parking des tanneries, au Sud de la ville. Barjols fut, depuis le XVII ème siècle, un centre important de tannage. L'apogée de cette activité se situe au début du XIX ème siècle. Une vidéo de l'INA (1981) montre le travail des tanneurs. Au XX ème siècle, la concurrence mondiale va devenir de plus en plus forte et amorcer le déclin de cette industrie barjolaise. Les méthodes traditionnelles (tan obtenu par broyage de l'écorce de chêne) sont remplacées par d'autres méthodes végétales ou chimiques (chrome). L'eau très dure ne convient plus aux peausseries fines de luxe. L'impact environnemental (odeurs, pollution des eaux) est de moins en moins toléré. En 1983, la dernière tannerie fermera ses portes. A la périphérie de la cité médiévale, elle laisse d'imposantes structures à ossature de béton. Ces friches sont aujourd'hui partiellement réhabilitées, avec plus ou moins de bonheur, souvent en ateliers artisanaux ou artistiques.

La première fontaine rencontrée est dite Fontaine des Religieuses car elle était proche de l'ancien couvent des Ursulines de Barjols.

Nous traversons les remparts par la Porte des Externes. Une petite place s'ouvre à nous, avec une petite fontaine en briques rouges, c'est la Fontaine des Augustins. Cette place, ex-place des Augustins mais sans nom aujourd'hui, est surtout remarquable par deux porches sculptés. Le premier marque l'entrée de l 'ancien couvent des Augustins, surmontée par une niche où trône Saint Joseph. Au travers des grilles, on aperçoit le beau cloître. Le second correspond à l'entrée de la demeure du marquis de Pontevès. Ce porche renaissance est classé monument historique. Son ornementation est très fouillée, en particulier de scènes d'angelots combattants.

Nous remontons vers une autre place où l'eau d'une fontaine octogonale s'écoule dans un lavoir. C'est la Fontaine de la Cour. En effet, en face, siégeaient le Tribunal et la Prison. La justice royale y était rendue, depuis 1322.

Nous atteignons la Place Emile Zola et le parvis de la collégiale. La construction initiale de cette église daterait de l'an 1014. Quelques curiosités architecturales sont à signaler :

  • le tympan roman, autrefois en façade, est aujourd'hui placé à l'intérieur dans le bas-côté sud;
  • des stalles de bois sculptées illustrant des scènes bibliques;
  • un escalier d'accès descendant.
  • une sonorité exceptionnelle.
  • un campanile couvert de tuiles vernissées et de ferronneries torsadées.

La devise républicaine s'affiche fièrement (comme à Cotignac, Salernes, Villecroze, La Roquebrussanne..), héritage marqué des Sans-culottes, de la Commune et de la Troisième République.

Notons qu' à la Saint Marcel, on y exécute la traditionnelle et sautillante "danse des Tripettes", comme partout dans le village.

Nous passons maintenant devant la plus récente des fontaines (1990), la Fontaines des Limaces. Son nom proviendrait de l'accumulation de gastéropodes sur l'ancienne plaque de fonte qui la recouvrait.

Nous remontons l'artère conduisant à l'hôtel de ville. Une fontaine modeste et son lavoir rend hommage au capitaine Vincens, poilu tombé au champ d'honneur de la Grande Guerre.

En face de la mairie, on ne peut manquer de s'amasser et de se faire photographier à l'intérieur du platane creux, considéré comme le plus gros de Provence avec ses douze mètres de circonférence.

A deux pas, se dresse l'imposante Fontaine du Champignon. C'est un bel exemple de concrétionnement. Les eaux de Barjols sont très chargées en bicarbonate de calcium. Au griffon des fontaines, le CO2 dissout est libéré dans l'atmosphère, aidé par la capture photosynthétique des algues et des mousses. Le bicarbonate soluble se transforme alors en carbonate insoluble (même phénomène que dans les bouilloires). Il incruste progressivement les objets sur lesquels l'eau circule. On suppose qu'à l'origine du champignon se trouvaient deux vasques superposées. Sur la place de la Rouguière (la grand place), la fontaine Raynouard possède une forme identique. Le noyau de la concrétion est ici une statue de faune taillée par le sculpteur Récubert en 1907. Un siècle plus tard, il a fallu retailler le champignon dont la taille devenait menaçante pour sa stabilité. Ces observations sur les fontaines artificielles nous donnent un ordre de grandeur de la vitesse de formation des tufs monumentaux naturels qui ont façonné les sites de Cotignac ou de Sillans.

Nous traversons la jolie place Victor Hugo avec sa fontaine fraîche devant le Monument aux Morts. Alors que bien des monuments commémoratifs des guerres passées sont dépourvus d'originalité, celui-ci fait exception. Le sculpteur Récubert a voulu ici représenter ses amis barjolais partis au front, dans des postures familières et évocatrices. D'un côté, la gaieté et l'entrain avant de partir, de l'autre..

Entre le monument et la falaise s'étend le quartier du Réal, le ruisseau en provençal. De nombreuses sources y ont permis l'installation d'anciennes tanneries. On peut en voir les vestiges avec les bacs ou la roue à aubes. L'eau dévale à profusion en cascades aménagées et se repose dans les bassins.

Sous deux arcades, à l'emplacement des anciennes presses à huile, les travaux de restauration du quartier ont installé une céramique détaillant la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Un escalier nous hisse sur l'à-pic de la falaise. Il emprunte probablement le tracé du chemin menant à l'ancien château des Comtes de Provence construit en 983 et détruit depuis. Arrivés sur le balcon, on découvre une belle vue sur les toits de la ville.

Toujours en remontant la rue du Réal, on rencontre la Fontaine de la Porte Rouge et son lavoir, puis la Fontaine du Réal simple et rustique.

Nous quittons le village vers l'Est en prenant la piste qui longe la corniche. Bientôt un petit chemin nous redescend dans le vallon des Carmes. La falaise torturée nous domine. Dans une niche karstique, noyée dans le maquis, une apparition fugace semble comme resurgir de Massabielle.

En sautant de pierre en pierre, nous traversons le ruisseau du Fauvery. En amont s'observe la cascade des Carmes qui termine sa chute dans une cuvette encaissée.

Nous remontons sur la rive gauche du Fauvery par un chemin sinueux, escarpé et empierré qui aboutit sur un promontoire dominant Barjols. Derrière la grande antenne relais, la table d'orientation en réfection ne nous sera d'aucune utilité. Un large panorama s'ouvre sur plus de 180°. Dans le lointain pointent les silhouettes familières et embrumées de la Sainte-Baume, du Mont Aurélien et de la Sainte-Victoire.

Une longue piste, en ligne droite, nous fait franchir la colline du Castellas qui culmine à près de 400 mètres. Nous y croisons chiens et chasseurs en pleine battue au sanglier. Prudence. Les tours du château de Pontevès et les bosses de chameau du Petit Bessillon nous semblent tout proches. Dans le ciel lumineux, la Mer des Nuages transparaît dans un dernier quartier de lune.

Le chemin du retour se fera en enjambant collines et vallons (dont le Vallon des Mailles), par des chemins à peine tracés dans les oliveraies.

En cet été finissant, les plantes en fleurs se font plus rares. Tout juste le temps de photographier ce Catalpa et cette autre plante non identifiée. La particularité géologique, c'est l'arc triasique de Barjols. La dissolution des évaporites se retrouve dans la toponymie du ruisseau "L' Eau Salée" qui traverse Barjols.

Le terme de cette randonnée se conclura sous la belle cascade du Fauvery qui termine sa course dans un frais plan d'eau.

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Circuit sur carte Google Maps (déplaçable et zoomable avec la souris)

Circuit sur vue satellitale Google Maps (déplaçable et zoomable avec la souris)

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Circuit sur carte IGN au 1/25 000 (source Géoportail)

Les fontaines visitées (fond emprunté au site de la ville)